« Charlot fait une cure (The cure) « , Charles Chaplin, 1917
» Sommes décidés à vous citer en justice pour douleurs intercostales dues à hilarité excessive : avons vu The Cure. Télégramme reçu par Chaplin envoyé par Marie Pickford et Douglas Fairbanks. » Le cinéma comique américain, Tarte à la crème et coups de pied aux fesses, vol 1, Enrico Giacovelli, Gremese, 2012, page 74
Projection-conférence :Charlot fait une cure, Charles Chaplin, 1917 Malec forgeron, Buster Keaton, 1922 Pour épater les poules, Charles R. Bowers, 1925 Cinéma Le Rex de Châtenay-Malabry Samedi 6 octobre 2018 Cinéma Jean Vigo de Gennevilliers Samedi 13 octobre 2018
New York et la découverte d’une ville à travers le regard des photographes et des cinéastes qui l’ont arpentée avant moi … Alfred Stieglitz, Edward Steichen, Berenice Abbott, Walker Evans, Paul Strand, Lewis Hine, Diane Arbus, Garry Winogrand, Lee Friedlander, William Klein, Paul Graham … Impossible de faire une liste exhaustive des photographes qui ont capturé l’image filante d’une ville fascinante par son architecture et ses habitants ! Mais plus encore que des photographies, ce sont des extraits de films qui sont imprimés dans ma mémoire. Petite sélection personnelle des lieux de New York qui ont une empreinte cinématographique …
La gare de Grand Central dans « La mort aux trousses » d’Alfred Hitchcock, 1959
Parc Battery dans « Recherche Susan désespérément » de Susan Seidelman, 1985
Tiffany and Co dans « Diamants sur canapé » de Blake Edwards, 1961
Central Park dans « Marathon Man » de John Schlesinger, 1976
L’Empire State Building dans « Alice dans les villes » de Wim Wenders, 1974
Réminiscence d’images mais envie aussi d’en découvrir d’autres dans la rue et dans les musées. Ma première visite est pour l’ICP, l’International Center of Photography. Une exposition est consacrée aux photographies en couleur de Robert Capa. Une découverte totale ! Dès 1938, Capa explore les possibilités offertes par les films Kodachrome et très vite il se déplace avec deux appareils chargés respectivement d’une pellicule en noir et blanc et d’une pellicule couleur. Photo journaliste reconnu après ses reportages sur la guerre d’Espagne, il a beaucoup de mal à faire publier ses photographies couleurs. Pour de nombreux responsables de la presse, la couleur est associée à la publicité, le « noir et blanc » étant lui, lié aux sujets plus sérieux. Ce sont des revues comme Holiday ou Look qui publient les photographies effectuées lors de ses nombreux voyages en France , en Italie, en Norvège, en Hongrie, en Israël …
Exposition « Capa in color » à l’ICP, avril 2013
Exposition « Capa in color »à l’ICP, avril 2013
Une belle occasion aussi de découvrir ses talents de portraitiste que ce soit avec des mannequins posant pour des photos de mode ou avec ses amis artistes. Les photographies de l’exposition sont en ligne sur le site Magnum, à voir !
Si aucun autre musée n’est consacré exclusivement à la photographie, j’ai eu beaucoup de plaisir à parcourir les expos permanentes ou temporaires du Whitney Museum of American Art, du Guggenheim Museum, du MoMA et du Met… Pour rester dans la photographie couleur, le face à face dans la même pièce des photographies de William Eggleston et des peintures d’Edward Hopper est une expérience riche en correspondance.
Railroad Crossing d’Edward Hopper, 1922-1923
Untitled (Ground view of street) de William Eggleston, 1970
Un petit tour à la Biennale d’art contemporain du Whitney Museum s’impose. Etrange, ce sont les artistes photographes qui ont retenu le plus mon attention… Zoe Leonard et sa camera obscura ( j’adore ! ), Sarah Charlesworth, Dawoud Bey et Stephen Berens.
945, Madison Avenue de Zoe Leonard, 2014, Withney Museum
Work in progress (camera work) de Sarah Charlesworth, 2009
Maxine Adams et Amelia Maxwel (Birmingham projet), Dawoud Bey, 2012
40 vues de Rome de Stephen Berens, 2005
Je suis aussi fascinée par les illusions visuelles de Miljohn Ruperto. On peut voir tout d’abord une série de photographies de plantes intitulée « études botaniques Voynich ». Les photos sont magnifiques, le travail sur la lumière est extraordinaire mais lorsqu’on regarde un peu plus attentivement les fleurs représentées, un doute s’installe sur la réalité de ce que l’on voit …
Etudes botaniques Voynich de Miljohn Ruperto et Ulrick Heltoft, 2013
Etudes botaniques Voynich de Miljohn Ruperto et Ulrick Heltoft, 2013
Un coup d’oeil au cartel nous apprend que ces photographies sont à l’origine des illustrations d’un manuscrit du 16 ième siècle dont on n’a jamais percé le secret ! A partir de ces dessins de plantes inconnues, Miljohn Ruperto et son complice Ulrick Heltoft ont créé des plantes en 3D qui ont été ensuite photographiées en argentique … Je suis aussi très attirée par la vidéo « Janus » qui reprend la célèbre image ambiguë du « lapin-canard ».
Lapin-canard, Fliegende Blätter, 1892
Troublant de voir notre perception changée au rythme de la respiration de cet étrange hybride blessé … Pour le voir s’animer quelques secondes, cliquez ! Janus
Janus de Miljohn Ruperto, animé par Aimée de Jongh, 2014
Au MoMA, j’ai été particulièrement sensible à l’expression du mouvement dans de nombreuses oeuvres sélectionnées pour l’exposition Un monde à part: les pratiques photographiques dans le studio. Les photographies multiflash d’Harold Edgerton, les séquences photographiques d’Eadweard Muybridge à John Balessari et la vidéo de Peter Fischli et David Weiss…
Cockatoo vol: Plaque 762 de Animal Locomotion d’Eadweard Muybridge, 1884_1886
Golfeur d’Harold Edgerton, 1937
Charlie Chaplin d’Edward Steichen, 1931
Dropping Milk de William Wegman, 1971
Kitchen Frenzy d’Anna et Bernhard Blume, 1986
Throwing four balls in the air to get a square de John Baldessari, 1972-73
Extrait de 3 min de la vidéo « The way things go » de Peter Fischli et David Weiss, 1987 (30 min)
Et encore… Carrie Mae Weems au Guggenheim museum, Marville et Kentridge au Met !
Kitchen table séries de Carrie Mae Weems, 1990
Les rives de la Bièvre de Charles Marville, 1862
The refusal of time de William Kentridge, 2012
J’ai aussi beaucoup apprécié jouer au MoMA Art Lab et au musée du cinéma ! Réaliser des petites séances animées et des flipbook photographiques, jouer avec la bande son des films, je ne m’en lasse pas !
Dans une petite rue près de l’Arsenal de Venise, 19 juillet 2013
Sélection d’images fixes et animées qui m’ont fait vibrer cet été !
ANNECY
Pour une inconditionnelle du cinéma d’animation, commencer ses vacances par une étape à Annecy est hautement symbolique. Le festival est terminé depuis plusieurs semaines mais reste l’exposition permanente, un petit tour au musée-château et au conservatoire d’art et d’histoire s’impose avant d’aller se rafraichir dans le lac !
C’est l’oeuvre d’un couple, François et Chantal Loriot-Mélia, qui ouvre cette sélection estival. Elle est présentée dans la dernière salle du parcours art contemporain du musée-château, je suis fascinée par sa beauté et sa poésie. Des morceaux de verre sont collés sur une roue de bicyclette qui tourne doucement devant un faisceau lumineux, les ombres projetées de cette installation créent un paysage de montagne qui se déploie sous nos yeux comme un long rouleau de peinture chinoise.
Ready made in China, François et Chantal Loriot Mélia, 2000
La vue et la compréhension du dispositif très prosaïque amplifient l’émotion ressentie face aux images flottantes.
Et aussi …
Philippe Ramette et Bernard Moninot au musée-château, l’exposition permanente et l’exposition temporaire JPL Films au CITIA.
espace d’exposition CITIA
MILAN
Toutes les salles du Pavillon d’Art Contemporain (PAC) de Milan sont consacrées à l’exposition « Rise and Fall of Apartheid: Photography and the Bureaucracy of Everyday Life ». Cette impressionnante exposition explore 50 ans de guerre civile (1948-1994) à travers la vision de 70 photographes sud-africains.
Je suis touchée par cette approche foisonnante, les photos de lutte contre le régime inique de l’apartheid côtoient les photos de la vie quotidienne marquée elle aussi par la ségrégation raciale.
Une salle est consacrée au cycle de films d’animation « Drawings for projection » de William Kentridge. J’avais découvert cet artiste lors de sa rétrospective au Jeu de Paume en 2010, j’avais été alors fascinée par sa technique d’animation au fusain, créant le mouvement par une succession de gommages et d’ajouts. La vision des films dans ce nouveau contexte d’exposition me fait percevoir pleinement leur dimension politique. Rien n’est figé, l’oeuvre et le regard porté sur elle sont en perpétuel mouvement.
Felix in Exile, William Kentridge, 1994
Et aussi …
Deux superbes expositions : la collection de « mini-portraits » de Cesare Zavattini à la Pinacothèque de Brera et « Gianni Berengo Gardin, histoire d’un photographe » au Palais Reale.
« Cesare Zavattini, Luzzara » de Gianni Berengo Gardin, 1973
VENISE
Aimer Venise est un cliché pour certains, mais moi j’aime passionnément cette ville, j’aime me perdre dans ses ruelles, j’aime la rencontre de l’eau et des vieilles pierres, j’aime partager ce plaisir avec pleins de touristes aux yeux qui brillent. Et puis, cette année, c’est la Biennale d’Art contemporain, je ne boude pas mon plaisir, j’arpente en long et en large les Guardini et l’Arsenal. Le pavillon flottant du Portugal m’offre même un petit tour en bateau, que du bonheur !
Trafaria Praia de Joana Vasconcelos, Pavillon du Portugal, Biennale de Venise, 2013
« Le palais encyclopédique » exposition internationale
Les images qui bougent m’attirent particulièrement, j’ai trouvé dans l’exposition » Le palais encyclopédique » trois artistes qui explorent le collage et l’image en mouvement avec dextérité : l’hallucinant « Heaven and Earth Magic » d’Harry Smith, le vertigineux « Movie mural » de Stan Vanderbeek et l’inclassable « Grosse fatigue » de Camille Henrot.
Photogramme du Film n°12, Heaven and Earth Magic, Harry Smith, 1959-61
Extrait de Movie Mural de Stan Vanderbeek, 1986-2013
Photogramme de Grosse fatigue, Camille Henrot, 2013
C’est par leur vidéo « Le cours des choses » que j’avais découvert les deux artistes suisses, Peter Fischli et David Weiss. Ils sont présents à la Biennale avec un tout autre support, des sculptures en argile cru. Leur sens de l’humour et leur goût de l’accumulation me ravissent.
Suddenly this overview, Peter Fischli et David Weiss, 1981-
Brunelleschi invente la perspective, Fischli et Weiss, 1981-
Opposition populaire : construction et déconstruction, Fischli et Weiss, 1981-
Les pavillons nationaux
Le pavillon libanais est consacré à la lumineuse vidéo « Letter To A Refusing Pilot » d’Akram Zaatari.
Photogramme « Letter to a refusing pilot », Akram zaatari, 2013
Dans les années 80, une rumeur commence à circuler au Liban, un pilote de l’armée israélienne aurait refusé de lacher une bombe sur son objectif sachant que le bâtiment visé accueillait une école. Akram Zaatari est d’autant plus sensible à cette histoire que cette école se trouve dans sa ville natale, Saïda, et que son père en a été le directeur pendant une vingtaine d’années. Des années plus tard, lors d’un échange avec le réalisateur israélien Avi Mograbi, Zaatari découvre que le pilote fantasmé existe, il s’appelle Hagai Tamir. Fiction et réalité, mémoire collective et individuelle s’entrelacent étroitement dans la vidéo qui utilise tout aussi bien des documents d’archive que des prises de vue actuelles.
Photogramme « Letter to a refusing pilot », Akram Zaatari, 2013
Photogramme « Letter to a refusing pilot », Akram Zaatari, 2013
Grosse surprise en pénétrant dans la salle centrale du pavillon autrichien, un court dessin animé passe en boucle. C’est léger, reposant même, après certains pavillons hermétiques. On suit en chantonnant les aventures sylvestres d’un âne en costume de marin mais très vite on se demande pourquoi une Silly Symphony des studios Disney représente l’Autriche en 2013 … Erreur, j’ai été dupée, la lecture du cartel nous apprend que cette oeuvre est contemporaine et qu’elle n’est pas un Disney inédit mais la création d’un jeune artiste Mathias Poledna.
Imitation of life de Mathias Poledna, 2013
Mathias Poledna a travaillé à l’ancienne, réalisant plus de 5000 dessins avec des vétérans des studios californiens. Il a aussi réorchestré une chanson populaire des années 30 « I got a feeling, you’re foolin’with me « . Coup de projecteur sur une période sensible ? Hommage au cinéma d’animation traditionnel ? Mystification ?
Et aussi …
Les tags animés du pavillon vénézuélien, les expériences sensitives au pavillon coréen, Josef Koudelka au pavillon du Vatican, Zanele Muholi au pavillon sud-africain, les planches originales de « La Genèse » de Crumb …
Josef Koudelka au Pavillon du Vatican, Biennale de Venise, 2013
MOULINS
Depuis son ouverture je rêvais de visiter le Musée de l’Illustration Jeunesse. Ravie de le découvrir avec l’exposition temporaire consacrée à Georges Lemoine. Les dessins originaux exposés révèlent toute la finesse et la richesse de ce grand artiste. J’aime sa conception de l’illustration vue comme une interprétation musicale. De belles heures de lecture en perspective …