Fac-similé de la vue stéréoscopique ayant inspiré la scène d’ouverture de « La ruée vers l’or » de Charlie Chaplin
« Voir c’est vouloir croire » « Voir le relief, c’est recevoir, au moyen de chaque oeil, l’impression simultanée de deux images dissemblables du même objet. » Euclide (300 AV JC)
Atelier proposé aux classes de cycle 3 dans le cadre d’École et Cinéma organisé à Paris par l’association Enfances auCinéma.
M’inspirant du projet du film absent proposé par l’association Passeurs d’images, j’ai décliné cette proposition pour parler avec les enfants de l’histoire de la 3D grâce à l’impressionnante séquence d’ouverture de La ruée vers l’or de Charlie Chaplin.
Photogrammes des deux premières séquences de La ruée vers l’or
Les enfant ont tout d’abord comparé les deux premières séquences du film en cherchant tout ce qui les opposait. Nous avons ensuite discuté sur la méthode de travail de Charlie Chaplin, ce dernier mettant un film en chantier à partir d’une idée générale. En l’occurence, l’idée de La ruée vers l’or lui est venue en observant une photo stéréoscopique chez ses amis et associés, Marie Pickford et Douglas Fairbanks. Cette photo montrait une foule de prospecteurs grimpant péniblement un col montagneux pour atteindre la rivière Yukon (Alaska) riche en or à la fin du XIX ème siècle.
Photos de B.L. Singley, 1898
Répartis en trois groupes les élèves ont découvert par la manipulation différents moyens de voir des images en relief.
Stéréoscopes et visionneuses 3D
Anaglyphes
Stéréogrammes ou « images magiques »
Enfin, nous avons vu comment le principe de l’image 3D s’était appliqué au cinéma.
« Alice’s wonderland », pilote de la série des « Alice’s Comedies », 1923
« J’espère seulement qu’on ne perdra pas de vue une chose : tout a commencé avec une souris. » Cette phrase célèbre de Walt Disney n’est pas complètement juste. Avant sa célèbre souris, une petite fille réelle, Virginia Davis, âgée de 5 ans, a été l’héroïne d’une série combinant prises de vue en continue et dessins animés, la série des Alice’s Comedies. À la réouverture des cinémas, les jeunes élèves parisiens inscrits dans le dispositif Mon premier Cinéma vont découvrir quatre épisodes de cette série dans la salle de cinéma de leur quartier.
En collaboration avec l’association Enfances au Cinéma, j’ai eu le plaisir d’animer un atelier pour préparer cette sortie tant attendue. Réalisée à l’époque du cinéma muet, la série des Alice’s Comedies permetde faire découvrir aux enfants comment faire bouger les images et comment les rendre sonores. Bienvenue à Cartoon Land !
Découvrons tout d’abord le visage de Walt Disney et de son complice, le grand dessinateur américain Ub Iwerks.
À l’aide des jouets du pré-cinéma, les enfants comprennent peu à peu comment faire bouger un dessin.
Avant de bruiter des images, nous réveillons notre corps pour être plus attentifs.
Voici deux bandes-son réalisées par nos apprentis bruiteurs, un grand bravo à tous !
Stage à la médiathèque des Quais de Charenton-le-Pont, avril 2021
Mercredi 21 avril 2021, projection des courts métrages : – Circuss, Sarah Moon, 2002 – Conte de quartier, Florence Miailhe, 2006
Sarah Moon et Florence Miailhe
« Dans mes films adaptés de contes, c’est différent. Je les nomme « home movies », car je les tourne en quatre à cinq jours, avec très peu de moyens. Je comble les trous du récit avec des photos, nouvelles ou anciennes, comme je me sers de ma voix pour raconter l’histoire, parce que tout cela, je l’ai sous la main. C’est vraiment artisanal. » Interview de Sarah Moon, The Art Newspaper, 6 septembre 2020
Demain ? La photographie, Sarah Moon, 2017
» On aurait donc bien tort d’établir de différences trop grandes entre son travail et la peinture immobile, qui fige et emprisonne le moment. D’ailleurs entre deux films (chacun lui a demandé environ deux ans de travail ), elle revient à la toile. Pour se libérer du carcan technique de l’animation. Pour se donner le temps d’hésiter, de traîner, de gâcher. Pour laisser surgir les idées qui feront le prochain film. Florence dit qu’elle trouve quand elle peint. Comme si la peinture était à l’origine. Comme si elle était la source dont il faudrait faire un fleuve. »Un portrait de Florence Miailhe, Marie Desplechin, Chroniques d’ici et d’ailleurs, Garde -Temps, Arte Éditions, 2006
Cinq jeunes se sont retrouvés à la médiathèque pour cette première séance de stage. Un luxe appréciable en ces temps de COVID-19. Après la projection des deux courts métrages chacun a noté sur des post-it colorés ses premières réactions afin de nourrir l’échange passionnant qui a suivi leur mise en commun.
Jeudi 22 avril 2021, atelier folioscope / flip-book
L’envol d’oiseaux vu par Sarah Moon (Circuss) et Florence Miailhe (Conte de quartier)
« On ne sait plus ce qui bouge et ce qui est immobile, le cinéma redevient ce qu’il est ; une succession d’images fixes qui dansent avec le temps, le temps qui fuit et qui revient, et le noir, et le blanc, qui se partagent la mise. » Comme si le cinéma s’inventait à nouveau, Philippe Rousselot dans le catalogue de l’exposition PasséPrésent, Sarah Moon, Paris Musée, 2020
Après avoir manipulé des jouets optiques, les enfants ont rendu une nouvelle vie à des livres mis au rebut en dessinant à leur tour l’envol d’un oiseau et une métamorphose impressionnante.
Une dernière découverte avant de se quitter, la vidéo Second hand reading de l’artiste sud africain William Kentridge qui transforme un dictionnaire en un flip-book.
Cyclopedia of drawing, William Kentridge, 2004
« Mes premières animations ont consisté à dessiner des balles qui rebondissent dans les marges des pages de mes livres de classe. Je pense que c’est mon père qui m’a appris à faire ça ; c’est une technique d’animation qui remonte aux années 1920. Je me demande si les élèves faisaient cela avant le cinéma d’animation ; dans les musées sur l’histoire du cinéma, je n’ai pas vu de livres du début du XIXème siècle contenant ce genre de dessin en marge. » Le dessinateur et son double, entretien « en stéréo » avec William Kentridge, Michael Auping, dans William Kentridge, cinq thèmes, exposition au Jeu de Paume, 2010
Pour la deuxième année consécutive, j’ai eu le plaisir d’être associée au projet de deux classes de CE1 de l’école Ferdinand Buisson d’Antony. Guidés par leur maîtresse, les enfants préparent un spectacle sur l’histoire du cinéma. L’an dernier, la couleur était le fil rouge des différents tableaux du spectacle, cette année ce sont les émotions. En lien avec le programme « Même pas peur » que les enfants devraient découvrir au cinéma le Sélect, nous avons lors d’une première séquence travaillé à partir du premier court métrage d’Abbas Kiarostami, « Le pain et la rue. »
Synopsis : Un petit garçon doit ramener le pain à la maison. Mais comment faire pour éviter le gros chien qui lui barre la rue ?
En contrepoint de la peur suscitée par un chien, nous avons ensuite regardé un extrait du très beau long métrage de la réalisatrice Anca Damian, L’extraordinaire voyage de Marona, qui met en scène, cette fois-ci, la peur ressentie par une petite chienne. Après la lecture de l’affiche et le visionnement de la bande annonce…
… les enfants ont exploré 57 secondes du film. Les voici …
Les enfants, une fois de plus, ont dépassé nos attentes dans la pertinence de leurs remarques. La peur d’être à nouveau abandonnée par son maître déclenche chez Maronna des hallucinations, elle imagine que les immeubles se mettent à bouger pour l’encercler et l’emprisonner. La réalisatrice alterne des plans objectifs aux plans subjectifs pour que nous partagions les émotions de la petite chienne.
Trois plans subjectifs présents dans l’extrait. Un « plan subjectif » est un plan qui permet au spectateur d’adopter le point de vue d’un personnage, comme s’il voyait à travers ses yeux.
La voix off nous permet d’avoir accès aux pensées de Marona. Deux voix s’affrontent à l’intérieur de son corps, l’une lui dit que son maître l’a oublié, qu’il ne reviendra pas, tandis que l’autre l’enjoint à se calmer, que l’homme va revenir… Un enfant fait le lien avec un film de Spiderman, lui aussi est écartelé entre deux voix intérieures représentées par un ange et un démon.
Si Le pain et la rue est tourné en prise de vue continue, L’extraordinaire voyage de Marona est quant à lui un film d’animation tourné « image par image ». Nous avons terminé la séance en réalisant une petite séquence animée pour comprendre par l’action la technique du papier découpé.
Voici la représentation par le dessin de la technique « image par image » et les deux séquences.
Atelier « Georges Méliès, la magie du cinéma », centre de loisirs Fraboulet de Mitry-Mory le 25 février 2021
Méliès est selon Edgar Morin « Le prestidigitateur qui mit le cinématographe dans un chapeau pour en faire sortir le cinéma. » Gageons que cette année 2021 soit son année avec l’ouverture très attendue du nouvel espace d’exposition permanente de la Cinémathèque qui lui rend un hommage appuyé ! Pour les impatients, plusieurs publications sont d’ores et déjà disponibles.
Il vous reste aussi quelques jours pour regarder sur Arte le superbe documentaire d’Eric Lange qui lui est consacré.
Quant à moi j’ai eu le plaisir de proposer à nouveau un atelier autour de ce grand monsieur et de son truc mythique, l’arrêt de la caméra. Que se soit dans le cadre scolaire avec deux classes de CE2 de Noisy-le-Sec ou dans le cadre des vacances avec des enfants d’un centre de loisirs de Mitry-Mory, le même enthousiasme s’est manifesté à être devant ou derrière la caméra.
Un autre film à voir sur la page Youtube du cinéma Le Trianon
En attendant la réouverture des salles de cinéma partenaires du dispositif Mon premier cinéma, l’association Enfance au cinéma a organisé dans les classes de maternelle des ateliers autour de courts métrages disponibles sur la plateforme pédagogique de l’Agence du court métrage, le Kinétoscope.
J’ai eu le plaisir de présenter à quatre classes le très beau court métrage de la réalisatrice russe Natalia Chernysheva, Flocon de neige.
Aperçu en images de ces rencontres entre les enfants et les images animées.
Préparation du matériel
Lecture de l’affiche et projection du film
Raconter l’histoire à l’aide d’images séquentielles
Réveiller son corps pour jouer avec les sons
Atelier bruitage ; les pas dans la neige
Bruiter la bande son qui a disparu
Un grand merci aux classes de Sybille, Céline, Sophie et Anne et une grosse pensée pour leur cinéma de quartier, l’Entrepôt, le Chaplin Denfert et le Luminor.
Une petite fille imite les gestes de « Rita & le crocodile, À la belle étoile« .
» L’homme, depuis les origines, a utilisé le feu et les ombres pour le jeu, les rituels et le spectacle… » et la fascination que les ombres exercent sur les hommes continue d’être forte auprès des jeunes enfants du XXI ème siècle. Preuve à l’appui avec deux classes de petite et moyenne section de maternelle qui ont exploré différents jeux avec l’ombre et la lumière, entre expérimentation et imagination.
Bouger avec son ombre et celle des copains en dansant sur la musique de Pawo de Antje Heyn. Vous pouvez en écouter un petit extrait ci-dessous !
Allumer et éteindre une lampe de poche, ça c’est de la motricité fine !
Découvrir les ombres produites par différents objets de la cuisine. « Des p’tits trous des p’tits troustoujours des p’tits trous ».
Fabriquer un jeu de mémory en associant des objets de la classe avec leur ombre.
Créer des monstres à quatre bras. Manipuler des marionnettes …
… et créer des mini-scénarios à deux !
Regarder des extraits de films et lire des photogrammes.
Ces différentes activités prennent tout leur sens grâce aux enseignantes qui les reprennent et les enrichissent dans le quotidien de la classe.
Fin septembre, je recevais une proposition insolite du Théâtre-Cinéma Georges Simenon de Rosny-sous-bois, imaginer un atelier en lien avec le spectacle Jours d’école del’artiste Prieur de la Marne. Je ne connaissais pas l’univers de l’artiste mais un petit tour sur internet avec le visionnement de quelques extraits de ses précédents spectacles et l’interview ci-dessous m’a donné envie de dire « oui ».
Le mystère qui entoure le contenu de son spectacle Jours d’école me donnait une grande liberté pour construire un atelier avec les enfants de deux classes de CP de l’école Jean Mermoz. J’ai eu envie de leur proposer de réaliser une vidéo dont le sujet serait l’artiste lui-même et de commencer à découvrir l’art du mixage par la pratique…le tout en une matinée seulement.
Prendre deux images qui existent déjà et en inventer une troisième par le découpage-collage. Les enfants se sont amusés à créer un troisième Prieur de la Marne complètement imaginaire celui-ci.Dans l’affiche se cachait un personnage intrigant tout de noir vêtu, maîtresse pour les uns, maître nageur pour les autres… Un zoom dans l’image numérique a permis de dévoiler un homme tout de noir vêtu portant sur son épaule une carabine. Toute ressemblance avec une personne réelle serait-elle fortuite ?
Après l’image, nous nous sommes intéressés aux sons présents dans les films : aux voix, aux ambiances et à la musique… Nous nous sommes amusés avec des jeux vocaux avant d’enregistrer le titre du spectacle et un appel angoissé à PRIEUR !
Enfin, Prieur de la Marne nous a envoyé une petite vidéo que nous avons découpée et transformée… L’arroseur arrosé ! L’enregistrement de la sonnerie de l’école, quelques ambiances de récréations récupérées sur internet et une musique libre de droit ont complété notre batterie de sons.
La vidéo est en ligne !
Merci aux élèves, aux deux enseignantes, à Clara et au Théâtre-Cinéma Georges Simenon pour cette collaboration enjouée. ET … il va sans dire que nous sommes tous impatients de découvrir le spectacle de Prieur de la Marne et de savoir enfin quel est ce mystérieux homme en noir…