Nous avons grandi à une époque où les images étaient rares, et maintenant que nous les utilisons presque comme une seconde nature, il peut sembler que nous en abusons. Mais dirions-nous que nous sommes devenus accros aux mots ? Si l’on compare notre époque avec les temps passés, où les gens étaient analphabètes, dirions-nous que maintenant que nous savons écrire, nous sommes devenus accros à l’écriture ? Tout dépend de l’usage que l’on fait de l’écriture et de l’image. Une utilisation généralisée n’est pas nocive en soi. Joan Fontcuberta, Welcome to the post-photographic era, Albert Forms
Début décembre deux ateliers photo-vidéo ont été proposés à la médiathèque Des Quais de Charenton. Le premier, Image de soi, du selfie au sleeveface, permettait d’inscrire ces pratiques contemporaines dans une histoire de la représentation de soi.
Le « selfie », élu mot de l’année par les Dictionnaires d’Oxford en 2013.
Comment se cacher tout en se révélant ? / Comment se révéler tout en se cachant ?
L’objectif du deuxième atelier, Image du monde, une minute d’attention,était de tourner l’objectif de la caméra vers les autres, salariés ou usagers de la médiathèque, et de réaliser un plan séquence d’une minute environ.
« Je crois que je ne suis fait que pour les visages, et encore, il faut qu’ils soient seuls sur l’écran, et de face, et presque immobiles, simplement dans le but de mettre en valeur leur énergie en expansion infini. J’ai commencé à être ‑vaguement- cinéaste à partir du moment où je n’ai plus inventé la moindre action dramatique. Je ne filmais que ce qui avait été vécu par moi, ou par quelqu’un qui avait soigneusement consigné son expérience. » Je reviens toujours au même point : c‘est au tournage pour moi que les choses se passent. Ce qui est raté au tournage est raté au montage, est raté pour l’œil du spectateur. » René Prédal, Alain Cavalier : « Filmer les visages », L’AvantScène cinéma, n° 440-441, mars-avril 1995.
Ateliers sur le portraitLa petite école de Cinéma Havre de Cinéma Du 18 au 26 novembre 2021
J’ai eu le plaisir de partir à la rencontre d’une quinzaine de classes de l’agglomération havraise inscrites dans le dispositif La Petite école de Cinéma, dispositif mis en place par l’association Havre de Cinéma et l’éducation nationale depuis plusieurs années. Avec la complicité d’un cinéaste, chaque classe réalise cette année un court métrage sur la thématique du portrait. Mon objectif était d’introduire cette thématique par la découverte d’oeuvres choisies pour susciter chez les élèves des interrogations et des échanges au sein de leurs classes.
Dans un premier temps les élèves étaient invités à dire le mot qu’ils associaient spontanément au mot portrait. Cette liste était interrogée à la fin de la séance ; avions-nous lors de l’atelier évoqué tous ces mots ? Vers quelles autres perpectives nous entraînaient ceux qui n’avaient pas été cités ?
Puis j’ai mis mes mots dans ceux de Pline l’Ancien pour raconter aux élèves l’histoire de la fille de Corinthe et de son père, le potier Butadès. Nous avons ensuite découvert comment deux artistes s’étaient emparés de ce mythe à quelques siècles d’écart, le peintre belge Joseph-Benoît Suvée et la photographe américaine Karen Knorr.
La reproduction du tableau de Louis XIV en costume de sacre a fait beaucoup réagir les enfants. Pourquoi portait-il des collants et des chaussures à talons ? Pourquoi a-t-il des cheveux longs ? Quel âge avait-il lorsque le peintre a fait son portrait ? Que représente le petit portrait inscrit sur la colonne ? Pourquoi ses habits sont-ils de la même couleur que son fauteuil ? Que représente le motif doré ? Pourquoi porte-t-il un bavoir ? Quel effet fait-il sur nous ? Pourquoi boude-t-il ?
Nous avons ensuite comparé la peinture de Hyacinthe Rigaud au portrait photographique de Sarah Bernhardt réalisé par Nadar à la fin du XIX ème siècle. Qu’ont-ils en commun ? Qu’est-ce qui les différencie ?
Après l’exploration des images fixes nous avons découvert un portrait cinématographique, Antoinette, l’illusionniste d’Alain Cavalier. C’est peu dire que les élèves et les enseignants sont tombés sous le charme de cette vieille dame de 86 ans au regard malicieux.
Beaucoup d’enfants ont été marqués par l’habileté d’Antoinette à réaliser ses différents tours de magie. Ce n’est pas l’activité qu’ils imaginaient pour une vieille dame ! Certains ont été aussi sensibles au récit de sa vie et à l’attention qu’elle a pour les personnes âgées et les enfants handicapés. Enfin chacun a réalisé un portrait d’Antoinette au format d’une photo d’identité. Un joli patchwork autour de cette vieille dame espiègle.
Quelques notions abordées au fil des échanges : lumière – ombre – description – sensation – fiction – documentaire – mise en scène – illusion – cadrage – tournage – montage – hors champ – plan – regard caméra
Et une vidéo sur un grand monsieur qui est resté en hors champ pendant l’atelier !
« La plupart du temps je me promène aux mêmes endroits : le marché, la rue, le zoo mais chaque fois, je vois d’un oeil nouveau parce que je cherche autre chose. Une fois je vais chercher les couleurs, une autre fois, je compte, une autre fois je cherche les formes. Alors tout redevient neuf. » Rencontre avec Tana Hoban, La revue des livres pour enfants, 1996
Depuis la rentrée, Le Jeu de Paume propose une nouvelle offre d’activités à l’intention des enfants et des familles, PING-PONG. N’hésitez pas à consulter l’agenda du Centre d’Art pour connaître les différents ateliers !
Après 9 ans à découvrir les expositions du Jeu de Paume en co-animant l’atelier des Enfants d’abord ! avec Pauline Boucharlat et Julia Parisot, j’ai eu le plaisir de concevoir avec l’équipe éducative une nouvelle formule expérimentée avec l’exposition Chefs-d’oeuvres photographiques du MOMA : 3,2,1 action ! Ce nouvel atelier est conçu sur un rythme à trois temps :
3- Regards partagés sur une oeuvre mystérieuse de l’exposition
2- Découverte d’un court métrage dans l’auditorium
1- Action ! Une activité qui change à chaque exposition
… et d’autres surprises à découvrir selon ses envies et à son rythme !
Le prochain atelier » 3, 2, 1, action ! : la chasse aux formes » aura lieu le dimanche 23 janvier 2022 à 10h30
J’ai toujours des idées d’histoires que je propose à Jean-Loup pour voir si ça l’intéresse ou pas. Il y a donc un premier tri qui se fait comme ça et si l’on se met d’accord sur une histoire, à ce moment là, je l’écris. C’est ainsi que naît le premier jet de scénario. Et puis une fois que Jean-Loup prend le scénario en main et qu’il applique ses dessins, ça change beaucoup parce qu’il y a des choses écrites qui ont l’air très bien mais qui ne tiennent pas le coup à l’image et il faut alors trouver autre chose. Ou alors, il y a des images qui sont tellement fortes que le texte devient inutile et on le fait sauter à ce moment-là. Il y a beaucoup d’aller-retours qui se font comme ça. Entretien avec Alain Gagnol, Jean-Loup Felicioli et Amaury Voslion, Court-Circuit, 2005 Avec des images désespérantes, les histoires d’Alain auraient pu être horribles. Je les ai tirées vers la couleur, en jouant sur les fausses perspectives, les décors de guingois, les gros plans inattendus, l’irréalisme des coloris…Entretien avec Alain Gagnol, Jean-Loup Felicioli et Bernard Genin, dossier de Presse d’Une vie de Chat, 2010
Projection-Conférence : Phantom Boy, Jean-Loup Felicioli et Alain Gagnol, 2015 Cinéma Le Foyer à Parthenay Mercredi 15 décembre 2021
De nombreuses références se cachent dans le film, autant de clins d’oeil des deux réalisateurs cinéphiles. En voici quelques-unes, saurez-vous les reconnaître ?
« Vous n’êtes pas une épine dans mon pied, Tanguy, vous êtes une chaussette en cactus que j’enfile tous les matins. » « Retenez votre balayette ou je lui colle mon pied dans la truffe. » « Un roquet avec la gueule d’un requin. » « Faites taire ce bruit insupportable. Je veux vous entendre crier dans le calme. »
De nouveaux livres pour découvrir la verve du célèbre dialoguiste Michel Audiard dont on fêtait le centenaire de la naissance l’année dernière. Plus qu’une référence, une inspiration !
Pour patienter avant la sortie de leur prochain long métrage, Les contes du Hérisson, on peut retrouver Alain Gagnol et Jean-loup Felicioli dans toutes les bonnes librairies.
Le programme Toujours là pour toi est programmé dans le cadre de la trente-deuxième édition du festival Ciné Junior.
Illustration de Marion Lacourt
Pour télécharger le dossier pédagogique du programme Toujours là pour toi c’est ici et pour connaître les horaires des séances programmées dans le cadre du festival c’est là !
La nature même du personnage de Buster est celle d’un objet, fétu de paille lancé dans la tempête, ou poussière lâchée dans les rouages broyeurs de la société. Le regard de Buster Keaton, Robert Benayoun, Editions Herscher, 1982, page 55
Conférence filmée : Cadet d’eau douce (Steamboat Bill Junior)de Charles Reisner avec Buster Keaton, 1928 Cinémas du Palais à Créteil avec le monteur Steven Gaborieau Mardi 9 novembre 2021
Il n’était qu’un petit garçon quand il mit au point son personnage comique… Il arborait chaque projet avec la même adorable conviction du petit garçon qui s’acquitte de tout le mieux possible. Louise Brooks, extrait de Double Exposure, Roddy McDowall, 1966
Un petit air de famille avec Marcel, le célèbre chimpanzé d’Anthony Browne.
Deadpan (Pince sans rire), Installation vidéo de Steve McQueen, 1997
« Principes pour le développement d’un esprit complet : étudiez la science de l’art, étudiez l’art de la science. Développez vos sens – en particulier, apprenez à voir. » Léonard de Vinci (1452-1519) « Il y eut une fois, Quelqu’un qui pouvait regarder le même spectacle ou le même objet, tantôt comme l’eût regardé un peintre, et tantôt en naturaliste; tantôt comme un physicien, et d’autre fois comme un poète; et aucun de ses regards n’était superficiel. » Préface de Paul Valéry, Léonard de Vinci, Carnets, Quarto-Gallimard, 2019
Projection-conférence : Cinéma Le Méliès à Montreuil Mercredi 20 octobre 2021