« Les enfants d’abord ! » au Jeu de Paume 6

IMG_1035 Le photographe allemand Erwin Blumenfeld et l’artiste contemporaine Natacha Nisic ouvrent la nouvelle saison Des Enfants d’abord ! Découvrir que la photographie, au delà de la captation de la réalité, peut être un outil extraordinaire pour réinventer le réel. Tel sera le fil conducteur de cette nouvelle visite-atelier.

Lors de la visite, les expérimentations photographiques (superposition, collage, montage…) seront mises en valeur. Les enfants inventeront ensuite leurs propres images en jouant avec deux actions : « S’approprier et assembler ».

Vue de l'exposition Natacha Nisic, Jeu de Paume, 26/10/13

Vue de l’exposition Natacha Nisic, Jeu de Paume, 26/10/13

P1100155

Vue de l’exposition Erwin Blumenfeld, Jeu de Paume, 26/10/13

Présentation des ateliers, 26/01/14

Présentation des ateliers, 26/01/14

Atelier 1 : créer un animal fantastique

Atelier 1 : créer un animal fantastique

Atelier 2 : réaliser un cadavre exquis numérique

Atelier 2 : réaliser un cadavre exquis numérique

Réalisation du 30/12/13

Atelier du 30/11/13

Atelier « cinéma d’animation » Maison Populaire de Montreuil

Plaques de lanterne magique

Plaques de lanterne magique…

L’atelier cinéma d’animation c’est …

… jouer avec des ombres, créer de nouvelles plaques de lanterne magique, devenir bonimenteur pour partager le plaisir des images projetées …Montreuil 1

Montreuil 2

… manipuler des jouets optiques, inventer des thaumatropes et des feuilletoscopes pour comprendre le mystère des images qui bougent …

Montreuil6

Montreuil 5


« Musique : http://www.musicscreen.be »  Jeux d’enfants sous licence creative commons

… mettre ses pas dans ceux d’illustres habitants de Montreuil ; Emile Reynaud, Georges Méliès et les frères Pathé…

Métamorphose du papillon de Gaston Velle, Pathé Frères, 1905

Métamorphose du papillon de Gaston Velle, Pathé Frères, 1905

… et enrichir sa connaissance des films d’animation du patrimoine !

Popeye- Laveurs de carreaux

Projection de Popeye- Laveurs de carreaux des frères Fleischer, 1937


Barbara Degos, sculpteur

P1100139

Minuscules ou imposantes, les sculptures de Barbara ne tiennent pas en place, elles défient les lois de la pesanteur et nous entraînent à leur suite … Isolée ou en groupe, chaque sculpture possède une âme et une histoire, elle nous interpelle en silence. Telles des esquisses sculptées, elles se donnent à voir, mais surtout elles nous donnent à penser, à rêver, à imaginer… 

L'homme volant de Barbara Degos, 2013

L’homme volant de Barbara Degos, 2013

les pingouins de Barbara Degos, 2013

les pingouins de Barbara Degos, 2013

Nulle envie de plaquer des mots sur elles mais désir de mieux connaître celle qui leur donne forme. 

Se présenter en quelques mots…

Contemplative, timide et prenant les choses comme elles viennent.

Qu’est-ce qui a été le plus formateur pour toi dans ton enfance ?

De passer mes journées dans l’atelier de ma mère peintre. Il y avait deux tables d’architecte, je me mettais à côté d’elle. Je lui piquais son matériel pour faire des expériences, je recopiais des tableaux sur des toiles, j’utilisais sa presse à gravure pour faire des gaufrages…

Une image qui t’accompagne…

C’est une image liée à une sensation. Quand j’étais ado, je faisais beaucoup de planche à voile à Noirmoutier. Un soir, il y avait une lumière géniale, le vent rabattait les vagues sur la plage, j’ai eu le sentiment de voler avec ma planche.

Devenir une artiste, c’est pour toi une vocation, une évidence, une lutte ou tout autre chose …

Une évidence ! J’ai besoin de me servir de mes mains pour créer quelque chose. C’est la sculpture mais aussi le bricolage !

Quels ont été ta formation et ton parcours ?

Après un bac scientifique, j’ai fait une année de prépa « arts graphiques » au lycée de Sèvres. J’ai complètement raté le concours des Arts déco mais j’ai eu celui de l’ESAG Penninghen. C’est une formation en 5 ans. Ça m’a surtout appris à travailler, je passais des nuits sur des projets. La formation est très variée : illustration, croquis, logo, photo, storyboard… Je n’ai rien fait par contre en volume, à part des maquettes d’architecture d’intérieure. Je suis une autodidacte en sculpture.

Quels sont  tes déclencheurs d’idées ?

Observer les gens, leur démarche, leurs attitudes ! Je passe beaucoup de temps à ma fenêtre à regarder les passants. Il m’est arrivé de dévisager des gens dans le métro, involontairement j’ai pu provoquer de la gêne tellement j’étais fascinée par une expression, un visage.

Comment passes-tu de l’idée à la forme ? 

Sans me poser de question. L’idée de départ est souvent transformée. C’est plutôt la forme qui prend le dessus. Par exemple le type à la fleur que je suis en train de patiner. J’avais envie de faire un homme accroupi. Je me suis demandée ce qu’il pouvait regarder. J’avais devant moi, les cosmos du jardin. J’ai eu envie de mettre une fleur. C’est aussi simple que cela. C’est vraiment l’attitude qui est première. Il m’arrive de chercher des photos sur internet comme lorsque j’ai commencé à travailler sur les équilibristes.

Quelle est la part du hasard, de l’accidentel ?

C’est ce qui m’intéresse le plus, l’accidentel. J’essaie de m’en servir au maximum. Par exemple, le fumeur qui est en haut de l’escalier est en terre. En séchant , la terre s’est déformée, Il s’est complètement affaissé. Ça m’a plu, je n’ai pas essayé de le redresser !

Le fumeur de Barbara Degos, 2009

Le fumeur de Barbara Degos, 2009

Après avoir travaillé la terre et le plâtre, tu utilises maintenant un matériau que tu composes toi même, peux-tu nous dire de quoi il est fait et ce qu’il t’apporte ?
C’est un mélange de faïence et de cellulose. Je prends de la poudre de terre à laquelle j’ajoute de l’eau pour avoir une texture proche de la crème Nutella. Je trempe du PQ dans de l’eau pendant une journée, je le mixe ensuite et je l’égoutte dans une passoire. Je mélange le tout. Je dépose cette pâte homogène sur une plaque de plâtre qui absorbe l’excédent d’eau. J’ai ensuite comme un pain de terre. La terre seule me bloquait dans ce que j’avais envie de faire. J’avais besoin d’utiliser des armatures pour faire des formes plus aériennes, plus fines, plus grandes. Par contre, c’est moins agréable à travailler que la terre seule.
Quand décides-tu qu’une sculpture est terminée ?
Je la mets dans un endroit où je passe plusieurs fois par jour. Je la tourne. Dès qu’il y a un petit truc qui me gêne, je la retravaille. Ça peut durer longtemps. Je demande aux enfants et à Jean leurs avis. C’est souvent eux qui trouvent la solution à un truc qui ne va pas, qui me gêne sans que je n’arrive forcément à le formuler. J’en ai détruit très peu, j’en ai mis quelques unes aux encombrants, des gens les ont récupérées… Je peux aussi les casser, garder des petits bouts et recommencer. En général, je me débrouille pour les transformer. J’abandonne rarement. C’est comme un bouquin, je vais jusqu’au bout.
Ton approche est figurative, l’essentiel de tes sculptures représente des corps humains. Y a-t-il des oeuvres, des artistes qui ont particulièrement comptés pour toi ?
Giacometti, les bustes de Camille Claudel et le travail de Calder. Il y a aussi une sculpture de Rodin qui me touche beaucoup, on peut la voir au musée d’Orsay.

La penséed'Auguste Rodin, vers 1895

La pensée d’Auguste Rodin, vers 1895

As-tu envie de t’essayer à l’abstraction ?

Pas du tout !

Cette année, tu as ouvert pour la première fois ton atelier au public. Qu’est-ce qui t’a poussé à montrer ton travail en dehors du cercle familial ou amical ?

Je me suis forcée ! Je me suis dit que j’avais toutes les conditions réunies pour le faire : le lieu, l’évènement des portes ouvertes des artistes à Meudon. J’ai été ravie de cette expérience. C’était convivial. Je n’avais surtout pas envie d’expliquer mes sculptures, je n’en suis pas capable. Les gens ne me l’ont pas demandé mais par contre ils m’ont raconté ce qu’ils y voyaient.

Un superbe film !


JHJH

https://www.youtube.com/watch?v=JfZWmOijaug

JGJH

Winshluss au Musée des Arts Décoratifs

IMG_1034S’il utilise un pseudonyme pour signer son travail graphique, Vincent Paronnaud n’hésite pas à exposer sa tête. Oui, le barbu chevelu aux grosses lunettes c’est lui ! Un masque à son effigie s’inscrit dans une frise de masques issus de la collection du musée des arts déco. Entouré d’un clown gai et d’un clown triste, il annonce ainsi le ton de l’exposition, nous allons naviguer entre rire et grimace.

Vue de l'exposition © Luc Boegly

Vue de l’exposition © Luc Boegly

Si le monde de l’enfance inspire Winshluss, son innocence supposée en prend un coup. Il réactualise notamment des contes archi-connus dans des vitrines aux allures de théâtre en carton dans une série détonnante « Il était une fois ». J’ai particulièrement apprécié le sort des héroïnes, elles ne sont plus des victimes passives mais prennent les choses en main ! La petite sirène a retrouvé son intégrité physique et elle coule des jours tranquilles au fond des mers. Fascinée par sa télévision grenouille, elle n’aura pas un regard pour le prince venu la relancer en sous-marin ! Le petit Chaperon rouge a droit quant à lui à deux vitrines, sans se départir de son large sourire, il règle son compte au loup à coup de tronçonneuse. Mais ma préférée reste sans conteste la petite fille aux allumettes qui se transforme en incendiaire des temps modernes …

Vue de l’exposition © Luc Boegly

Vue de l’exposition
© Luc Boegly

J’ai aussi beaucoup aimé les deux grands dioramas. Le premier Barbapatomique nous présente un bon vieux Barbapapa mutant, ses trois yeux et ses nombreuses tentacules lui permettent de se battre vaillamment contre une attaque de petits soldats bien équipés. Dommage que les jouets ne soient pas accessibles, on a envie de continuer la scène …

Dessin préparatoire pour le diorama « Barbapatomique », 2012. Encre et feutre © Winshluss / Les Arts Décoratifs, Paris.

Dessin préparatoire pour le diorama « Barbapatomique », 2012. Encre et feutre © Winshluss / Les Arts Décoratifs, Paris.

Dans le deuxième diorama, Winshluss donne une origine biblique à la disparition des dinosaures, hilarant ! Cette idée est une reprise d’une planche de sa prochaine BD consacrée à … Dieu… qui sortira en novembre …

Winshluss, extrait de la BD "In God we trust"

Winshluss, extrait de la BD « In God we trust »

Au milieu de l’expo, une salle est dédiée à quatre de ses courts métrages d’animation. Petit rappel pour ceux qui comme moi ont une mémoire volatile, Winshluss alias Vincent Paronnaud est l’auteur de la célèbre BD Pinocchio mais aussi  co-réalisateur avec Marjane Satrapi du non moins célèbre film Persepolis.

Le premier court métrage, Raging blues, réalisé avec Ciso en 2004, est une grosse claque. Une descente aux enfers, terriblement noire, racontée avec un talent à couper le souffle. Attention, on ne sort pas indemne de ces six minutes.


La veine parodique traverse ses autres courts à l’instar de ses BD, Monsieur Ferraille est un Popeye alcoolisé  en prise avec une paire de jambes. Son dernier film, réalisé en solo en 2010, Il était une fois l’huile, s’inspire de la série mythique d’Alain Barillé Il était une fois l’homme. Si les dessins sont ronds et colorés, l’humour reste caustique !

Allez pour finir,  on se fait une petite Merolla ! En piste !


Ma nuit blanche …

Aventure d'un soir, 2013, Cai Guo-Qiang

Aventure d’un soir, 2013, Cai Guo-Qiang

Une nuit résolument sous le signe de la fête ! Une explosion de couleurs, de sons, de plaisirs partagés. Jouer à cache-cache place de la République, admirer les oeuvres de Robin Rhode, Rosa Barba, Norman McLaren… boire un p’tit verre de blanc près du canal de l’Ourcq, danser avec le petit bal de poche au 104, vibrer à l’unisson avec des milliers de personnes devant le feu d’artifice de Cai Guo-Qiang…

Fog square, 2013 de Fujiko Nakaya

Fog square, 2013 de Fujiko Nakaya

La pendule de glace de Lily Hibberd

La pendule de glace de Lily Hibberd

Fosse d'orchestre de Rosa Barba

Fosse d’orchestre de Rosa Barba

A day in May de Robin Rhode

A day in May de Robin Rhode

Canal de l'Ourcq

Canal de l’Ourcq

Projection de courts métrages de Norman MacLaren au 104

Projection de courts métrages de Norman MacLaren au 104

Aventure d'un soir de Cai Guo-Qiang

Aventure d’un soir de Cai Guo-Qiang

« Pastels enchantés » de Zoia Trofimova

Master class de Zoia Trofimova, Kino à Issy les moulineaux, 28/09/2013

Master class de Zoia Trofimova, Kino à Issy les moulineaux, 28/09/2013

Galina Guine, productrice du Studio Nikita et responsable de l’association Kino, a eu l’excellente idée d’organiser samedi dernier une rencontre avec Zoia Trofimova. Cette artiste russe travaille avec son mari, Iouri Tcherenkov au Studio Folimage de Valence. Elle y a réalisé notamment le très beau court métrage Le trop petit prince. Sa maîtrise des pastels illumine l’histoire de ce petit homme occupé à nettoyer le soleil.

Le trop petit prince de Zoia Trofimova, Studio Folimage, 2001

Le trop petit prince de Zoia Trofimova, Studio Folimage, 2001

A partir de dessins réalisés pour la création graphique du film Le père frimas, Zoia Trofimova explique toute la richesse de sa technique de grattage sur pastel.

Master class de Zoia Trofimova, Kino à Issy les moulineaux, 28/09/2013

Master class de Zoia Trofimova, Kino à Issy les moulineaux, 28/09/2013

Elle donne ses secrets de fabrication aux enfants et aux adultes ravis de mettre la main à la pâte.

Master class de Zoia Trofimova, Kino à Issy les moulineaux, 28/09/2013

Master class de Zoia Trofimova, Kino à Issy les moulineaux, 28/09/2013

Master class de Zoia Trofimova, Kino à Issy les moulineaux, 28/09/2013

Master class de Zoia Trofimova, Kino à Issy les moulineaux, 28/09/2013

Le pastel permet un travail couche par couche. Zoia applique une première couche de pastels à la cire, elle privilégie alors des couleurs claires qu’elle recouvre ensuite avec des pastels gras aux couleurs complémentaires. A l’aide d’un cutter, elle enlève de la matière pour révéler une texture profonde. Le cutter sert aussi à graver dans le pastel des lignes variées.

Master class de Zoia Trofimova, Kino à Issy les moulineaux, 28/09/2013

Master class de Zoia Trofimova, Kino à Issy les moulineaux, 28/09/2013

Le père Frimas est un spécial TV de 26 minutes produit par les films de l’Arlequin. Il a été programmé sur France 3 pendant les vacances de Noël 2012. En décembre prochain, il sortira sur les écrans de cinéma accompagné du court métrage de Tsuneo Goda, Le Noël de Komaneko.


Koko le Clown de Max et Dave Fleischer

Modeling, 1921, Production Out of the Inkwell Films

Modeling (Modèles), 1921

Presque centenaire, Koko le Clown, revient faire le pitre sur les écrans de cinéma !

Héros d’encre et de papier, la naissance de ce personnage est intimement liée aux débuts du cinéma d’animation américain. Après avoir admiré Gertie le dinosaure de Winsor McCay, Max Fleischer n’a plus qu’une obsession, inventer une machine qui permette d’obtenir un mouvement dessiné fluide. En 1915, il met au point, avec l’aide de ses frères, le rotoscope. Cette machine permet de décalquer image par image le mouvement d’un acteur filmé en prise de vue réelle. Cette base permet ensuite d’animer un personnage dessiné.

Rotoscope, Max Fleischer, Brooklyn, NY, 6 décembre 1915

Rotoscope, Max Fleischer, Brooklyn, NY, 6 décembre 1915

Pour tester leur machine, les frères Fleischer ont besoin d’un petit film en prise de vue réelle. Dave, le plus jeune frère, joue alors devant la caméra le rôle d’un clown facétieux qui donnera naissance à Koko le Clown.

Model-sheet de Koko et Bimbo, Dick Huemer, chef-animateur des Fleischer

Model-sheet de Koko et Bimbo, Dick Huemer, chef-animateur des Fleischer

Koko le Clown est l’un des premiers personnages créés spécifiquement pour un dessin animé. Les scénarios des courts métrages, dont il est le héros, ont une structure identique. Max Fleischer, filmé en prise de vue réelle, dessine sous nos yeux Koko qui prend vie. S’ensuit une suite d’interactions entre le créateur et sa créature, chacun pénétrant tour à tour dans le monde de l’autre. Courses poursuites, métamorphoses et gags divers s’enchaînent pour notre plus grand plaisir ! Invariablement, le film se termine par le retour de Koko dans son encrier. Il est difficile de résumer les histoires des courts métrages qui composent la série Out of the inkwell (hors de l’encrier), elles ne sont souvent qu’un prétexte à repousser les limites du réel. L’une des devises de Max Fleischer était : « Si ça peut être fait dans la réalité, ce n’est pas de l’animation. » Se battre avec une mouche, voyager sur Mars, s’envoler dans une bulle de savon, narguer un géant… Tout est possible dans l’univers de Koko le Clown !

La mouche qui agace, 1919

Tantalizing fly (La mouche qui agace), 1919,

Voyage sur Mars, 1924

A trip to Mars (Voyage sur Mars), 1924

Il est temps de se coucher, 1923

Bed time(Il est temps de se coucher), 1923

Sept courts métrages du début des années 20 composent cette nouvelle diffusion sur les écrans de cinéma.                                                                                                           Même si le distributeur, Gebeka films, est spécialisé dans le cinéma jeune public, il serait dommage d’en priver les adultes, à voir sans limite d’âge !

Affiche "Koko le clown" , 2 octobre 2013

Affiche « Koko le clown » , 2 octobre 2013

« Les aventures fantastiques » de Karel Zeman

Les Aventures fantastiques de Karel Zeman, 1958

Les Aventures fantastiques de Karel Zeman, 1958

A l’ouverture du film, la voix de Simon Hart nous accueille. Ce jeune ingénieur vient de vivre une aventure extraordinaire qu’il souhaite partager avec nous, spectateurs. Sur son bureau, son journal intime côtoie une pile de livres de Jules Verne. Il en saisit un, le feuillette et nous montre de magnifiques illustrations. La caméra s’arrête sur une gravure représentant un bateau en pleine mer, subitement le bateau se met en mouvement …

Karel Zeman a adapté un roman peu connu de Jules Verne, Face au drapeau, paru en 1896 aux éditions Hetzel. L’originalité de cette adaptation cinématographique est l’intérêt porté aux illustrations de la première édition. En effet, Zeman fait vivre à l’écran les gravures de Léon Benett en combinant prise de vue réelle et technique d’animation « image par image ». Les personnages joués par des acteurs évoluent dans des décors inspirés des gravures. Le choix du noir et blanc, l’omniprésence des rayures et l’importance des surfaces plates nous indiquent que nous ne sommes pas dans la réalité mais dans un monde inventé dans lequel nous allons vivre le temps d’une projection.

Face au drapeau, Illustration de Léon Benett, 1896

Face au drapeau, Illustration de Léon Benett, 1896

Les aventures fantastiques de Karel Zeman, 1958

Les aventures fantastiques de Karel Zeman, 1958

La réussite de Zeman est qu’on oublie sa virtuosité technique pour rentrer pleinement dans le récit des Aventures fantastiques. Son adaptation est très libre, son récit est moins sombre que le roman d’origine. Le professeur Roch notamment n’est plus un inventeur mégalomane mais un savant naïf, déconnecté de la réalité. Simon Hart est le héros positif par excellence, ingénieux, droit, courageux … Zeman n’hésite pas à introduire des scènes visuellement très poétiques comme la fusion de deux poissons se transformant en papillon. Ils ponctuent aussi son récit avec des scènes humoristiques qui, si j’en crois les rires qui ont fusé dans la salle du Studio des Ursulines, fonctionnent toujours ! Il crée aussi de multiples objets aussi fabuleux les uns que les autres, un fer à repasser très original, une pince à crayon démesurée et une variété incroyable de moyens de transport. J’ai un petit faible pour le vélo sous-marin !

Le fer à repasser -canon

Le fer à repasser -canon

le vélo sous-marin

le vélo sous-marin

Cette reprise est un très beau cadeau de rentrée, merci aux Films Malavida qui ont travaillé avec le musée Karel Zeman de Prague pour nous l’offrir !