« Le voyage de Monsieur Crulic » de Anca Damian

Pendant des mois, enfermé dans la prison de Cracovie, Claudiu Crulic a dit et redit son innocence face à des autorités insensibles à sa détresse.                                                       En 2007, il est accusé d’avoir volé le portefeuille d’un magistrat polonais alors qu’il se trouvait en Italie lors des faits. Malgré ses dénégations il est mis en détention.  Pour forcer le mur d’indifférence qui l’entoure, il décide très vite de ne plus s’alimenter. Il en est mort. Jeune roumain de 33 ans, il était venu en Pologne pour travailler, il retournera dans son pays dans une voiture funéraire.

Son histoire aurait pu se terminer là mais avant de mourir il est transféré à l’hôpital civil de Cracovie et le médecin qui l’accueille est choqué par son état d’extrême faiblesse, il ne peut rien faire pour le sauver, c’est trop tard, mais il refuse de fermer les yeux et alerte la presse, un scandale énorme éclate en Pologne et en Roumanie. La cinéaste Anca Damian s’empare à son tour de cette histoire et transforme cet évènement tragique en un film d’animation puissant et lumineux.

La voix off qui ouvre le film est celle de Claudiu Crulic, il est revenu d’entre les morts pour être enfin écouté, c’est son point de vue qui structure le scénario. Au cours du film, un narrateur extérieur (Sandrine Bonnaire dans la version française) assurera un relais, Crulic n’est plus seul… Ces voix off sont très prégnantes et accompagnent une mosaïque d’images réalisées selon des techniques très variées du cinéma d’animation.


J’ai été particulièrement fascinée par l’utilisation des photographies qui sont un excellent contrepoint aux images peintes, la réalité et l’imagination s’entremêlent harmonieusement. Anca Damian joue avec brio sur les frontières entre les arts.

Anca Damian

Anca Damian était présente au cinéma le Saint André des Arts jeudi dernier. Après la projection de son film elle a échangé avec le public. Je trouve toujours passionnant d’entendre une artiste parler de son travail. Elle ne souhaite pas que son film soit perçu comme un film strictement politique, elle a voulu faire un film sur la mort, sur l’ambiance kafkaïenne de nos sociétés où la responsabilité des uns et des autres se délite. Elle a voulu que nous, spectateurs, soyons touchés au niveau émotionnel par son film. Dans le dossier de presse, elle affirme :

« Je crois aussi que le film est un spectacle : je veux que les hommes s’en réjouissent, qu’ils pleurent et qu’ils rient ensuite… Qu’ils soient meilleurs. Qu’ils en aient envie du moins. »

Je ne sais pas si je suis « meilleure » à la fin de la projection mais j’ai été tour à tour surprise, choquée, émerveillée, attentive, émue, impressionnée,  en un mot « impliquée » par les images et les sons qui nous ont accompagnés pendant les 73 minutes du film !

« Ernest et Célestine », le film !

Affiche du film dans le hall du cinéma Etoile-Lilas, 25/11/201

Sans avoir l’alibi d’un enfant à accompagner, je me suis glissée parmi les nombreuses familles venues assister ce dimanche matin à l’avant première du film « Ernest et Célestine ». Les 458 fauteuils de l’immense salle du tout nouveau cinéma de la Porte des Lilas se sont peu à peu remplis d’une foule joyeuse et bigarrée. La coordinatrice de l’association « l’enfance de l’art », organisatrice de l’évènement, nous accueille avec chaleur, entourée d’une partie de l’équipe du film, manifestement fière de nous présenter leur travail ! Mais le temps n’est plus aux discours, c’est le film que nous sommes venus voir et l’attente est à son comble lorsque la lumière de la salle s’éteint et que le grand écran blanc s’anime enfin…

L'entrée vertigineuse de la grande salle, cinéma Etoile-Lilas, 25//11/2012

Une mise en bouche nous est offerte par l’Agence du court-métrage ; joie très personnelle de retrouver sur grand écran le film de fin d’étude de Benjamin Renner « la queue de la souris ». J’avais évoqué ce film lors du tout premier article de ce blog qui était consacré à Gruffalo, un joli réseau d’histoires de souris se met en place…

"La queue de la souris" de Benjamin Renner, 2007

« Merveille, ravissement, enchantement, joyau » les critiques sont généreuses avec le film et elles ont raison ! J’ai été pendant un peu plus d’une heure sous le charme de cette histoire d’amitié au rythme incroyable, un véritable ballet d’images et de sons.

De son vivant Gabrielle Vincent avait refusé toute adaptation cinématographique de ses albums. Il me semble que le film respecte cette volonté, il n’est pas une adaptation mais un hommage à son oeuvre. Le scénario écrit par Daniel Pennac est subtil, habile, il se situe en amont des albums de Gabrielle Vincent. Il nous conte en effet la rencontre d’Ernest et Célestine et la naissance de leur amitié dans une situation de crise, de conflit, entre deux mondes que tout semble opposer, le monde d’en bas des souris et le monde d’en haut des ours. Le rejet des artistes ( Ernest est musicien de rue et Célestine dessine ) leur est toutefois commun ainsi d’ailleurs que l’importance des forces de maintien de l’ordre.

"Ernest et Célestine" Le tribunal du monde d'en haut, Unifrance Films

"Ernest et Célestine" Le tribunal du monde d'en bas, Unifrance Films

Ernest et Célestine sont des marginaux dans leur monde respectif. Célestine ne prend pas pour argent comptant les récits épouvantables que la Grise fait sur les ours et elle n’a nulle envie de devenir dentiste. Ses visites dans le monde d’en haut sont une source perpétuelle de découvertes. Ernest, quant à lui, joue à cache-cache depuis longtemps avec les règles de la société et ses représentants. Tout les sépare mais ils étaient faits pour se rencontrer !

"Ernest et Célestine" UniFrance Films

L’épilogue du film est savoureux, Célestine incarne Gabrielle Vincent et dessine sous nos yeux ébahis les premiers dessins de l’album « la naissance de Célestine », version quelque peu édulcorée de la réalité de leur rencontre telle qu’elle vient de nous être racontée à l’écran, une mise en abyme extraordinaire ! C’est aussi une jolie invitation faite aux spectateurs de se transformer en lecteur à l’issue de la projection.

La naissance de Célestine de Gabrielle Vincent, Duculot, 1987

Une autre grande réussite du film est son traitement graphique, l’utilisation de l’aquarelle donne de la matière et de la transparence aux images. L’adaptation et la création des personnages est un joli succès, ils s’intègrent parfaitement dans des décors fabuleux.

La Grise Turn around © les Armateurs, la parti, Mélusine production

Coup de chapeau aux artistes qui les ont réalisés, ils ont su créer des dessins originaux nourris par les images de Gabrielle Vincent.

Lambert Wilson, la voix d' Ernest UniFrance Films

Il est aussi difficile de passer sous silence la bande son ! La musique, les voix s’associent en harmonie avec les images pour donner au film un rythme qui nous entraîne et quel bonheur de terminer avec la voix si singulière de Thomas Fersen interprétant la chanson finale du générique. On aurait presque envie que les paroles défilent comme un karaoké pour manifester par le chant notre bonheur de spectateur !

 » … Qui aurait parié un bouton dessus / Qui aurait parié un bouton de son pardessus/ De culotte ou de bottine/ Sur Ernest et Célestine… »

Le pari du film est quant à lui totalement gagné. BRAVO !

Jusqu’à la sortie du film, le mercredi 12 décembre, Benjamin Renner tient un blog « making off » sur les différentes étapes de la création du film. On y apprend plein de choses et en plus c’est beau et drôle !

Le FOMU à Anvers

Façade du FOMU ( fotomuseum) d'Anvers, 1 novembre 2012

Un voyage à Amsterdam me donne l’occasion de poursuivre ma découverte des lieux consacrés à la photographie. Un véritable coup de coeur pour le FOMU d’Anvers ! Un ancien immeuble de briques est entièrement consacré à l’image, la photographie mais aussi le cinéma sont à l’honneur. Un grand espace est dédié à la collection permanente du musée. L’histoire de la technique photographique avec une riche exposition d’appareils est complétée par la présentation de photographies d’une variété incroyable. Un seul regret, il n’existe, à l’heure actuelle, aucun catalogue de cette collection, dommage !

L'entrée de la collection permanente du FOMU, 1 novembre 2012

La première exposition temporaire est consacrée à un couple d’artistes franco-allemand, Lucie et Simon. Je suis fascinée, hypnotisée par leur film « Silent world ». Nous nous promenons grâce à des mouvements de caméra dans une succession d’images fixes représentant pour l’essentiel des lieux connus de grandes métropoles (Paris, Londres, Pékin, New York… ).

Silent World, Lucie et Simon, Place de la concorde (détail), 2008

Ces photographies prises en plein jour sont étonnamment vides, la vie semble être suspendue, seules quelques silhouettes se glissent dans ce décor devenu étrange. Notre imagination est sollicitée. Que s’est-il passé ? Quelle calamité s’est abattue sur les hommes ne laissant que quelques survivants à la surface de la terre ?                                   L’histoire de la photographie nous aide à comprendre le procédé utilisé par les deux artistes dans leur mise en scène. La contrainte d’un temps de pose extrêmement long avait vidé la photographie de Daguerre des fiacres et des piétons qui animaient le boulevard du Temple au début du XIXe siècle, cette contrainte des débuts de la photographie devient un choix pour les artistes contemporains.

La vue du Boulevard du Temple, Daguerre, 1839

Chaque photographie de la série  » Silent world » est l’association de deux prises de vue. L’une est réalisée avec un temps de pose de plusieurs heures en plein jour pour créer un décor surréaliste vide de tout mouvement. Une autre photographie d’un temps de pose classique permet d’intégrer à la précédente la trace d’une présence humaine. La musique de Philip Glass et de Daft Punk accompagne magnifiquement la succession des images et renforce l’impact de cette contemplation d’images vides de leur bruit d’origine. Vous pouvez admirer le film et les photographies de cette série sur le site de Lucie et Simon. A voir absolument !

Une deuxième exposition temporaire présente le travail du photoreporter américain Weegee.

exposition Weegee au FOMU d'Anvers, 1 novembre 2012

Découvert lors de l’exposition qui lui était consacrée au musée Maillol en 2007, je suis ravie d’avoir l’occasion de revoir l’oeuvre marquante de cet homme qui a arpenté les rues de New-York la nuit, branché en permanence sur les fréquences de la police. L’exposition « Murder is my business » présentée en début d’année à l’International Center of Photography de New York souligne le contexte éditorial de ces photographies en présentant dans des vitrines de nombreux exemplaires de journaux et magazines les ayant publiées.                                                                                                                                 Je m’arrête longuement devant cette photographie, au delà de la scène du crime, Weegee s’intéresse aux effets provoqués sur les témoins de la violence urbaine en jouant sur la force du hors-champs. Le complexe jeu des attitudes, des regards et des gestes provoque notre imaginaire… Un drame se joue dans le public !

"Leur premier meurtre", Weegee, 9 octobre 1941

Weegee rédige lui même les légendes de ses photos. Je retrouve la traduction du texte qui accompagnait « leur premier meurtre » dans le livre de Miles Barth consacré au photographe.

« Les élèves sortaient de l’école communale 143 du secteur de Williamsburg de Brooklyn à 15h30 hier, lorsque Peter Mancuso, 22 ans, parieur insignifiant , selon la police, immobilisa sa Ford 1931 aux feux du carrefour suivant. Un tueur qui le guettait s’approcha, tira à deux reprises et se perdit dans la foule des enfants. Atteint à la tête et au coeur, Mancuso s’extirpa de son véhicule et s’effondra sur le trottoir. La femme la plus âgée est la tante de Mancuso, une résidente du quartier, et le jeune garçon agrippant les cheveux de la fille devant lui, son fils, qui cherche à fuir. »

La nuit est aussi le temps du repos et la force de la programmation du FOMU est de provoquer un lien entre des artistes a priori très éloignés. Comment ne pas penser aux corps endormis vus en plongée de Lucie et Simon face à cette photo de Weegee ?

Enfants dans l'escalier de secours, Weegee, 23 mai 1941

Scenes of life, Alone together, Lucie et Simon, 2008

Je quitte les lieux non sans aller faire un petit tour à la librairie où je découvre une maquette pour construire un sténopé à pellicule. De nouvelles expériences à venir !

Camera sténoscope

Paul Graham au Bal

Point de vue de la série " The present" de Paul Graham, le Bal, 13/10/2012

La première qualité d’un photographe est d’avoir quelque chose à nous dire. A n’en pas douter, Paul Graham nous interpelle, dans sa première série, Beyond Caring (1984-85), sur un sujet essentiel, l’exclusion sociale et économique dans l’Angleterre sous Thatcher. Paul Graham était chômeur lui-même lorsqu’il a pris des vues des salles d’attente des centres sociaux remplies d’hommes et de femmes dépendant d’une allocation chômage pour vivre. Paul Graham a contourné l’interdiction de prendre des photos en posant son appareil sur ses genoux ou sur un banc à ses côtés, provoquant un cadrage de guingois. Que voit-on dans ces photos? Partout un décor identique, seule la couleur des bancs change. La lumière des néons, les mégots sur le sol et les murs tapissés de consignes soulignent le dénuement de ces lieux. Les corps sont en attente, appuyés contre un mur ou le plus souvent assis dans une grande variété de positions. Chacun semble enfermé dans sa solitude, on est très loin des représentations des luttes collectives qui se jouent, elles, dans la rue. Le format des photos, l’utilisation de la couleur renforcent cette volonté de rendre visible une réalité que l’on refuse bien souvent de regarder en face. Le site de Paul Graham donne accès à une sélection de cette série.

On retrouve cette même force plastique (grands tirages, couleurs lumineuses) dans la deuxième série présentée au sous sol, The present (2011). Paul Graham vit désormais à New-York, il s’inscrit cette fois-ci dans une longue tradition photographique, capter le mouvement des rues new-yorkaises. L’accrochage, magnifique, présente essentiellement des diptyques, deux prises de vue d’un même lieu se succèdent dans un temps très court comme deux photogrammes d’un film. L’accrochage minimaliste invite le spectateur à prendre le temps d’observer le moindre changement entre deux prises de vue, d’imaginer l’entre-deux et de se glisser dans l’interstice offert. Je m’arrête devant le diptyque « Wall street ».

"Wall street" de Paul Graham, 2010, Le Bal, 13/10/2012

C’est le panneau de circulation « No standing anytime » qui retient mon attention. Je traduis cette injonction non pas aux voitures mais aux piétons qui arpentent ce coin de rue. Le mouvement est imposé, le temps de pause interdit ! La femme au manteau beige, l’homme à la chemise blanche et celui à la cravate et au portable obéissent, figures en mouvement qui entrent et sortent du cadre. L’homme au sac à dos, lui, s’est arrêté sur la deuxième image, ses deux pieds sont posés fermement à plat sur le sol. Qu’est-ce qui a retenu son attention au point de figer son mouvement ? Son regard est dirigé vers le panneau et l’employé qui prend une pause cigarette. Est-il ravi de cette résistance à la frénésie du temps, est-il prêt à dénoncer cet employé qui s’accorde un moment de répit ou bien a-t-il vu ou entendu quelque chose qui est en hors-champs, inaccessible à tout jamais pour nous spectateurs ?

Ayant en début de semaine présenté le travail de Georges Méliès à un groupe d’enfants, notamment sur sa découverte fortuite lors d’un arrêt de caméra qu’un omnibus pouvait se transformer en corbillard, j’ai l’impression de retrouver dans les diptyques  de Paul Graham un clin d’oeil au truc favori de Méliès, le truc par substitution.

"E53rd Street" de Paul Graham, 2010, Le Bal, 13/10/2012

L’exposition de Paul Graham est accompagnée d’un rendez-vous hebdomadaire au Cinéma des Cinéastes. Samedi dernier, la salle était comble pour la deuxième partie de « Filmer New York, les formes d’une ville ». C’est le travail de la cinéaste Marie Menken qui a retenu le plus mon attention dans le flot d’images projetées. Pour représenter New York, elle est allée jusqu’au bout de la logique de fragmentation utilisant la technique de l’animation « image par image » provoquant ainsi un étrange ballet frénétique. Le réel est réinterprété, les vues de dessus d’un chantier se transforment en un immense flipper, les cadres vont au travail en glissant…


 

Sténopé, quand tu nous tiens !

Mercredi 12 septembre 2012, temps nuageux avec éclaircies !

Les boîtiers sont rechargés, le temps est nuageux mais avec une belle luminosité. Pour ces nouveaux essais, je reste chez moi, je vais réaliser des vues de ma fenêtre ou de mon jardin. La question du temps de pose reste entière. Dans un premier temps je n’ai pas envie d’utiliser un posemètre ou des tables de calcul, vive la méthode empirique ! La brochure qui accompagne le kit « pinhole caméra » me donne quelques indications qui vont me servir de base :

Très ensoleillé : 15 s     Ensoleillé : 30 s     Nuageux : 60 s     Couvert : 2 min                 Lumière électrique : 4-5 min

Je décide d’un temps de pose de 30, 40 et 60 secondes en fonction de la taille des sténopés. Après la prise de vue, le moment le plus exaltant, le développement ! Surprise, le négatif le moins réussi provient du boîtier qui m’avait donné la veille un négatif correct.

Négatifs développés ( deuxième essai)

C’est clair, la taille du sténopé est une variable fondamentale pour contrôler la lumière qui va pénétrer dans le boîtier. Si le papier photographique reçoit trop de lumière, il devient noir. S’il en reçoit trop peu, il reste blanc. D’autres essais seront nécessaires pour maîtriser les différents éléments en jeu mais c’est justement ce qui est passionnant dans cette pratique.

"On apprend de ses erreurs!"

Je décide de passer à la dernière étape, le tirage ! La plaque de verre du kit va me permettre de faire mes premiers essais de tirage par contact.

Plaque de verre pour le tirage par contact

Le principe est simple, sous lumière inactinique, je pose au dessus du boîtier un nouveau papier photo, la face sensible (brillante) vers le haut. Je pose ensuite le papier négatif par dessus. Les deux faces sensibles doivent être en contact. Je maintiens le tout à l’aide de la plaque de verre et les deux élastiques. J’expose le tout à la lumière électrique 1 à 2 secondes. Il ne reste plus qu’à tirer ces nouveaux papiers impressionnés. Le résultat est plus ou moins réussi, j’ai utilisé la lumière de la salle de bain composée de trois ampoules LED, j’ai diminué le temps d’exposition au fil des essais.

du négatif au positif

Vous avez deviné, je n’ai qu’une envie, continuer à explorer mes nouveaux appareils photographiques !

Mes premiers pas… en sténopé

sténopé sur l'île Seguin, dimanche 9 septembre 2012

Depuis le premier choc ressenti dans la pièce-chambre noire de l’EMBA-Galerie Manet de Gennevilliers, j’ai le désir, dès que l’occasion se présente, de revivre cette expérience particulièrement intense. On m’avait conduite dans une petite pièce qui jouxte le laboratoire photo, j’étais restée seule dans le noir face à un mur blanc sans trop savoir ce qui allait se passer. Une image est apparue peu à peu sous mes yeux ébahis, la place Jean Grandel pénétrait à l’intérieur de la pièce, certes un peu chamboulée, les repères (haut-bas, droite-gauche) étaient inversés mais sinon tout y était : les formes, les couleurs et même le mouvement !

Un tout petit trou était la cause de cette projection et cette expérience que je venais de vivre était à l’origine de la passion ancestrale des hommes pour les images.                        Le désir de garder une trace physique de cette image fugitive m’a tout de suite animée.  Partager ce désir avec d’illustres pionniers qui avaient permis l’émergence de la photographie est une grande joie !

Je me suis plongée avec délice dans le livre de David Hockney, « Savoirs secrets : les techniques perdues des maîtres anciens », j’ai acheté une réplique d’une chambre noire mais il me restait à me confronter à la fabrication de sténopés, une nouvelle aventure commençait !

Peu confiante en mes talents de bricoleuse, j’ai tout d’abord acheté un kit « Pinhole camera ».

Pinhole camera, Flights of fancy

La boîte noire est en papier canson, elle s’insère dans une boîte en bois démontable.       Tout le matériel nécessaire est fourni : papier photographique, révélateur, fixateur, cuvettes, pince, filtre inactinique, gants…

Décidée à compléter ce premier sténopé par d’autres de ma fabrication, je vais rendre visite aux sympathiques vendeurs de photostock pour pouvoir transformer ma salle de bain en véritable laboratoire photographique : une ampoule rouge, des cuvettes colorées avec leurs pinces respectives, des éprouvettes, des bidons pour conserver les produits chimiques et du papier photographique.

salle de bain transformée en labo photo

Avant de me lancer dans la fabrication des sténopés, je lis avec intérêt les sites de Laurent Diaz, de Robert Colognoli et celui des animateurs de la Rotonde des enfants, un grand merci à eux pour leurs conseils éclairés ! Je vous recommande très vivement de les consulter.

Je décide de percer chaque boîte afin d’installer un sténopé en feuille d’aluminium.

Les étapes de la fabrication en photos :

Percer la boîte, trou de 5 mm

Peindre l'intérieur des boîtes en noir

Sténopé en aluminium et ses deux caches noirs

Sténopé prêt à être installé

Installation du sténopé dans la boîte avec du gaffeur noir

Je dois maintenant installer dans chaque boîtier une feuille photographique sous lumière inactinique. Le plus difficile est de préparer le papier à la taille de chaque boîtier alors que la visibilité est très réduite. Je réalise auparavant des pochoirs en carton pour m’aider !

Pochoirs pour la découpe du papier

Patafix pour maintenir le papier

Installation du papier sous lumière inactinique

Par un beau dimanche très ensoleillé, nous allons réaliser nos premières prises de vue sur l’île Seguin. Il nous faut d’abord trouver un endroit stable pour poser les boîtiers puis choisir le temps de pose. Je décide de faire des essais avec 1min et 2 min.

Installation du boîtier pour la prise de vue

Installation du boîtier pour la prise de vue

Installation du boîtier pour la prise de vue

Installation du boîtier pour la prise de vue

Toute fébrile, je vais développer ces premiers essais et là grosse déception, un seul négatif est correct, les autres sont très noirs !

négatifs des premières prises de vue

J’observe attentivement le sténopé du boîtier qui a fonctionné, son trou est très nettement plus petit que les autres. Pour les autres, les temps d’exposition étaient beaucoup trop longs par rapport au diamètre du trou. Dès demain, je recommence en réduisant le temps d’exposition. Si ça ne marche pas, je ferais de nouveaux sténopés plus petits. A suivre !

« Près du feu » d’ Alejandro Fernandez Almendras

 

© arizona distrib. www.arizonafilms.net

Dany a quitté la ville pour la campagne chilienne, il était chauffeur de taxi, il est maintenant ouvrier agricole. Ce changement de vie intervient lorsque sa compagne, Alejandra, doit faire face à une maladie grave. Le film fait un petit bout de chemin avec eux, il est construit sur une succession de tableaux. Chacun est annoncé par un écran noir où, une phrase du dialogue à venir, est mise en exergue, accompagnée d’un lieu, d’une date.

Le corps de Dany envahit l’écran, qu’il soit dans l’action ou l’attente, il est présent au monde. Sa vie tient par une succession de gestes ; gestes du travail, gestes du quotidien, gestes d’amour. Son apparence évolue tout au long du film ; cheveux longs, cheveux courts, barbu, glabre. Signes des changements intérieurs qu’il doit affronter et du temps qui passe inexorablement. La campagne chilienne se transforme aussi au fil des saisons, la lumière y est très présente, été comme hiver. Elle accueille, réchauffe les corps, mais face à sa permanence, rend notre statut de mortel encore plus vulnérable. Chaque tableau du film se termine par de magnifiques plans fixes, les personnages quittent peu à peu le cadre, seul le décor reste, immuable.

Les dialogues sont peu nombreux, l’un des plus marquants est celui qu’échangent Dany et Alejandra après avoir fait l’amour. Ils se racontent « leur première fois », Dany évoque son retour à la maison paternelle après sa première nuit à l’extérieur. Malgré sa fatigue, il va dans la cuisine, boit, allume la télé, discute avec son père. Il ne veut pas aller dormir car il ne veut pas que « ça » s’arrête. Le titre du film  » Sentados frete al fuego » est extrait d’un poème chilien de Jorge Teillier. D’autres vers ( Le lac de Lamartine) entrent en résonance avec le film pour souligner notre fragilité commune.

« … Mais je demande en vain quelques moments encore,
Le temps m’échappe et fuit ;
Je dis à cette nuit : « Sois plus lente » ; et l’aurore
Va dissiper la nuit.

« Aimons donc, aimons donc ! de l’heure fugitive,
Hâtons-nous, jouissons !
L’homme n’a point de port, le temps n’a point de rive ;
Il coule, et nous passons ! »

© arizona distrib. www.arizonafilms.net

Un été et la photographie : expositions, publications…


Théâtre de la photographie et de l'image à Nice, Juillet 2012

Journal de bord des rencontres avec la photographie au cours de mon périple d’été. Seule la première étape, Arles, était planifiée. Les autres découvertes ont été le fruit du hasard des lieux de vacances, de Nice à la Roche-sur-Yon, de Nantes au Domaine de Chamarande.

ARLES

Après le choc des photos sur les gitans de Koudelka exposées à l’église Sainte Anne, je me plonge dans l’essai de Jean-Pierre Montier : « L’épreuve totalitaire ». Ce livre, essentiel, me permet d’inscrire cette série dans l’ensemble de son oeuvre et de dépasser une vision superficielle liée au folklore de ce peuple.

"L'épreuve totalitaire, Josef Koudelka" Jean-Pierre Montier, Delpire, 2005

« Jamais il ne verra dans les Gitans un paradis perdu. Il ne les idéalise pas, ni ne se prend pour l’un des leurs. Il faut au contraire qu’il leur demeure étranger. Ils sont le gage de sa survie, sa pierre de touche du réel. »

La présentation, dans le choeur de l’église, des maquettes des différentes éditions de l’album « Gitans » est passionnante. L’implication de Koudelka dans ses photographies va bien au-delà de la prise de vue. 37 ans après la première publication réalisée avec la complicité de l’éditeur Robert Delpire, Koudelka assume seul la nouvelle version, il enrichit sa sélection d’une quarantaine de photos, propose de nouvelles relations entre elles. Cette édition fait évènement mais surtout elle montre que les photos de Koudelka résistent au temps, gage de leur qualité si l’on en croit les critères confiés par l’auteur lui-même lors d’un interview réalisé en 1985 par Hervé Guibert :

« Il y a des photos claires qui sont sorties immédiatement, et des photos plus secrètes qui ont besoin de temps pour émerger. La confirmation d’une bonne photo, c’est le temps… Les bonnes photos vieillissent très bien. Une bonne photo est celle que je peux regarder longtemps sur un mur. »

"Gitans - La fin du voyage" Koudelka, Delpire 1975

"Gitans" Koudelka, Delpire 2011

C’est dans un deuxième lieu de culte désaffecté, la chapelle Saint Martin du Méjan, que j’ai mon deuxième choc photographique, Sophie Calle y présente son projet « Pour la dernière et la première fois ». A l’étage, dans un espace et une lumière magnifiques, Sophie Calle expose la troisième partie de son travail sur les Aveugles commencé en 1986. En 2010, elle a rencontré à Istanbul des aveugles qui ont perdu la vue par accident, elle leur a demandé de décrire la dernière image qu’ils ont vue. Textes et photos s’entrecroisent et se répondent, ils rendent sensibles, au delà d’une expérience traumatisante, des liens qui existent entre la mémoire et le récit, le réel et les images mentales. En 1986, c’est à des aveugles de naissance que Sophie Calle avait demandé quelle était pour eux l’image de la beauté, la première réponse reçue évoquait la mer. C’est cette mer qui fait l’objet au rez de chaussée d’un autre travail réalisé avec Caroline Champetier. Sophie Calle a accompagné des hommes, des femmes et des enfants qui découvrent pour la première fois la mer. Filmés de dos, nous sommes invités à vivre avec eux cette expérience inédite, le temps est suspendu jusqu’à l’instant où ils se retournent et regardent dans notre direction sans nous voir.

Au fil des expositions j’ai découvert avec intérêt le travail de Pentti SammallahtiAurore Valade, Jonathan Torgovnik, Julien Dumas

None Ethnie, © Julien Dumas

Programmation éclectique qui m’a permis de partager ma passion des images avec trois adolescents curieux aux goûts affirmés. L’exposition thématique « Mannequin, le corps de la mode » a retenu particulièrement leur attention. A la fin de la visite, chacun a présenté aux autres la photo qui l’avait le plus intéressé, une belle occasion de revoir des images par le regard de l’autre.

Grâce à eux , je ne suis pas passée à côté de ce « trou » dans un mur de la Grande Halle, qu’est-ce donc ?

Grande Halle, Sténopé, Arles 2012

Derrière le mur, une pièce noire, c’est un sténopé géant ! Répartition rapide des rôles, pendant que les uns admirent les images produites, les autres réalisent leurs rêves les plus fous, comme marcher sur les mains sans se fatiguer !

Solène et Arthur, Arles 2012

Mais Arles, c’est aussi une épreuve physique, excellente préparation pour crapahuter sur les sentiers du Mercantour.

Pierre, Arthur, Clément, Solène, Arles 2012

NICE

Depuis 1999, Nice a un lieu consacré à la photographie, le théâtre de la photographie et de l’image. Jusqu’au 7 octobre 2012, c’est l’oeuvre de Stéphane Couturier qui est à l’honneur. J’avais rencontré le travail de cet artiste lors de la préparation d’un atelier au Jeu de Paume sur la ville et ses transformations, j’ai été ravie d’avoir une vision plus ample de son parcours. De ses photos graphiques, dépouillées, de lieux vides, à sa nouvelle série « Melting point » où le regard se perd dans des superpositions d’images, son travail se renouvelle tout en étant très cohérent.

Exposition Stéphane Couturier, TPI Nice, été 2012

Exposition Stéphane Couturier, TPI Nice, été 2012

Une exposition et un lieu qui m’ont enchantée ! Les affiches des expositions passées me font regretter d’habiter si loin de Nice ; Sarah Moon, August Sander, Plossu et Georges Rousse… Pour ce dernier, je me console en achetant, à la boutique, le catalogue de son exposition au prix de 4 €. Son travail à la station Lebon y est présenté ainsi qu’un interview fort intéressant :

TPI Nice, été 2012

« J’ai toujours aimé marcher dans l’arrière pays Niçois et j’aime toujours faire découvrir à mes amis ces paysages secs de la vallée des merveilles. Dans cette montagne, on trouve aussi des fortifications désertées, symbole de la frontière et des limites du territoire, mais ouvertes aux vents, qui étaient un terrain de jeux durant les vacances d’été et qui m’ont donné le goût des bâtiments abandonnés. »                                                                     Belle invitation pour la suite de notre voyage !

LA ROCHE-SUR-YON

D’Est en Ouest, de la montagne à la mer, notre route passe  par la préfecture de la Vendée. Dès notre arrivée sur la place Napoléon, nous sommes accueillis par de grandes reproductions accrochées aux façades, excellent moyen pour susciter la curiosité des passants que nous sommes.

Australie de Thibaut Cuisset, la Roche-sur-Yon, été 2012

Looking north, 545 eight avenue New York City, Vera Lutter, la Roche-sur-Yon, été 2012

Toutes les oeuvres originales appartiennent au musée ou à l’artothèque de la ville. Nous commençons par le musée qui présente jusqu’au 2 septembre la première partie d’un cycle intitulé  » Cosa mentale, Paysages(s) ».

Musée de la roche-sur-Yon, été 2012

C’est le Paysage-Document qui est mis à l’honneur dans les trois salles du musée, l’exposition très pédagogique, présente différentes écoles qui se sont emparées de cette thématique : la New Topography américaine, l’école allemande avec les incontournables Becher, les commandes liées à la mission photographique de la DATAR et l’approche canadienne avec notamment Jeff Wall.

"Silos à Charbon", Bernd et Hilla Becher, "Parking lots", Edward Ruscha, musée de la Roche-sur-Yon, été 2012

Je m’attarde particulièrement sur le travail de deux artistes qui présentent leur travail sous forme de diptyque, interrogeant ainsi le lien entre l’espace et le temps. Tout d’abord, la photographe italienne, Paola Di Pietri. Un couple marche sur un pont, leurs pas s’accordent, ils semblent être en pleine conversation, ils marchent vite, c’est l’hiver. Quelques instants plus tard, la photographe les a, à nouveau, saisi en décalant légèrement son point de vue, ils semblent avoir ralenti, l’espace entre eux s’est réduit, leurs regards se portent sur un point qui nous est inaccessible, le paysage derrière eux présente une autre rive…

Paola Di Pietri, musée de la Roche-sur-Yon, été 2012

Ce dyptique fait partie d’une série Dittici présentée sur le site de la Galerie « Les filles du calvaire », série énigmatique et poétique que j’ai eu beaucoup de plaisir à découvrir.

La démarche de Joachim Koester, est tout autre. Il sélectionne des paysages mythiques de l’histoire de la photographie conceptuelle et les revisite quelques quarante ans plus tard. Nous voyons par exemple une photographie de Robert Smithson réalisée en 1967 pour son texte « Monuments of Passaic » accolée à une vue actuelle du même lieu.

Joakim Koester, Musée de la Roche-sur-Yon, été 2012

La juxtaposition « avant-après » est toujours fascinante, la fugacité s’inscrit ici dans le long terme. Joakim Koester participera à la prochaine exposition du Palais de Tokyo, les Dérives de l’imaginaire, l’occasion de continuer à découvrir son travail…

Mais mon véritable coup de coeur a lieu à la médiathèque Benjamin Rabier devant les oeuvres de Laura Henno.

Exposition Laura Henno, médiathèque/artothèque de la Roche-sur-Yon, été 2012

On est troublé face à ces corps tout juste sortis de l’enfance, leur présence pleine de mystère est d’une grande intensité, fiction ou réalité ? Est-on au cinéma devant la petite soeur de Mona jouée par Sandrine Bonnaire dans « Sans toit ni loi »? Est-on face au travail d’une photo-journaliste ? Laura Henno brouille à dessein nos repères en décalant les liens attendus entre le fond et la forme. L’utilisation de la lumière favorisant un effet « entre chien et loup » renforce notre incertitude. Cette exposition « Summer Crossing » réalise un tour de France depuis 3 ans, il s’achèvera à la fin de l’année dans 3 lieux différents, le CRP de Douchy-les-Mines, la Galerie Municipale du Rutebeuf à Clichy et la Galerie Les filles du calvaire. Le dossier de presse de l’évènement comporte un interview de l’artiste très éclairant mais je vous conseille de le lire après la découverte des images !                            L’exposition de Laura Henno est l’occasion d’explorer la médiathèque, le département « art-cinéma » consacré à l’image me laisse sans voix ! Heureux habitants de la Roche-sur-Yon, outre une bibliothèque d’art et une vidéothèque, ils ont accès à une artothèque qui leur permet d’emprunter des oeuvres originales ; estampes, oeuvres uniques sur papier et photographies… J’en rêve !

NANTES

Les vacances touchent à leur fin, invitée à Noirmoutier, je m’offre une petite prolongation très agréable, je foule avec plaisir les plages si chères à Agnès Varda et je ne résiste pas à l’invitation d' »Un voyage à Nantes« .

"La plage de Barbara", Noirmoutier, été 2012

L’installation d’Agnès Varda « Des chambres en ville et des téléviseurs » est en deux parties. La première, la « boutique des téléviseurs », évoque le décor de la boutique tenue par Michel Piccoli dans Une chambre en ville. La sélection des films qui passent en boucle sur des téléviseurs d’époques variées ne provoque pas grand chose en moi. Sympa mais sans plus ! J’ai juste à nouveau l’envie très forte de réouvrir mon coffret DVD Jacques Demy pour revoir le film.

"Boutique des téléviseurs" Agnès Varda, Le voyage à Nantes, été 2012

Il faut sortir du Passage Pommeraye pour accéder à la deuxième partie « La chambre occupée » ( paroles de squatteurs) et là, c’est tout autre chose ! Nous pénétrons par petits groupes dans un immeuble désaffecté au 14 rue Santeuil, nous grimpons jusqu’au deuxième étage pour pénétrer dans un appartement ouvert qui évoque un squat. Dans la pièce principale, un four à micro-ondes, un matelas et un poêle symbolisent trois besoins essentiels ; manger, dormir, avoir chaud. Trois vidéos sont insérées dans ces objets, Agnès Varda donne la parole à des squatters qui partagent avec nous leurs difficultés et leurs débrouillardises. Assis sur des grosses malles en fer, nous accueillons dans un silence attentif leurs voix.

"La chambre occupée", Agnès Varda, Le voyage à Nantes 2012

En sortant, des articles de presse et des documents accrochés au mur se superposent à la vision, vue de haut, du Passage Pommeraye, étrange confrontation de la misère et de la consommation.

Passage Pommeraye, été 2012

DOMAINE DE CHAMARANDE

Cet été aura associé étroitement les plaisirs liés à la nature et à la culture. Pour fêter mon retour, une petite visite au Domaine de Chamarande s’impose ; envie de marcher, de pique-niquer et de se laisser surprendre par des oeuvres qui introduisent justement la nature dans l’art. Il faut oser pousser la porte de l’Orangerie pour pénétrer dans une pièce sombre, deux immenses portraits se font face. Nous sommes invités par une guide fort sympathique à nous approcher de l’un d’entre eux pour découvrir que l’image est impressionnée sur un semis d’herbe. Les deux artistes anglais, Ackroyd et Harvey, ont réalisé leur travail in situ, mettant à l’honneur deux employés du domaine ; la commissaire de l’exposition et un agent du domaine, un autre face à face « culture-nature ».

"Face to face" Ackroyd et Harvey, Domaine de Chamarande, été 2012

"Face to face" Ackroyd et Harvey, Domaine de Chamarande, été 2012

L’oeuvre est éphémère, en perpétuelle transformation, le vert d’origine a séché, rendant la révélation des portraits encore plus émouvante. Comment seront-ils le 30 septembre ?