« Je n’en crois pas mes oreilles ! », Atelier « Mon 1er Cinéma »

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« Alice’s wonderland », pilote de la série des « Alice’s Comedies », 1923

« J’espère seulement qu’on ne perdra pas de vue une chose : tout a commencé avec une souris. »                                                                                                                             Cette phrase célèbre de Walt Disney n’est pas complètement juste. Avant sa célèbre souris, une petite fille réelle, Virginia Davis, âgée de 5 ans, a été l’héroïne d’une série combinant prises de vue en continue et dessins animés, la série des Alice’s Comedies. À la réouverture des cinémas, les jeunes élèves parisiens inscrits dans le dispositif Mon premier Cinéma vont découvrir quatre épisodes de cette série dans la salle de cinéma de leur quartier.

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En collaboration avec l’association Enfances au Cinéma, j’ai eu le plaisir d’animer un atelier pour préparer cette sortie tant attendue. Réalisée à l’époque du cinéma muet, la série des Alice’s Comedies permet de faire découvrir aux enfants comment faire bouger les images et comment les rendre sonores. Bienvenue à Cartoon Land !

Découvrons tout d’abord le visage de Walt Disney et de son complice, le grand dessinateur américain Ub Iwerks.

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À l’aide des jouets du pré-cinéma, les enfants comprennent peu à peu comment faire bouger un dessin.

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Avant de bruiter des images, nous réveillons notre corps pour être plus attentifs.

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bruitage pluie

Voici deux bandes-son réalisées par nos apprentis bruiteurs, un grand bravo à tous !

Patricia Misiri, artiste plasticienne

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Patricia joue avec des matériaux pauvres qu’elle détourne, photo prise dans son atelier en mars 2021

Les buvettes des festivals bruissent de multiples conversations. C’est à celle du dernier festival Idéklic que j’ai fait la connaissance de Patricia. Après des journées de travail bien remplies nous prenions plaisir à nous retrouver autour d’une bière fraiche, instant magique de la rencontre, une parfaite inconnue devient une personne qui vous importe.                              À ma demande Patricia s’est prêtée ici au jeu de l’interview. Passer d’une conversation privée à un entretien devant être publié n’est pas anodin. Je la remercie pour sa confiance. 

Peux-tu te présenter en quelques mots ?

C’est un exercice extrêmement difficile parce que, ce que j’ai fait pendant plus de 20 ans n’est pas répertorié. Mon métier est un patchwork de divers techniques auxquelles j’ai été formé et que j’ai développées : coiffure, perruque, make up, sculpture et dessin. Je suis quelqu’un de très curieux. Travailler la matière est mon moyen d’expression privilégié. Ce qui me caractérise, c’est que j’ai toujours transformé ce que j’ai appris. A mes yeux avoir un cadre est essentiel voir rassurant mais j’ai toujours ressenti le besoin de m’en affranchir, d’aller au delà…C’est plus fort que moi cette nécessitée d’explorer. C’est ma manière d’appréhender le travail créatif .

Qu’est-ce qui a été le plus formateur dans ton enfance ?

Mon échec scolaire ! C’est une vraie blessure. J’aurais voulu faire des études. Lorsque j’étais en CM1/CM2 je rêvais d’avoir 12 profs et de parler anglais. Mais je ne suis pas allée en classe de 6 ème et je n’ai pas suivi un cursus classique. Mes problèmes d’apprentissage liés à la dyslexie ont eu un impact sur mon orientation et je me suis retrouvée en SES (Section d’Education Spécialisée). Tout d’un coup, mon univers s’est rétréci, je le refusais, je ne voulais pas être couturière en usine ou ouvrière cartonnière. Ce qui m’a sauvé c’étaient les colos organisées par l’ORTF, ma mère y travaillait. J’en ai des souvenirs très forts, c’était de vrais temps de respiration. Les enfants de journaliste ou de réalisateur côtoyaient les enfants de secrétaire, ces colos permettaient un vrai brassage social. À l’inverse de l’école, mes moments de vacances m’offraient une ouverture sur le monde et notamment sur la culture. Les échanges avec les autres enfants et les activités proposées ont créé un envie d’ailleurs qui m’a nourri. Un autre avenir était possible.

Une image qui t’accompagne…

Moi marchant les cheveux dans le vent sans but. Juste le plaisir de marcher.

Quand as-tu décidé que tu allais te consacrer à une carrière artistique ?

Ça ne s’est jamais posé en ces termes, ça toujours été là ! Je suis montée à Paris avec un CAP de coiffure en poche. Je voulais travailler dans le spectacle. À 18 ans, j’ai passé le concours d’entrée aux Beaux Arts, je ne l’ai pas eu, je m’étais mal préparée. Mon désir était fragilisé par la peur de ne pas pouvoir gagner ma vie en étant artiste. J’ai suivi des cours du soir dans une école privée, l’école Chauveau, pour me former au « maquillage artistique ». Dans la journée, je travaillais comme monitrice, je faisais du baby-sitting, du télé-marketing…

Quels ont été tes premiers pas dans la vie professionnelle ?

J’ai commencé comme maquilleuse sur des tournages. En parallèle j’ai eu très vite envie de faire du théâtre, de devenir comédienne. Tout ce qui m’avait manqué à l’école, j’avais besoin de le chercher par moi-même. J’étais tétanisée à l’idée d’apprendre et de dire un texte, à cette époque j’étais hantée par mon échec scolaire. J’ai beaucoup travaillé à l’instinct, j’ai cherché des moyens de m’exprimer en dehors des mots. De 22 à 27 ans j’ai suivi des cours au studio Alain De Bock et à l’École du Passage dirigée par Niels Arestrup. J’ai continué à apprendre au travers de divers stages dont ceux proposés par l’école Jacques Lecoq. J’ai intégré la Compagnie de la Baignoire fondée par Neuza Thomasi qui était prof au Studio De BockJ’ai un souvenir très fort de cette période. Nous étions six comédiens pour la création du spectacle « ÇA !». Inspiré de la mythologie grecque en lien avec la création de l’univers, nous l’avons travaillé à partir d’un grand nombre d’improvisations. Proche du théâtre d’objets, c’était un spectacle très visuel, les images se substituaient aux mots. Pour ma première expérience sur scène, cela me convenait parfaitement. Au delà du travail de comédien, les compétences de chacun étaient mises à contribution pour la réalisation d’accessoires ou la transformation d’objets récupérés. Après plusieurs mois de répétition, nous avons décidé de rejoindre Avignon à pied. Précédés par une camionnette, nous sommes partis le jour du début du festival pour arriver à sa clôture. C’est ainsi que parallèlement au festival nous avons parcouru 800 kilomètres pour jouer le soir sur les places des villages et des villes que nous traversions. Après chaque représentation nous passions le chapeau. C’était un engagement très physique, j’aimais çà !

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Journal « La montagne », 10 juillet 1993

J’ai suivi aussi des stages de clown, j’ai fait du chant…Toutes ces disciplines, ces découvertes me permettaient de me sentir vivante, elles m’emmenaient ailleurs. La nécessité d’expérimenter était un moyen d’utiliser l’énergie débordante qui m’habitait silencieusement depuis des années. C’est aux travers de toutes ces découvertes que j’ai commencé à considérer l’importance de pouvoir créer du langage visuel sous toutes ses formes. J’avais un manque de confiance en moi tout en étant audacieuse. Ce qui m’a manqué c’est d’être accompagnée, je faisais le premier pas mais j’aurais eu besoin d’être soutenue pour prolonger. J’avais aussi l’impression d’avoir une « double vie », officiellement j’étais maquilleuse avec le statut d’intermittente du spectacle mais secrètement je voulais devenir comédienne et vivre plusieurs vies. Je me suis inscrite à l’agence Rebecca, par leur intermédiaire j’ai passé divers castings qui m’ont permis de tourner dans des pubs.

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À 33 ans, c’est très précis, j’ai décidé d’arrêter d’être comédienne. J’ai eu le sentiment qu’il me serait très difficile de gagner ainsi ma vie.

Comment a débuté ton aventure avec Les Guignols de l’info ?

J’ai d’abord commencé avec les Minikeums, l’émission de France 3. L’une de mes amies  faisait partie de l’équipe qui travaillait dans l’atelier d’ Alain Duverne. C’est par son intermédiaire que j’ai pu collaborer avec Jean-Christophe Leblanc à la création de personnages.J’ai pu adapter et transformer mes techniques de maquillage et de coiffure sur les marionnettes en latex. En lien avec les scénarios, nous devions façonner un personnage en trouvant des petits détails physiques qui le caractérisent…

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J’ai commencé ensuite à travailler en renfort sur les plateaux des Guignols de l’info. Parallèlement j’ai eu un contrat de quelques mois comme remplaçante à la Comédie Française, je devais remettre en forme les perruques et les postiches, je devais aussi être présente pendant les représentations afin d’intervenir lors des changements de scène. J’ai été impressionnée d’être dans ce lieu emprunt de toute une histoire. Les moyens humains et matériels dont il dispose sont incroyables, ils permettent la création de pièces d’une grande qualité. J’ai pu aussi assister à la préparation de spectacle, j’ai pu observer les rouages de chaque corps de métier et ressentir l’énergie déployée par les comédiens, de même que la maîtrise de leur jeu !

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« Papa doit Manger » de Marie NDiaye, mis en scène par André Engel, Comédie-Française, 2003

On m’a ensuite proposé un poste fixe à l’atelier des Guignols que j’ai refusé, je n’étais pas prête à m’enfermer dans une seule activité. Pouvoir répondre à divers projets me permettait d’assouvir ma curiosité et d’enrichir mes compétences, je tenais au statut d’intermittent.      On me l’a proposé à nouveau et j’ai dit oui cette fois-ci. J’ai travaillé pour Les Guignols jusqu’à l’arrêt de l’émission en 2018.

Peux-tu nous dire comment s’organisait ton travail ?

On préparait quatre sketches par semaine en plus du direct. La semaine de préparation débutait pour moi le lundi. Dès le matin, après avoir lu les textes je faisais une première sélection parmi les 700 marionnettes que nous avions. L’après-midi avec le réalisateur et l’équipe nous validions les marionnettes qui incarneraient au mieux les personnages des sketches, nous réalisions un casting en quelque sorte. À partir de ce moment là il fallait déterminer les priorités, intervenir rapidement afin que les marionnettes soient prêtes pour le tournage. Avant même de travailler sur la création du personnage, il était nécessaire de laver, restaurer, peindre, poudrer…Puis juxtaposer une multitude de petits détails via les dents, les yeux, les sourcils, un nez tordu, de grandes oreilles que nous coupions si besoin. J’intervenais sur le style des coiffures, sur l’implantation d’une barbe par exemple. De tout cela naissait le caractère du personnage. 

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Je me souviens d’un sketch qui m’avait demandé beaucoup de travail, il parlait d’abus sexuels sur les enfants dans le cadre de communautés religieuses. Nous devions préparer une dizaine de prêtre. Chacun devait avoir quelque chose de malsain dans son apparence, des détails infimes qui gênent sans qu’on réalise vraiment pourquoi ; une implantation de sourcils particulière, un regard fuyant, une cicatrice…                                                          Le tournage débutait le lundi suivant. Ma préparation était rarement terminée…car en général une soixantaine de marionnettes étaient à faire, voir plus ! Je laissais ma préparation sur les sketches entre parenthèses le temps de prendre en charge le JT en direct. À 14H00 nous avions le texte de l’émission, toutes les marionnettes devaient être prêtes pour 17H00.

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Que gardes-tu comme image forte de tes 18 ans de Guignols ?

Sans hésiter l’ambiance particulière de travail. Nous formions une équipe soudée malgré des tempéraments très forts. Chacun était à sa place et savait ce qu’il avait à faire, l’équipe fonctionnait comme une machine super rodée ! Je craignais l’enfermement, j’ai eu au contraire beaucoup de liberté pour pouvoir explorer des techniques. Grace à ce travail et à la confiance qu’on m’a donné, j’ai vraiment pris conscience de ma valeur, de ce que j’ai entre mes mains. J’ai développé aussi mon regard.

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A tchao bonsoir !

Quels sont tes projets actuels ?

Ils sont divers. Dans la continuité de mon expérience à Canal + je souhaite poursuivre dans la création de personnages à l’identité forte en lien avec des projets artistiques, que ce soit dans le monde du cinéma, du théâtre ou de la danse contemporaine. Par exemple, actuellement je travaille avec la chorégraphe Michaela Meschke, je l’aide à définir visuellement les traits de caractère d’un personnage de son futur spectacle en collaboration avec les créateurs de costumes, Birger Lipinski et Laercio Redondo. J’aime chercher à travers des matériaux l’identité physique d’un personnage.

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Conception et réalisation des lunettes dorées, Patricia Misiri, mai 2021

J’espère débuter très prochainement une collaboration avec la chorégraphe Jehane Hamm.

Un autre souhait remonte à une expérience que j’ai eu en 2005 au Sri Lanka, l’été qui a suivi le tsunami. Je suis allée dans ce pays à Pathwatha faire des ateliers marionnettes pendant mes vacances. C’est Jean-Christophe Leblanc qui m’a fait cette proposition dans le cadre d’une action bénévole. Le contact avec des enfants d’une autre culture m’a énormément touché. Avec le peu de mots en anglais que je connaissais je me suis fait comprendre d’eux. Nos échanges passaient essentiellement par le corps, les gestes, les expressions et le regard. Depuis, j’ai eu l’occasion d’encadrer des ateliers d’expression plastique autour de la création de personnages avec des enfants dans le cadre scolaire. Ponctuellement, je serais ravie de proposer des ateliers dans ce domaine dans diverses structures culturelles et éducatives.

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J’ai aussi envie de partager mon travail personnel. Je dessine depuis toujours,  essentiellement des personnages. Le premier jet me sert à avoir de la matière que je  découpe et colle pour réaliser une nouvelle composition. Je suis en train de préparer une exposition de mon travail qui aura lieu cet été à Jonzac en Charente-Maritine. C’est une grande première ! Paradoxalement je suis à la fois très excitée par ce projet et heureuse de partager mon travail tout en ayant peur de m’exposer avec mes oeuvres et surtout de m’en séparer.

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Différentes étapes du processus de création des compositions, © Patricia Misiri, 2021

Stage autour de l’image animée à Charenton-le-Pont

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Stage à la médiathèque des Quais de Charenton-le-Pont, avril 2021

Mercredi 21 avril 2021, projection des courts métrages :                                                       – Circuss, Sarah Moon, 2002                                                                                                 – Conte de quartier, Florence Miailhe, 2006

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Sarah Moon et Florence Miailhe

« Dans mes films adaptés de contes, c’est différent. Je les nomme « home movies », car je les tourne en quatre à cinq jours, avec très peu de moyens. Je comble les trous du récit avec des photos, nouvelles ou anciennes, comme je me sers de ma voix pour raconter l’histoire, parce que tout cela, je l’ai sous la main. C’est vraiment artisanal. »                               Interview de Sarah Moon, The Art Newspaper, 6 septembre 2020

Demain ? La photographie, Sarah Moon, 2017

 » On aurait donc bien tort d’établir de différences trop grandes entre son travail et la peinture immobile, qui fige et emprisonne le moment. D’ailleurs entre deux films (chacun lui a demandé environ deux ans de travail ), elle revient à la toile. Pour se libérer du carcan technique de l’animation. Pour se donner le temps d’hésiter, de traîner, de gâcher. Pour laisser surgir les idées qui feront le prochain film. Florence dit qu’elle trouve quand elle peint. Comme si la peinture était à l’origine. Comme si elle était la source dont il faudrait faire un fleuve. »             Un portrait de Florence Miailhe, Marie Desplechin, Chroniques d’ici et d’ailleurs, Garde -Temps, Arte Éditions, 2006

Cinq jeunes se sont retrouvés à la médiathèque pour cette première séance de stage. Un luxe appréciable en ces temps de COVID-19. Après la projection des deux courts métrages chacun a noté sur des post-it colorés ses premières réactions afin de nourrir l’échange passionnant qui a suivi leur mise en commun.

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Jeudi 22 avril 2021, atelier folioscope / flip-book

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L’envol d’oiseaux vu par Sarah Moon (Circuss) et Florence Miailhe (Conte de quartier)

« On ne sait plus ce qui bouge et ce qui est immobile, le cinéma redevient ce qu’il est ; une succession d’images fixes qui dansent avec le temps, le temps qui fuit et qui revient, et le noir, et le blanc, qui se partagent la mise. »                                                                         Comme si le cinéma s’inventait à nouveau, Philippe Rousselot dans le catalogue de l’exposition PasséPrésent, Sarah Moon, Paris Musée, 2020

Après avoir manipulé des jouets optiques, les enfants ont rendu une nouvelle vie à des livres mis au rebut en dessinant à leur tour l’envol d’un oiseau et une métamorphose impressionnante.

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Une dernière découverte avant de se quitter, la vidéo Second hand reading de l’artiste sud africain William Kentridge qui transforme un dictionnaire en un flip-book.

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Cyclopedia

Cyclopedia of drawing, William Kentridge, 2004

« Mes premières animations ont consisté à dessiner des balles qui rebondissent dans les marges des pages de mes livres de classe. Je pense que c’est mon père qui m’a appris à faire ça ; c’est une technique d’animation qui remonte aux années 1920. Je me demande si les élèves faisaient cela avant le cinéma d’animation ; dans les musées sur l’histoire du cinéma, je n’ai pas vu de livres du début du XIXème siècle contenant ce genre de dessin en marge. »                                                                                                                               Le dessinateur et son double, entretien « en stéréo » avec William Kentridge, Michael Auping, dans William Kentridge, cinq thèmes, exposition au Jeu de Paume, 2010

MERCI à Marie (réseau des médiathèques de Charenton-le-Pont) et Julia (Jeu de Paume) qui ont rendu possible ce stage.

« École et Cinéma 92″, Même pas peur !

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Cinq photogrammes issus des courts métrages du programme « Même pas peur ! » lié au dispositif « École et Cinéma »

« On les (ses peurs) approche, en revanche, avec infiniment plus de douceur, quand on peut les rencontrer dans un récit qui, tout en nous racontant des histoires lointaines, nous parle aussi de nous…  …/… Les récits sont de véritables cadeaux, les plus beaux cadeaux qu’on puisse offrir aux enfants : ils leur parlent d’eux sans les violer dans leur intimité. Il les relient, à travers les âges et au-delà des histoires singulières de chacune et de chacun, à la communauté des humains dans ce qu’elle a de plus universel.  »                                    Même pas peur de la peur !, Philippe Mérieu dans Même pas peur !, ouvrage collectif, Gallimard Jeunesse, 2012

Formation en distanciel le mercredi 31 mars 2021

Document à télécharger : Bibliographie, filmographie, sitographie                                                                                                                                                                                     Le Pain et la rue, Abbas Kiarostami, 1970

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 » …/…  J’avais trente ans lorsque j’ai réalisé Le pain et la rue, il y avait des enfants autour de moi qui m’ont permis de replonger dans cet univers. Et ma propre enfance n’étant pas si éloignée, j’ai eu recours à une émotion très forte issue de ma propre expérience. Comme beaucoup d’entre nous, j’avais peur des chiens, et dans ma famille j’avais la responsabilité d’aller chercher le pain. La distance était longue, c’était l’après-guerre et il fallait passer par ce dédale de ruelles, le pain à la main. Je me suis rappelé mon propre désarroi et il me semble qu’encore aujourd’hui je n’ai guère de mal à me replonger dans les émotions positives ou négatives qui étaient les miennes à cet âge-là. L’enfant qui est en nous n’est jamais loin. »                                                               Cahier de l’invité, SAPHIRE, Abbas Kiarostami, 2013

Documents à télécharger : Images séquentiellesOù est la maison de mon ami ? la scène du chienplans subjectifs

Allez Hop !, Juliette Baily, 2012                                                                              Documents à télécharger : Imagine et dessine l’environnement autour du plongeoir et de la nageuse.Recherches graphiques

la piscine from GIF TEAM on Vimeo.

Shopping, Vladilen Vierny, 2013

microgeste1Documents à télécharger : La caméra au plus près du personnageJuste une mise au point !Un accessoire clé !

La Saint-Festin, Anne-Laure Daffis et Léo Marchand, 2007                                                      Documents à télécharger : - Le montage alternéEmpathie,L’échelle des plans,Le jeu des différencesL’art des mélanges,

 La grosse bête, Pierre-Luc Granjon, 2013

changement de tableau  Documents à télécharger : Images séquentiellesDossier préparatoire

« Kiosque » d’Anete Melece

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Kiosque, Anete Melece, Pastel, L’école des Loisirs, 2021

Les éditions de L’école des loisirs viennent d’enrichir leur catalogue avec une pépite, l’album Kiosque réalisé par l’artiste lettone Anete Melece. Découvert l’an dernier alors que je travaillais sur le court métrage éponyme dont l’album est une adaptation, je rêvais que les lecteurs de langue française puissent à leur tour avoir ce bel objet en main, c’est chose faite !

Anete Melece a imaginé l’histoire de la plantureuse Olga coincée dans son kiosque à journaux après deux années à créer des images publicitaires dans une agence de design packaging. Elle gagnait bien sa vie mais le sentiment « d’être au mauvais endroit » l’a envahie peu à peu. Elle s’est mise à rêver d’autre chose…

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Extrait de la bande dessinée publiée sur le site de l’éditeur letton Gecko Press lors de la sortie de l’album en anglais.

… et finalement elle a décidé de quitter son travail alimentaire pour se former à l’animation et à l’illustration à la HSLU (université des Sciences appliquées et des Arts), une école publique de Lucerne en Suisse. Pendant ses études, elle a développé l’histoire d’Olga sous la forme d’un court métrage animé. Son film de fin d’étude lui a permis de réaliser le rêve d’Olga, voyager… … dans les festivals du monde entier.

The Kiosk from Anete Melece on Vimeo.

J’aime cette histoire aux multiples résonances. Le désir de liberté qui anime Olga et qui lui permet de se mettre en mouvement nous touche particulièrement en ces temps de confinement imposé. Chacun, petits et grands, se retrouve dans ce portrait quels que soient ses bloquages et ses envies d’ailleurs.

Si de nombreux auteurs d’albums ont donné une nouvelle vie à leur histoire en les animant, le chemin inverse est plus rare et souvent décevant. Le changement de médium effectué par Anete Melece est ici remarquable. Elle a entrepris l’adaptation de son film sept ans après sa sortie. Ce laps de temps important lui a permis d’envisager son histoire avec un oeil nouveau. Elle a pris la décision de ne pas utiliser des images extraites du film mais d’en créer de nouvelles. illustration L’alternance d’images en vignettes et d’images plein cadre créé un rythme intéressant, le lecteur peut moduler sa lecture et prendre le temps d’explorer de grands tableaux.

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La nécessité de condenser un évènement en une seule image impose de nouveaux choix formels, de point de vue, de cadrage et de format. Elle impose aussi de trouver des astuces pour figurer le mouvement en démultipliant par exemple le personnage comme dans la page ci dessous qui figure la trajectoire d’Olga sur la rivière.

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Le passage du film au livre a aussi nécessité l’écriture d’un texte, le court métrage étant sans parole. Ce texte émane du regard chaleureux que porte Anete Melece sur son personnage principal nous la rendant éminemment sympathique. Enfin, la couverture du livre a été conçue avec soin par l’ancienne designeuse. Une découpe de l’encadrement du kiosque permet de passer de l’intérieur à l’extérieur en ouvrant et fermant la couverture. Quelle sera la nouvelle destination d’Olga ?

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« Les voix du Fleuve » exposition de Constanza Aguirre

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Exposition « Les voix du Fleuve », Constanza Aguirre, Espace Icare, Issy-les-Moulineaux, mars 2021

En ces temps de disette culturelle, quel bonheur de recevoir dans sa boîte mail l’invitation à l’exposition d’une artiste dont vous aimez particulièrement le travail. Je n’avais pas vu Constanza depuis notre entretien en 2015, elle m’avait alors reçue dans son atelier de Saint Denis. Elle travaillait à sa nouvelle série Les voix du Fleuve dont une sélection de toiles est exposée à l’espace Icare d’Issy-les-Moulineaux. Cette première rencontre avec le public est organisée par les artistes du collectif Ik-Art jusqu’au 27 mars 2021.

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Vue de l’atelier de Constanza Aguirre, toile en cours de réalisation, décembre 2015

Le fleuve colombien représenté sur les toiles de Constanza est le Río Atrató. Fidèle à sa démarche Constanza a accumulé des images, des extraits de film et des dessins effectués lors de ses voyages sur le fleuve avant de commencer son travail pictural.

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Je suis à nouveau marquée par la représentation de ces corps nus charriés par le fleuve. Constanza m’avait expliqué que ces cadavres sans nom, conséquence de la violence endémique qui sévit dans la région, sont pris en charge par les habitants des villages. Sans chercher à savoir s’ils sont victimes ou bourreaux, les habitants leur offrent une sépulture. Les combats entre groupes paramilitaires ne sont pas le seul fléau auquel doivent faire face les populations qui vivent sur les berges du fleuve. Le Río Atrató est le fleuve le plus pollué de Colombie. La déforestation et l’exploitation minière illégale ont profondément perturbé l’écosystème du bassin fluvial. Depuis 2017, la cour constitutionnelle a pris la décision de garantir les droits du fleuve et de ses habitants. Les tableaux de Constanza révèlent une crise environnementale et humanitaire qui la heurte dans une région possédant l’un des écosystèmes les plus diversifiés au mode.

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Si dans cette nouvelle série Constanza reste fidèle au noir et blanc avec toutefois quelques traces d’un galion rouge, témoins d’un repentir et de l’histoire des afro-colombiens, son travail devient de plus en plus figuratif. Toutefois chacun est invité à inventer sa propre histoire, Constanza nous rappelle, par le titre donné à la série, que les voix du fleuve sont multiples. D’autres fleuves devraient d’ailleurs rejoindre le Río Atrató. Avec cette sérieConstanza entreprend un travail au long court mené en solitaire et bientôt on l’espère en équipe. Un autre rendez-vous est pris !

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« Une histoire du cinéma… Deux histoires de chien… »

IMG_6254Pour la deuxième année consécutive, j’ai eu le plaisir d’être associée au projet de deux classes de CE1 de l’école Ferdinand Buisson d’Antony. Guidés par leur maîtresse, les enfants préparent un spectacle sur l’histoire du cinéma. L’an dernier, la couleur était le fil rouge des différents tableaux du spectacle, cette année ce sont les émotions. En lien avec le programme « Même pas peur » que les enfants devraient découvrir au cinéma le Sélect, nous avons lors d’une première séquence travaillé à partir du premier court métrage d’Abbas Kiarostami, « Le pain et la rue. »

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Synopsis : Un petit garçon doit ramener le pain à la maison. Mais comment faire pour éviter le gros chien qui lui barre la rue ?

En contrepoint de la peur suscitée par un chien, nous avons ensuite regardé un extrait du très beau long métrage de la réalisatrice Anca Damian, L’extraordinaire voyage de Marona, qui met en scène, cette fois-ci, la peur ressentie par une petite chienne. Après la lecture de l’affiche et le visionnement de la bande annonce…

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… les enfants ont exploré 57 secondes du film. Les voici …

   Les enfants, une fois de plus, ont dépassé nos attentes dans la pertinence de leurs remarques. La peur d’être à nouveau abandonnée par son maître déclenche chez Maronna des hallucinations, elle imagine que les immeubles se mettent à bouger pour l’encercler et l’emprisonner. La réalisatrice alterne des plans objectifs aux plans subjectifs pour que nous partagions les émotions de la petite chienne.

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Trois plans subjectifs présents dans l’extrait. Un « plan subjectif » est un plan qui permet au spectateur d’adopter le point de vue d’un personnage, comme s’il voyait à travers ses yeux.

La voix off nous permet d’avoir accès aux pensées de Marona. Deux voix s’affrontent à l’intérieur de son corps, l’une lui dit que son maître l’a oublié, qu’il ne reviendra pas, tandis que l’autre l’enjoint à se calmer, que l’homme va revenir… Un enfant fait le lien avec un film de Spiderman, lui aussi est écartelé entre deux voix intérieures représentées par un ange et un démon.

Si Le pain et la rue est tourné en prise de vue continue, L’extraordinaire voyage de Marona est quant à lui un film d’animation tourné « image par image ». Nous avons terminé la séance en réalisant une petite séquence animée pour comprendre par l’action la technique du papier découpé.

Capture d’écran 2021-03-09 à 17.40.21Voici la représentation par le dessin de la technique « image par image » et les deux séquences.

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Les enfants racontent leur deuxième séance.

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2021, l’année Georges Méliès…

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Atelier « Georges Méliès, la magie du cinéma », centre de loisirs Fraboulet de Mitry-Mory le 25 février 2021

Méliès est selon Edgar Morin « Le prestidigitateur qui mit le cinématographe dans un chapeau pour en faire sortir le cinéma. » Gageons que cette année 2021 soit son année avec l’ouverture très attendue du nouvel espace d’exposition permanente de la Cinémathèque qui lui rend un hommage appuyé ! Pour les impatients, plusieurs publications sont d’ores et déjà disponibles.

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Il vous reste aussi quelques jours pour regarder sur Arte le superbe documentaire d’Eric Lange qui lui est consacré.

Capture d’écran 2021-02-26 à 10.40.11Quant à moi j’ai eu le plaisir de proposer à nouveau un atelier autour de ce grand monsieur et de son truc mythique, l’arrêt de la caméra. Que se soit dans le cadre scolaire avec deux classes de CE2 de Noisy-le-Sec ou dans le cadre des vacances avec des enfants d’un centre de loisirs de Mitry-Mory, le même enthousiasme s’est manifesté à être devant ou derrière la caméra.

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Un autre film à voir sur la page Youtube du cinéma Le Trianon