« Les enfants d’abord au Jeu de Paume ! » 7

Les enfants découvrent l'exposition de Mathieu Pernot avec Pauline. 22/02/14

Découverte de l’exposition de Mathieu Pernot avec Pauline. Les enfants d’abord ! du 22/02/14

Le Jeu de Paume accueille deux artistes contemporains qui portent un regard singulier sur les lieux qui les entourent : Robert Adams (L’endroit où nous vivons) et Mathieu Pernot (La traversée). A leur suite, nous invitons les enfants à réfléchir sur les notions de point de vue et de paysage en confrontant leurs représentations avec une sélection de photographies.

Exposition Robert Adams, 22/02/14

Exposition Robert Adams, 22/02/14

Exposition Mathieu Pernot, 29/03/14

Exposition Mathieu Pernot, 29/03/14

Après la visite des expositions, le jardin des Tuileries et la place de la Concorde se transforment en terrain de jeux pour une exploration contrastée…

Confrontation de points de vue, 22/02/14

Confrontation de points de vue, 22/02/14

Le diaporama des contraires, 26/04/14

Le diaporama des contraires, 26/04/14

Présentation des portfolios, 22/02/14

Présentation des portfolios, 22/02/14

Paul Maz, Mazicien/ Raconteur

"Le magicien de papier" est à l'affiche du théâtre de la vieille grille

« Le magicien de papier » est à l’affiche du théâtre de la Vieille Grille, février-mars 2014

Magie blanche, magie noire, magie rouge … Et si Paul Maz donnait à la magie une nouvelle couleur … La couleur de la passion, la couleur de l’engagement et la couleur du coeur !  Son spectacle « Le Magicien de Papier » est programmé actuellement au théâtre de la Vieille Grille. Une belle occasion de faire connaissance avec son père Quénot qui ouvre les portes du possible ! Perché no ? Pourquoi Pas !

Se présenter en quelques mots …

Je suis d’abord quelqu’un de curieux et de passionné. Cette curiosité m’a conduit à des virages professionnels et à des choix de vie importants. Il y a une quinzaine d’années je suis tombé, un peu par hasard, dans l’art magique. Cela se traduit maintenant par la création de spectacles destinés au jeune public qui allient à la fois le conte et la magie.

Qu’est-ce qui a été le plus formateur pour toi dans ton enfance ?

Deux choses : la découverte de la nature et les voyages. J’ai eu la chance de naître à Fontainebleau qui possède une forêt extraordinaire. Elle était le terrain de jeu de mon enfance et je connaissais très bien les rochers ! Fontainebleau est aussi lié à mon grand-père qui était guide au musée chinois de l’impératrice Eugénie. Il avait son logement de fonction à l’intérieur du château. J’ai eu droit à des visites privées pleines de mystère à mes yeux d’enfant.

Pierre- Ambroise Richebourg, musée chinois, 19 ème siècle, RNM

Pierre- Ambroise Richebourg, musée chinois, 19 ème siècle, RNM

Mon père voyageait beaucoup, j’ai vécu en Afrique et en Nouvelle Calédonie pendant plusieurs années. Nous voyagions sur des bateaux longs courriers. Je me souviens en particulier du voyage entre Pointe Noire au Congo et la France, le trajet a duré 30 jours. Chaque matin je me réveillais dans un nouveau port. Je pense que ma curiosité, mon ouverture vers l’inconnu vient en partie de cette époque.

Une image qui t’accompagne…

Je ne sais si je suis influencé par ce que je viens de te dire ou par le décor du café où nous nous trouvons, fait de boiseries et de cuivres mais l’image qui me vient est celle d’une partie de pêche dans le port de Lagos au Nigéria. Je me revois petit bonhomme de 11 ans sur le pont de cet immense bateau. J’avais fabriqué une canne à pêche avec une bobine de fil et un hameçon bricolé. J’avais mis un morceau de pain pour appâter les poissons et ça a marché ! J’ai pris un poisson ! J’étais au comble de la joie !

Si mes sources sont bonnes, tu as commencé ta vie professionnelle comme ingénieur informatique…

Absolument, j’ai travaillé pendant 10 ans dans l’informatique. C’était dans les années 70. Je suis devenu père très jeune à 21 ans. J’avais besoin d’un métier lucratif. Je suis entré à la Compagnie Internationale pour l’Informatique (CII) qui m’a formé aux nouvelles technologies. Je gagnais bien ma vie mais ma vraie fibre était plutôt littéraire.

La CII 10070 de l’IRIA (vers 1973)

La CII 10070 de l’IRIA (vers 1973)

Plus jeune j’écrivais des poèmes, de la musique, je jouais dans un orchestre. L’écriture était restée une passion. J’ai décidé de postuler comme journaliste dans les technologies de l’information. On était peu nombreux sur le créneau. J’ai travaillé notamment pour Le Monde Informatique, 01 Informatique, Les Echos , La Tribune …

Dessin de François Cointe

Dessin de François Cointe

Ça marchait bien, puis j’ai créé ma propre société. Je suis devenu un animateur reconnu de la presse informatique. J’ai beaucoup pris la parole en public, j’ai animé de nombreux débats.

Jusqu’aux dix ans de ton fils pour lesquels tu as préparé ton premier tour de magie…

Je voulais lui faire une surprise pour son anniversaire et j’ai été l’arroseur arrosé ! Après ce premier tour, j’ai senti tout de suite que je voulais en faire mon métier. Je crois fortement que c’est l’envie et le désir qui mènent les choses. Ce n’est pas forcément très rationnel, mais c’est ce qui fait réussir parce qu’on devient acharné ! Je passais des heures à travailler des tours ! J’ai commencé à prendre des cours de magie, mais j’étais toujours journaliste. Pour que ma reconversion soit viable économiquement, j’ai décidé de faire de la magie à partir d’un domaine que je connaissais bien : l’informatique. J’ai pris un pseudonyme et j’ai proposé à des sociétés comme IBM ou Oracle d’animer leurs stands sur les salons professionnels. Je concevais des prestations commerciales magiques pour les industriels. J’inventais des tours en faisant des métaphores : les jeux de cartes représentaient des bases de données, les cordes devenaient des réseaux… Progressivement, je me suis éloigné de la presse et de l’informatique…

Parcours pour le moins audacieux, original…

Pour moi, il est cependant  assez logique ! C’est toujours le même principe qui me fait agir : le bonheur de faire et d’expérimenter. J’ai horreur de m’ennuyer, j’adore être inspiré. C’est le plaisir qui me projette vers un but surtout quand je sens que cette passion, comme la magie, peut m’accompagner longtemps. Mon intérêt s’inscrit dans la durée. Je veux être heureux dans ce que je fais ! La recherche de la rentabilité n’est pas mon moteur. Par contre, je ne me déconnecte pas de mes responsabilités, j’ai toujours attaché de l’importance à la nécessité de subvenir efficacement aux besoins de ma famille.

La magie peut être vue comme un art d’initiés, entouré de secret, de mystère, un peu fermé. Comment as-tu été accueilli ?

C’est vrai, pour moi ce qui définit  la magie c’est d’abord le secret. Les magiciens possèdent un secret que les spectateurs n’ont pas. J’ai d’abord pris des cours à la Fédération Française des Artistes Prestidigitateurs (FFAP), j’y allais tous les mois. Puis j’ai pu accéder à des cercles de magie. Les magiciens, amateurs ou professionnels, ont été bienveillants, ils ont reconnu ma passion et j’ai pu gagner leur confiance.

Tu as développé de nombreux talents que l’on peut admirer dans tes spectacles : conteur, musicien, ventriloque, mime, comédien … Cette ouverture vers d’autres arts du spectacle vivant est-elle une nécessité ?

Je suis convaincu que la magie ne se suffit pas à elle-même. Un spectacle n’est pas une collection de tours. La magie doit arriver logiquement dans une histoire, une intrigue ou une situation. Elle doit intervenir dans un spectacle porteur de sens.

J’ai été marquée par l’importance des mots dans ton spectacle.

Le théâtre est indispensable à la magie. J’ai pris des cours pendant trois ans dans une école de théâtre à Fontenay sous Bois. Les mots sont essentiels pour installer un personnage. Pour prendre l’exemple du Magicien de Papier que tu as vu mercredi, le « Père Quénot » a une identité forte. Il a un petit métier, il récupère des vieux papiers en sillonnant les rues de Paris. Il est un peu musicien avec son concertina et un peu poète aussi. J’aime glisser dans mes spectacles des vers que j’affectionne particulièrement comme ceux de Federico Garcia Lorca, Deux marins au bord de l’eau :                               Il rapportait en son cœur                                                                                                         un poisson des Mers de Chine.                                                                                             Parfois on le voit passer                                                                                                 minuscule dans ses yeux.                                                                                                       Je cherche à créer un univers poétique qui éveille l’imaginaire des spectateurs, qui les fait décoller de la réalité ! Pour revenir au « Père Quénot », ce sont les enfants qu’il rencontre qui lui donnent de la valeur. Sa pauvre condition est sublimée par le regard des enfants. Chaque rencontre entre lui et les enfants est porteuse d’une petite histoire et d’un tour de magie.

Paul Maz et son concertina, "le magicien de papier"

Paul Maz et son concertina, « le magicien de papier »

 Tu as trois spectacles jeune public qui tournent actuellement – Le souffle magique – Le magicien de papier – Abracabaret, le théâtre magique de Marcellus.

Oui, je crée peu de spectacles mais je les raffine avec le temps ! Chacun des spectacles a évolué depuis sa création. J’ai tendance maintenant à les alléger, à enlever des tours. Je pense qu’ils étaient trop copieux, créer une légère frustration est une bonne chose. Pour chacun de mes spectacles, je pars de la réalité. Le « Père Quénot », c’est un peu moi. « Marcellus » est lié à mon père Marcel. Je suis chez moi, sur scène, avec eux ! Michel Bouquet a dit : j’ai le courage de rentrer sur scène tous les soirs parce que je défends quelque chose qui est à moi. Lorsque tu es sur scène c’est cela que tu donnes !

Michel bouquet dans "Le Roi se meurt" d'Eugène Ionesco

Michel bouquet dans « Le Roi se meurt » d’Eugène Ionesco

Le fait de t’adresser en priorité aux enfants t’impose-t-il des contraintes spécifiques ?

Bien sûr j’écarte toute vulgarité. Ma première préoccupation est de valoriser le spectateur, Surtout  si je l’invite à monter sur scène avec moi. Je joue avec lui mais je ne dois pas le mettre en difficulté. Il doit être fier de cette expérience. Je veille aussi à être compréhensible. Cela ne m’empêche pas de créer des petits mystères. Par exemple, dans le magicien de papier, j’ai introduit une montre à gousset dans le tour des réveils. Les enfants ne connaissent pas cet objet. Est-ce important ?

Paul Maz dans "Le magicien de papier"

Paul Maz dans « Le magicien de papier »

Je me rappelle un échange avec un copain magicien, Peter Din qui me disait avoir été fasciné par le mot Chandernagor quand il était petit … J’aime aussi transmettre quelque chose aux enfants, je ne leur apprends pas un tour de magie mais à la fin du Magicien de papier, ils savent faire des arbres avec des feuilles de papier journal, ils connaissent une chanson après Abracadabret, le théâtre magique de Marcellus… Mais au delà des contraintes, j’ai à mon sens une grande responsabilité : créer de bons souvenirs d’enfance.

Parallèlement à tes spectacles où tu es seul maître à bord, tu as aussi participé à des projets collectifs, je pense notamment au spectacle «Méliès, Cabaret magique» créé au Théâtre de la Vieille Grille qui t’accueille actuellement. Tu es plutôt un artiste solitaire ou le travail en groupe te tente-t-il ?  

C’est une grande question pour moi. Je fais beaucoup de choses seul. Je suis un solitaire solidaire. Je suis solidaire de tout ce qui se passe autour de moi mais j’agis souvent en solitaire. Ma devise a longtemps été « Autonomie-Autonomie». Je suis un autodidacte dans l’âme. Du coup, je ne fais pas les choses classiquement, avec les codes habituels. Il est donc parfois difficile de partager ma démarche avec quelqu’un. Quand c’est possible, j’en suis ravi mais c’est rare. J’ai aussi besoin de me débrouiller seul. J’ai conscience des imperfections de mes spectacles mais ce qui est important c’est que le fond tienne, quelles que soient les conditions dans lesquelles ils sont donnés !

Laurent Berman et Anne Quesemand, "Méliès, cabaret magique", © Philippe Rouget

Laurent Berman et Anne Quesemand, « Méliès, cabaret magique », © Philippe Rouget

As-tu une famille artistique ?

Ma maison et ma famille c’est le Théâtre de la Vieille Grille dirigé par Anne Quesemand et Laurent Berman. Je suis très attaché à ce lieu et aux personnes qui l’animent. C’est là où j’ai vraiment fait mes premières armes sur scène. Les moyens techniques sont assez simples mais le plateau accueille des artistes sensationnels qui vont souvent à l’essentiel, à l’épure. On n’a pas besoin de moyens énormes pour que la magie fonctionne. Tout est possible à partir du moment où l’on y croit ! De manière générale, j’aime les spectacles dépouillés mais flamboyants comme ceux de James Thierrée. J’aime les lieux qui ont une identité, le théâtre du Lucernaire, la Péniche Antipode…

J’ai découvert très récemment que tu avais une pratique de peintre …

La peinture est aussi magique. Elle participe à ma recherche du bonheur, au plaisir de la découverte. Ma peinture n’est pas figurative, je pars à l’aventure à chaque tableau. Je joue avec les couleurs et les plis du papier …

"Reflets" de Paul Maz, 2014

« Reflets » de Paul Maz, 2014

Joan Fontcuberta à la Maison Européenne de la Photographie

Diorama présentant "le grand gardien du Bien Total", Fauna, 1985-1989

Diorama présentant « le grand gardien du Bien Total », Fauna, 1985-1989

J’ai eu la chance d’assister à une conférence de Joan Fontcuberta à Arles en 2009. Il participait à un séminaire sur le « statut de la photographie à travers ses usages ». Moment privilégié où la rencontre d’une oeuvre vous oblige à déplacer vos lignes de pensée.       Au delà de ses publications, j’avais très envie de découvrir son travail in situ. La Maison Européenne de la Photographie lui consacre actuellement un vaste espace où neuf séries emblématiques sont présentées. Si la manipulation des images est au coeur de son travail, l’organisation de l’espace d’exposition est aussi un élément clé de ses projets. Il peut ainsi multiplier les moyens pour « faire croire », donner l’illusion de la réalité : dioramas et vitrines répondent aux photographies et films pour envelopper le spectateur d’informations multiples.

Vitrine consacrée à l'abbé Jean Fontana, Les Hydropithèques, 2003-2012

Vitrine consacrée à l’abbé Jean Fontana, Les Hydropithèques, 2003-2012

Les réactions des spectateurs sont passionnantes, les « c’est incroyable », « c’est pas vrai » fusent dans les salles … En fonction du parcours de l’exposition choisi, la crédulité des spectateurs évolue et impose parfois des retours sur preuve.  Des regards complices s’instaurent avec l’impression de participer à un grand jeu de piste. Connaître la démarche de l’auteur ne vous préserve pas de toute mystification. Face aux premiers paysages de la série Orogénèse, j’ai regretté haut et fort l’absence d’un cartel classique indiquant les coordonnées géographiques de ces paysages virtuels !

Quatre paysages virtuels réalisés par les logiciels Vistapro, Bryce et Terragen à partir des tableaux du Douanier Rousseau, Courbet, Kandinsky et Gainsborough, 2002-2004

Quatre paysages virtuels réalisés par les logiciels Vistapro, Bryce et Terragen à partir des tableaux du Douanier Rousseau, Courbet, Kandinsky et Gainsborough, Orogenèse, 2002-2004

L’esthétisme est aussi au rendez-vous. Devant les séries Palimpsestes et Herbarium, peu m’importe la véracité des images, l’agencement des formes et des couleurs me touche, le réel peut être réinventé !

Plusieurs reproductions d’un portrait du Gréco intriguent tout au long de la visite. Derrière cette image reprise sur la couverture du catalogue de l’exposition se dissimule une nouvelle série Camouflages … Joan Foncuberta qui a toujours aimé se déguiser invite à une dernière partie de cache-cache avec sa propre image !

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Atelier « cinéma d’animation » Maison Populaire de Montreuil

P1100643Après l’orient et les contes des mille et une nuits , nous allons animer cette année une histoire traditionnelle japonaise qui a pour héros un jeune garçon né dans une pêche, Momotaro ! Imprégnation de l’histoire, découpage des scènes-clés et recherche graphique des personnages sont des temps de préparation incontournables. Au travail !

L'attention est à son comble !

L’attention est à son comble !

Les résultats sont à la hauteur

Les résultats sont à la hauteur.

Les premiers vagissements de Momotaro !

Les premiers vagissements de Momotaro

Nous avons aussi continué à découvrir d’autres jouets optiques ; ombro-cinéma et Strobotop.


L’artiste italien, Virgilio Villoresi, a animé en ombro-cinéma les dessins de sa compatriote Virginia Mori. Un joli clip de John Mayer Submarine essai janvier 1967 ! Bonnes vacances !


CINE junior 24 : Quand les jouets s’animent au cinéma …

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Atelier au 3 cinés Robespierre de Vitry sur Seine

A l’issue de la projection de Drôle de grenier du réalisateur tchèque Jiri Barta, les enfants et leurs accompagnateurs étaient invités à participer à un atelier sur les jouets et le cinéma. Dans un premier temps, ils ont manipulé des folioscopes pour comprendre que le mouvement se crée grâce à une suite d’images fixes puis des animateurs et opérateurs en herbe ont animé une mini-séquence pour découvrir les possibilités de la prise de vue « image par image ».

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Cliquer ! 24 images par seconde !

Les enfants ont été ensuite invités à un voyage dans l’histoire du cinéma. Jiri Barta s’inscrit dans une longue lignée de réalisateurs qui n’ont pas renoncé à leurs rêves d’enfants ; créer de fabuleuses histoires en donnant la vie à des jouets…                                          Les jouets permettent ainsi d’établir des liens entre les oeuvres muettes des pionniers du cinéma et les productions contemporaines ; des oursons acrobates d’Edwin S Porter à la grande aventure des Légos de Phil Lord et Chris Miller !

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D’autres films à découvrir, d’autres ateliers à expérimenter… Quelques jours encore pour participer au festival Ciné Junior 24 !

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Hans Richter au Centre Pompidou-Metz

Vue de l'exposition "Hans Richter, la traversée du siècle" 9 janvier 2014

Vue de l’exposition « Hans Richter, la traversée du siècle » 9 janvier 2014

Fascinée par l’oeuvre d’Oscar Fishinger, j’avais très envie d’aller au Centre Pompidou-Metz découvrir le travail d’un autre grand nom du cinéma expérimental, Hans Richter. La rétrospective qui lui est consacrée est foisonnante et didactique, elle permet une approche complète d’un artiste qui m’était alors connu que par son film Rythme 21.


Dans un entretien filmé, Hans Richter donne les conditions matérielles dans lesquelles son film a été tourné : une table avec deux lampes de chaque côté, une caméra fixe au dessus et une multitude de rectangles et de carrés blancs, noirs ou gris, de toutes tailles. L’exposition permet de comprendre le processus de création dans lequel Richter s’est engagé avec son ami Eggeling et dont Rythme 21 est une étape clé : simplification à l’extrême des formes et des couleurs pour dépasser l’unité statique d’un tableau de chevalet, emprunt à la musique de la notion de contrepoint…                                                 « Avec le film, nous nous confrontions non seulement à l’orchestration de la forme mais aussi à ses relations au temps. L’unique image disparaissait dans un flot d’images qui ne se justifiait que s’il aidait à l’expression d’un nouvel élément : le temps. […]  On pouvait aisément diviser et « orchestrer » le simple carré de l’écran de cinéma. Ces divisions ou parties pouvaient alors être orchestrées dans le temps en prenant le rectangle de la « toile-film » d’une manière formelle et temporelle. En d’autres termes, je continuais avec l’écran ce que j’avais fait depuis des années avec la toile. Ce faisant, je trouvais une nouvelle sensation : le rythme qui est, je le pense toujours, la sensation maître de toute expression de mouvement… »                                                     (Extrait de Magazine of Art,1952)

A partir de 1926, Richter introduit dans ses films des images photographiques à côté des images de formes abstraites.

Photogrammes de Flmstudie (1926)

Photogrammes de Filmstudie (1926)

Je découvre avec jubilation son film Vormittagsspuk (fantômes avant déjeuner 1927). Encadré par le cadran d’une horloge, l’action se déroule entre 10h00 du matin et midi. Que se passe t-il ? Sous l’impulsion de quatre chapeaux melons, les objets semblent doués subitement d’une vie propre et n’en font qu’à leur tête ! En digne héritier de Méliès et compagnon des surréalistes, Richter joue avec les trucs que lui permet la caméra : prises de vue  » image par image », prises de vue en marche arrière, démultiplications, images négatives…


Flipbook, vers 1927, collection privée

Flipbook, vers 1927, collection privée

Tirage d'époque, vers 1927, Galerie Berinson, Berlin

Tirage d’époque, vers 1927, Galerie Berinson, Berlin

Au delà du cinéaste, l’exposition permet de découvrir l’éclectisme de Ritcher tant dans son refus de s’enfermer dans une forme ou un courant artistique que dans sa collaboration à des projets communs (revue, exposition, film). J’ai découvert aussi qu’un artiste conceptuel pouvait être amusant !

"Rythme 23" de Hans Richter,  huile sur rouleau, 4 mètres de long

« Rythme 23″ de Hans Richter, 1923, huile sur rouleau, 4 mètres de long

"Stalingrad" de Hans Richter, 1943-44, 479,7 cm

« Stalingrad » de Hans Richter, 1943-44, peinture, collage, 479,7 cm

Loulou, l’incroyable secret

1En 2003, l’album Loulou de Grégoire Solotareff s’animait sur nos écrans. Tom et Loulou se mettaient à bouger et à parler ! On retrouvait avec un plaisir indéniable ce couple insolite composé d’un petit lapin et d’un tout jeune loup. L’accident mortel de l’oncle de Loulou lors d’une leçon de chasse inaugurale privait Loulou de toute attache familiale et d’une éducation carnassière. Traumatisme libérateur, l’amitié choisi prenant le relais…  Rappelez-vous le bref dialogue entre Tom et Loulou après l’enterrement de l’oncle :              – T’as pas d’autres familles ?                                                                                                    – Je sais pas !                                                                                                                    Dix ans plus tard, les mystères de l’ascendance de Loulou sont au coeur d’une nouvelle aventure.

Graphiquement Loulou a perdu ses rondeurs de l’enfance et son pelage a viré au marron. Tom, lui, a peu changé. Avant de rencontrer le tailleur Simon-Edgar Finkel, il a toujours sa petite veste bleue pendant que Loulou se promène à poil !

Loulou et autres loups, 2003

Loulou et autres loups, 2003

Loulou l'incroyable secret, 2013

Loulou l’incroyable secret, 2013

Cependant le temps a passé et cette nouvelle aventure va les propulser dans le monde des grands. La cohabitation entre les différentes espèces est toujours au coeur de l’intrigue mais s’ouvrent à d’autres animaux ; Scarlett la belle renarde, la volatile Cornélia, Winston le domestique racé, la truculente Rosetta, les ours montures … Loulou devra affronter des questions existentielles voir shakespeariennes face à son perfide cousin, Lou-Andrea. Etre ou ne pas être… un loup ! Tom aura, quant à lui, des problèmes plus terre à terre à surmonter, il devra survivre dans un monde hostile pour ne pas abandonner son vieil ami. Dès la rencontre avec la magicienne Cornélia il sert de ballon à deux sangliers patibulaires et ce n’est rien par rapport à ce qu’il va vivre à Wolfenberg !

Contrairement au premier Loulou, le nouveau film est une oeuvre originale basée sur un scénario écrit par Grégoire Solotareff et Jean-Luc Fromental. S’inspirant de la pratique japonaise, l’éditeur Rue de Sèvres publie l’Anime comics du film. Les images sont extraites de photogrammes du film. Son intérêt principal est de prolonger le plaisir de la projection ! Les doubles pages dédiées au décor sont une excellente idée …

Loulou l'incroyable secret de Grégoire Solotareff et Jean-Luc Fromental, Rue de Sèvres, 2013

Loulou l’incroyable secret de Grégoire Solotareff et Jean-Luc Fromental, Rue de Sèvres, 2013

Si vous voulez découvrir les secrets de fabrication du film, n’hésitez pas à aller faire un tour sur le site des producteurs, Prima Linea, de nombreuses vidéos vous attendent !