Jung réussit dans son roman graphique « Couleur de peau : miel » à nous offrir un récit très personnel et universel à la fois. Il raconte son adoption à l’âge de 5 ans par une famille belge. Son récit chronologique, de la naissance à « aujourd’hui », articule différents registres qui s’entrelacent ; la chronique de son enfance et de son adolescence, des données sur l’adoption des enfants coréens, ses interrogations d’adulte et aussi les rêves et les cauchemars qui l’ont accompagné tout au long de son parcours. Ses dessins très expressifs sont en noir et blanc, son style graphique est volontairement très fluctuant, de la caricature au dessin artistique.
L’adaptation de la BD au cinéma est née d’une rencontre, celle de Jung avec le réalisateur documentariste Laurent Boileau. Ils font ensemble le choix d’accentuer la forme composite du livre mélangeant des prises de vues réelles à l’animation. Des extraits de films familiaux tournés en Super 8, des films d’actualité et des séquences filmées lors du retour de Jung en Corée viennent compléter l’animation du récit.
Ce choix formel est au service de l’histoire, il rend compte de la complexité des origines, des relations qui se tissent, des points de vue qui se complètent. J’ai été particulièrement touchée par les liens de Jung avec sa mère adoptive, par l’importance de la parole et des gestes dans l’expression de leurs sentiments. L’adoption est à double sens, rencontre fragile s’il en est !
A la fin du tome 2, Jung annonçait son voyage en Corée qu’il a réalisé pour le film. Au delà d’une stricte adaptation, c’est à un véritable passage de témoin auquel nous assistons. Et pour notre plus grand bonheur, ce n’est pas terminé, Jung travaille au tome 3 de la BD.