« École et Cinéma 92″, Même pas peur !

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Cinq photogrammes issus des courts métrages du programme « Même pas peur ! » lié au dispositif « École et Cinéma »

« On les (ses peurs) approche, en revanche, avec infiniment plus de douceur, quand on peut les rencontrer dans un récit qui, tout en nous racontant des histoires lointaines, nous parle aussi de nous…  …/… Les récits sont de véritables cadeaux, les plus beaux cadeaux qu’on puisse offrir aux enfants : ils leur parlent d’eux sans les violer dans leur intimité. Il les relient, à travers les âges et au-delà des histoires singulières de chacune et de chacun, à la communauté des humains dans ce qu’elle a de plus universel.  »                                    Même pas peur de la peur !, Philippe Mérieu dans Même pas peur !, ouvrage collectif, Gallimard Jeunesse, 2012

Formation en distanciel le mercredi 31 mars 2021

Document à télécharger : Bibliographie, filmographie, sitographie                                                                                                                                                                                     Le Pain et la rue, Abbas Kiarostami, 1970

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 » …/…  J’avais trente ans lorsque j’ai réalisé Le pain et la rue, il y avait des enfants autour de moi qui m’ont permis de replonger dans cet univers. Et ma propre enfance n’étant pas si éloignée, j’ai eu recours à une émotion très forte issue de ma propre expérience. Comme beaucoup d’entre nous, j’avais peur des chiens, et dans ma famille j’avais la responsabilité d’aller chercher le pain. La distance était longue, c’était l’après-guerre et il fallait passer par ce dédale de ruelles, le pain à la main. Je me suis rappelé mon propre désarroi et il me semble qu’encore aujourd’hui je n’ai guère de mal à me replonger dans les émotions positives ou négatives qui étaient les miennes à cet âge-là. L’enfant qui est en nous n’est jamais loin. »                                                               Cahier de l’invité, SAPHIRE, Abbas Kiarostami, 2013

Documents à télécharger : Images séquentiellesOù est la maison de mon ami ? la scène du chienplans subjectifs

Allez Hop !, Juliette Baily, 2012                                                                              Documents à télécharger : Imagine et dessine l’environnement autour du plongeoir et de la nageuse.Recherches graphiques

la piscine from GIF TEAM on Vimeo.

Shopping, Vladilen Vierny, 2013

microgeste1Documents à télécharger : La caméra au plus près du personnageJuste une mise au point !Un accessoire clé !

La Saint-Festin, Anne-Laure Daffis et Léo Marchand, 2007                                                      Documents à télécharger : - Le montage alternéEmpathie,L’échelle des plans,Le jeu des différencesL’art des mélanges,

 La grosse bête, Pierre-Luc Granjon, 2013

changement de tableau  Documents à télécharger : Images séquentiellesDossier préparatoire

« Une histoire du cinéma… Deux histoires de chien… »

IMG_6254Pour la deuxième année consécutive, j’ai eu le plaisir d’être associée au projet de deux classes de CE1 de l’école Ferdinand Buisson d’Antony. Guidés par leur maîtresse, les enfants préparent un spectacle sur l’histoire du cinéma. L’an dernier, la couleur était le fil rouge des différents tableaux du spectacle, cette année ce sont les émotions. En lien avec le programme « Même pas peur » que les enfants devraient découvrir au cinéma le Sélect, nous avons lors d’une première séquence travaillé à partir du premier court métrage d’Abbas Kiarostami, « Le pain et la rue. »

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Synopsis : Un petit garçon doit ramener le pain à la maison. Mais comment faire pour éviter le gros chien qui lui barre la rue ?

En contrepoint de la peur suscitée par un chien, nous avons ensuite regardé un extrait du très beau long métrage de la réalisatrice Anca Damian, L’extraordinaire voyage de Marona, qui met en scène, cette fois-ci, la peur ressentie par une petite chienne. Après la lecture de l’affiche et le visionnement de la bande annonce…

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… les enfants ont exploré 57 secondes du film. Les voici …

   Les enfants, une fois de plus, ont dépassé nos attentes dans la pertinence de leurs remarques. La peur d’être à nouveau abandonnée par son maître déclenche chez Maronna des hallucinations, elle imagine que les immeubles se mettent à bouger pour l’encercler et l’emprisonner. La réalisatrice alterne des plans objectifs aux plans subjectifs pour que nous partagions les émotions de la petite chienne.

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Trois plans subjectifs présents dans l’extrait. Un « plan subjectif » est un plan qui permet au spectateur d’adopter le point de vue d’un personnage, comme s’il voyait à travers ses yeux.

La voix off nous permet d’avoir accès aux pensées de Marona. Deux voix s’affrontent à l’intérieur de son corps, l’une lui dit que son maître l’a oublié, qu’il ne reviendra pas, tandis que l’autre l’enjoint à se calmer, que l’homme va revenir… Un enfant fait le lien avec un film de Spiderman, lui aussi est écartelé entre deux voix intérieures représentées par un ange et un démon.

Si Le pain et la rue est tourné en prise de vue continue, L’extraordinaire voyage de Marona est quant à lui un film d’animation tourné « image par image ». Nous avons terminé la séance en réalisant une petite séquence animée pour comprendre par l’action la technique du papier découpé.

Capture d’écran 2021-03-09 à 17.40.21Voici la représentation par le dessin de la technique « image par image » et les deux séquences.

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Les enfants racontent leur deuxième séance.

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Les livres illustrés et les films d’animation de l’institut Kanoun

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Logo du studio Kanoun, Iran

Intriguée par le logo animé qui annonce les courts métrages des contes de la mère poule, j’ai été ravie d’assister à la conférence donnée par Bamchade Pourvali au Forum des images le mois dernier sur l’Institut pour le Développement Intellectuel des Enfants et des Adolescents, l’institut iranien Kanoun. Particulièrement intéressée par les liens entre les livres illustrés et le cinéma d’animation, j’ai choisi dans cette très riche présentation des oeuvres d’artistes qui sont à la fois illustrateur et réalisateur.

L’idée première de l’institut Kanoun, créé en 1964, était de favoriser la traduction, l’édition et la diffusion de livres en direction de la jeunesse à travers un large réseau de bibliothèques. Les bibliothèques se sont rapidement transformées en centre d’art proposant des activités artistiques de plus en plus variées aux enfants ;  cinéma, musique, danse, théâtre…                                                                                                                                                        Un des premiers livres marquant de l’institut a été la création en 1967 de l’album Le petit poisson noir par l’écrivain Samad Behrangi et l’illustrateur Farshid Mesghali.

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Paru en 2006 aux éditions Grandir

Le petit poison noir est un être de désir, il veut savoir comment se termine le cours d’eau dans lequel il vit avec sa mère. Contre l’avis de cette dernière, il décide de suivre le fil de l’eau et d’atteindre l’océan. Au cours de son voyage il fait de nombreuses rencontres avec différentes créatures qui peuplent la rivière… Pour Bamchade Pourvali, cet album introduit l’une des philosophies essentielles de l’institut Kanoun, inviter les enfants à sortir de leur cadre habituel pour aller à la rencontre de la vie.

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pelicanCe récit initiatique est accompagné de magnifiques linogravures de l’artiste Farshid Mesghali qui réalisera par la suite le premier dessin animé produit par le Kanoun, Agha-ye Hayoola (M. Monstre) en 1970 .                                                                                       Petit poisson noir remporte en 1969 le grand prix du livre pour enfants de Bologne.

Le deuxième album présenté par Bamchade Pourvali est Les corbeaux de l’écrivain Nader Ebrahimi et de l’illustrateur Noureddin Zarinkelk.

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L’illustration de la couverture rappelle le court-métrage du dessinateur Chaval, Les oiseaux sont des consque devait connaître Noureddin Zarinkelk ayant étudié l’animation en Europe auprès de Raoul Servais. Les fleurs du tapis est un autre album réalisé par ce duo d’auteurs. L’illustration, d’un style très différent de l’album précédent, est un hommage à l’art du tapis iranien.

les-fleurs-du-tapis2Le premier film réalisé en Iran par Noureddin Zarinkelk est un petit bijou surréaliste qui enchaîne à un rythme trépidant de multiples métamorphoses : le penseur de Rodin côtoie la statue de la Liberté mais aussi un mollah et une femme voilée.

Quatre plus tard, il réalise Amir Hamzeh et le Zèbre qui est une oeuvre majeure selon Bamchade Pourvali. Ce film rassemble de nombreux éléments de la culture iranienne : les miniatures, la musique, la danse et aussi la figure du diable…

Un autre artiste fondateur du Studio d’animation Kanoun est Ali Akbar Sadeghi, les miniatures iraniennes et les légendes du Livre des Rois sont à la source de ses illustrations et de ses films.abdolrazagh-palhevan

Le dernier film d’animation présenté est l’oeuvre du cinéaste Sohrab Shahid-Saless qui s’inspire directement de la technique de la pixilation inventée par Norman McLaren.

Tous les films réalisés dans le cadre de l’institut Kanoun, quelque soit leur durée, étaient accompagnés à leur sortie par une affiche. C’est Abbas Kiarostami qui est l’auteur de celle du film de Sohrab Shahid-Saless, un bel exemple de son talent de graphiste.

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Abbas Kiarostami, Noir et blanc, 1972

Pour ceux qui aimeraient continuer cette découverte… De nombreux courts métrages d’animation réalisés dans le cadre de l’institut Kanoun ont été édités en DVD par les distributeurs suivants : Les films du préau, Les films du Whippet et Les films du paradoxe.