Miss Hokusai de Keiichi Hara

Miss Hokusai de Keiichi Hara, 2/09/15

Miss Hokusai de Keiichi Hara, 2/09/15

Le troisième film du réalisateur japonais, Keiichi Hara, est éminemment singulier et personnel. Il porte son attention sur la fille du plus célèbre artiste japonais Katsushika Hokusai et nous raconte en détail une année de sa vie à Edo. C’est une toute jeune femme à l’âge des premiers émois amoureux que nous allons accompagner au fil des saisons. A l’encontre de son père, sa vie a failli sombrer dans l’oubli malgré les qualités artistiques indéniables de son travail. C’est une historienne et mangaka, Hinako Sugiura, qui l’a fait connaître au public japonais dans un manga non publié en France, Sarusuberi.

Sarusuberi d'Hinako Sugiura,

Sarusuberi d’Hinako Sugiura, 1983-87

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Sarusuberi d’Hinako Sugiura, 1983-87

Respectueux du passé et du manga qu’il adapte partiellement, Keiichi Hara développe des sujets qui le passionnent depuis Un été avec Coo. Les liens familiaux sont au centre du film, la relation avec son père et maître de peinture bien sûr mais surtout l’attachement d’O Ei pour sa jeune soeur aveugle, O Nao. Le film est très sensuel, notamment dans l’évocation des ballades des deux soeurs. La cécité d’O Nao est contournée par l’attention portée aux bruits, aux odeurs, au sens du toucher, à l’évocation des couleurs…

O nao

O Ei et O Nao dans Miss Hokusai de Keiichi Hara

Une très belle scène de jeux dans la neige ravive un souvenir de l’enfance d’O Ei, un des rares flash-back du film. O Ei, petite fille, accompagne son père lors d’une séance de dessin sur le vif, Hokusai dessine le paysage enneigé pendant que sa fille joue à lui lancer des boules de neige. Agacé, Hokusai tend à sa fille quelques feuilles de papier et des pinceaux pour qu’elle puisse dessiner et le laisser tranquille.

Une maison de thé et le mont Fuji sous la neige, Hokusai, 1830

Une maison de thé et le mont Fuji sous la neige, Hokusai, 1830

Dans ce film, Keiichi Hara imbrique à nouveau le fantastique avec le quotidien. Les nombreuses scènes nocturnes sont propices à l’évocation d’apparitions surnaturelles. Elles lui permettent aussi d’évoquer la passion d’O Ei pour les incendies, pour les jeux de lumière et d’ombre que l’on retrouve dans l’une de ses rares oeuvres signées, Scène de nuit dans le Yoshiwara, présentée lors du générique.

Scène de nuit dans le Yoshiwara,  O Ei Katsushika, date inconnue

Scène de nuit dans le Yoshiwara, O Ei Katsushika, date inconnue

La scène de la tempête annonciatrice de la venue du dragon est un joli clin d’oeil à celle d’Un été avec Coo

Un été avec coo, Keiichi Hara,

Un été avec coo, Keiichi Hara, 2007

Enfin, Keiichi Hara n’hésite pas à utiliser à plusieurs reprises du rock pour accompagner notamment la marche dynamique d’ O Ei lorsqu’elle traverse le pont Ryogoku. Loin d’un anachronisme, ce choix ainsi que les dernières images montrant ce site à l’époque contemporaine, mêle le présent au passé dans cette histoire qui est avant tout intemporelle.

Coucher de soleil sur le pont Ryogoku, Hokusai, 1830-1832

Coucher de soleil sur le pont Ryogoku, Hokusai, 1830-1832

Regards croisés sur le Brésil…

Barreirinhas , 25 juillet 2015

Barreirinhas , 25 juillet 2015

Un voyage longtemps rêvé qui s’est réalisé cet été… Quelques images de nos principales étapes…

Accueillis par la famille Monteiro, notre première escale nous permet de découvrir le fonctionnement d’une fazenda dédiée à la culture du café. Patricia, jeune photographe documentaire s’intéresse à la ferme familiale, un reportage instructif sur la cueillette est à voir sur son blog. Premier regard croisé entre nos photos de vacances et le travail de photographes sur les lieux visités…

Guaxupé, fruit du café à différents stades de maturation... 12 juillet 2015

Guaxupé, fruits du café à différents stades de maturation… 12 juillet 2015

Tests de dégustation réalisé à la coopérative de Cooxupé

Tests de dégustation réalisés à la coopérative de Cooxupé, 15 juillet 2015

Après le calme de la campagne du Minas Gerais, le choc ressenti à Sao Paulo en est que plus intense… Tout semble démesuré ! Le silence des musées s’oppose à la frénésie autour du marché municipal, les petits vendeurs à la sauvette côtoient les galeries marchandes modernes… Le titre du livre de Roger Bastide Brésil, terre de contrastes est toujours d’actualité ! Les embouteillages monstres nous donnent le temps d’admirer graffitis et pixaçao qui envahissent la moindre surface disponible.


Ayant découvert le travail du photographe d’origine allemande, Hans Gunter Flieg, à l’exposition de la fondation Galouste Gudbenkian de Paris, je suis ravie de visiter l’espace qui lui est consacré au musée d’art contemporain (MAC USP) et d’admirer notamment les photographies dédiées à l’expansion de Sao Paulo dans les années 50.

Ville de Sao Paulo vue de l'immeuble Altimo Arantes, Hans Gunter Flieg, 1950

Ville de Sao Paulo vue de l’immeuble Altimo Arantes, Hans Gunter Flieg, 1950

Vue de la pinacothèque de Sao Paulo, 17 juillet 2015

Vue de la pinacothèque de Sao Paulo, 17 juillet 2015

Après un premier vol intérieur, Salvador est notre premier contact avec le vaste littoral brésilien. Lors d’une marche sur le front de mer nous dégustons les délicieux beignets afro-brésiliens au nom exotique, l’acaraje. Le travail du photographe français, Pierre Verger, qui a vécu à Salvador et qui s’est passionné sur les liens entre le continent Africain et le Brésil, nous aide à appréhender cette culture typique de la région de Bahia. Au delà des influences culinaires, les photographies de Pierre Verger soulignent l’importance des pratiques spirituelles et religieuses importées par les esclaves du golfe de Guinée. Première porte d’entrée pour tenter de comprendre cet immense pays complexe et paradoxal dont l’histoire est en partie liée à la traite et à l’esclavage. Une conférence de l’historienne, Charlotte de Castelnau-L’Estoile est à ce titre très éclairante.

Fabrication d'acaraje dans Bahia de tous les poètes de  Pierre Verger, 1955

Fabrication d’acaraje dans « Bahia de tous les poètes » de Pierre Verger, 1955

Syncrétisme religieux, les bracelets de l'église de Bonfim, Salvador, 21 juillet 2015

Syncrétisme religieux, les bracelets de l’église de Bonfim, Salvador, 21 juillet 2015

Une très belle exposition vue au musée afro brésilien de Sao Paulo nous a donné un aperçu de notre étape dans le Nordeste. Elle présente des photos de plateau réalisées par le photographe brésilien Chico Albuquerque lors du tournage du film inachevé d’Orson Welles, Four men on a raft. Les paysages et les hommes du Ceara sont magnifiés dans des cadrages audacieux et par une lumière qui donne toute sa puissance au noir et blanc.

Photo de tournage "It's all true" de Chico Albuquerque, 1942

Photo de tournage « It’s all true » de Chico Albuquerque, 1942


Le musée de l’image et du son de Sao Paulo présente quant à lui une sélection de la série, Vivendo do mar,du photographe autodidacte Durvile Cavalcanti. Ses images maritimes semblent intemporelles.

Durvile Cavalcanti, Vivendo do mar, MIS Sao Paulo, 2015

Durvile Cavalcanti, Vivendo do mar, MIS Sao Paulo, 2015

pêche

Barreirinhas, 25 juillet 2015

Jangada dans la région de Ceara, 28 juillet 2015

Jangada dans la région de Ceara, 28 juillet 2015

Nous ne sommes pas les premiers français à tomber sous le charme de la baie de Rio de Janeiro. Le nouveau Musée d’Art de Rio (MAR) consacre une exposition sur les images de la ville réalisées par des photographes français, Rio, une passion française… Je sillonne la ville mais je range ma tablette !

Augusto Malte, Rio, non daté, musée Nicéphore Niépce

Augusto Malte, Rio, non daté, musée Nicéphore Niépce

Rio, Raymond Depardon, 2004

Rio, Raymond Depardon, 2004

Si ce voyage au Brésil est et restera exceptionnel, mon désir de mieux connaître ce pays est décuplé. En parallèle à la découverte des images, je me lance dans la lecture de romans brésiliens. Les Editions Métailié m’offrent un choix passionnant, des auteurs classiques (J.-M. Machado de Assis…) aux auteurs contemporains ( Luiz Ruffato …).

Je ne peux pas terminer cet article sans citer le livre de Patrice Montagu-Williams, Brésil Dans les pas du géant qui m’a accompagné tout au long de ce voyage. Ce n’est pas un guide mais un compagnon de voyage précieux. Il est tout petit mais on peut le lire avant, pendant et après le séjour…

Felice Varini à La Villette

Galerie Est de La Grande halle de la Villette, Arcs de cercle sur diagonale, jusqu'au 13 septembre 2015

Galerie Est de La Grande halle de la Villette, Arcs de cercle sur diagonale, jusqu’au 13 septembre 2015

Admiratrice des installations de Felice Varini, je n’ai pas résisté longtemps à parcourir ses nouvelles créations conçues pour La Villette. Pour la première fois, je découvre son travail dans un espace intérieur. Le pavillon contemporain Paul-Delouvrier accueille un ensemble de trois peintures monumentales. Je suis particulièrement sensible aux aplats de couleurs primaires qui rehaussent la blancheur monacale des murs. Les formes créées jouent avec la géométrie spécifique du lieu.

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Quatorze triangles percés/penchés de Felice Varini

Le plaisir visuel s’enrichit de l’échange avec les autres visiteurs dans la recherche mutuelle du point de vue qui va organiser le chaos ! Comme les figures de Felice Varini, des groupes se forment et se déforment au gré de la visite.

Rouge jaune noir bleu entre les disques de Felice Varini

Rouge jaune noir bleu entre les disques de Felice Varini

Rouge jaune noir bleu entre les disques de Felice Varini

Rouge jaune noir bleu entre les disques de Felice Varini

La structure métallique grise de la galerie est de la Grande halle offre quant à elle, un très beau support à huit arcs de cercle orangés. Tel un éventail qui s’ouvre, nous ressentons un souffle d’air frais à la vue de cette perspective transfigurée.

Détail de Arcs de cercle sur diagonale de Felice Varini

Détail de Arcs de cercle sur diagonale de Felice Varini

Les appareils de cinéma au Eye d’Amsterdam

caméra

caméra 35 mm, Mitchell (1935) au fond,  projecteur 16 mm sonore, Holmes ( 1930) au premier plan

La nouvelle présentation de l’exposition permanente du musée du cinéma met à l’honneur les appareils du pré-cinéma et les caméras mythiques… Une très belle double lanterne magique rappelle le rôle essentiel des savants hollandais, Christiaan Huygens et Pieter Van Musschenbroek, dans les premières projections animées.

lanterne magiqueLa superposition de deux plaques, l’une fixe et l’autre mobile, permet d’ingénieuses scènes que nous pouvons admirer grâce à une projection en boucle de 10 minutes qui met en valeur une partie de la collection du musée. Voici mes trois scènes préférées !


Musique : http://www.musicscreen.be/  Enfance et soupires sous licence creative commons

Un mutoscope en tôle peinte, un diorama du XVIIIe, un zootrope et un stéréoscope complètent cette belle présentation de jouets optiques.

Mutoscope "the waiter de Charlie Chaplin, 1914

Mutoscope « the waiter » de Charlie Chaplin, 1914     détail

Dans le second espace, je suis attirée par un cube qui s’avère être une caméra portative conçue par l’inventeur Emanuel Goldberg au début des années 20. Joris Ivens l’a utilisée pour réaliser son film sur le pont ferroviaire métallique de Rotterdam.

caméra 35 mm, Kinamo (1922)

caméra 35 mm, Kinamo (1922)

Dès les premières images du film, Joris Ivens se met en scène portant à la main la Kinamo qui va lui permettre de multiplier les points de vue du pont et de réaliser un documentaire au montage vif et saccadé. Il est « l’homme à la caméra » avant Dziga Vertov !

Photogramme "Le pont" de Joris Ivens, 1928

Photogramme « Le pont » de Joris Ivens, 1928


A partir du mois de juin, le Jeu de Paume présente une exposition consacrée à la photographe Germaine Krull. L’occasion de croiser les regards de ces deux artistes sur cette construction métallique.

"Métal" de Germaine Krull, 1928

« Métal » de Germaine Krull, 1928

Qu’est-ce que la photographie ? au Centre Pompidou de Paris

Exposition "Qu'est-ce que la photographie ?" Centre Pompidou 4 mars-1 juin 2015

Exposition « Qu’est-ce que la photographie ? » au Centre Pompidou    4 mars-1 juin 2015

Depuis novembre 2014, le Centre Pompidou propose un nouvel espace dédié à la photographie. Après une exposition historique qui présentait le travail du photographe surréaliste Jacque-André Boiffard, c’est maintenant une exposition thématique qui est à l’honneur avec la question ontologique : Qu’est-ce que la photographie ? Si vous souhaitez trouver une réponse univoque à cette question, vous risquez d’être déçu. L’intention des commissaires de l’exposition n’est pas d’asséner une définition définitive mais de permettre à tout un chacun de se forger sa propre définition. Pour cela, ils ont sélectionné dans la vaste collection du Centre Pompidou des photographes qui apportent un regard singulier sur cette question quelque peu générale.

J’ai été particulièrement sensible aux oeuvres de photographes qui ont cherché l’essence de la photographie dans sa matérialité et qui ont dévoilé dans leur image les secrets de fabrication.

Fascinée par les sténopés, j’ai apprécié particulièrement l’oeuvre d’Abelardo Morell qui rappelle avec brio qu’une photographie répond aux lois fondamentales de l’optique. La photographie ci-dessous rend compte du processus à l’oeuvre.

Ampoule d' Abelardo Morell, 1991

« Ampoule » d’ Abelardo Morell, 1991

L’oeuvre exposée, Camera obscura, Image de Boston, est impressionnante. Le paysage urbain pénètre la salle de conférence, l’image projetée de l’extérieur est capturée avec l’image de l’intérieur, elles ne font plus qu’une et cette nouvelle réalité recomposée provoque notre imaginaire.

Camera obscura, Image de Boston d'Abelardo Morell, 1998

Camera obscura, Image de Boston d’Abelardo Morell, 1998

L’image fugitive, créée dans la chambre noire, s’est longtemps dérobée. L’avènement de la photographie a eu lieu lorsque les chercheurs du dix-neuvième siècle ont pu la fixer sur un support photo-sensible. L’exposition présente de nombreux artistes qui rendent hommage à la pellicule argentique, Man Ray, James Welling, Giulio Paolini et Ugo Mulas.

Boîte de négatifs, Man Ray, 1957

Boîte de négatifs, Man Ray, 1957

Au delà de la prise de vue, le travail en laboratoire lors du tirage permet lui aussi de belles découvertes, les travaux de Timm Rautert et d’Hugo Mulas effectués la même année sont à ce titre passionnants.

Le soleil et la lune à partir d'un seul négatif de Timm Rautert, 1972

Le soleil et la lune à partir d’un seul négatif de Timm Rautert, 1972

Vérification 7, Le laboratoire. Une main développe, l'autre fixe. A sir John Frederick William Herschel, 1972

Vérification 7, Le laboratoire. Une main développe, l’autre fixe. A sir John Frederick William Herschel, 1972

Si la fin de l’argentique est célébrée par le photographe canadien Michel Campeau dans sa série dédiée à La chambre noire, il est étonnant que la photographie numérique soit si peu présente. Les pixels seraient-ils moins photogéniques que les sels d’argent ? J’ai été un peu frustrée que la photographie contemporaine ne soit pas plus représentée et que les dernières avancées technologiques ne soient pas interrogées. Alors, grâce à Internet, je prolonge l’exposition par la présentation virtuelle des travaux de Thomas Ruff ou d’Adrian Sauer

JPegs ou l'image écran de Thomas Ruff, 2007

JPegs ou l’image écran de Thomas Ruff, 2007

16.777.216 Farben (détail) d' Adrian Sauer, 2010

16.777.216 Farben (détail) d’ Adrian Sauer, 2010

Dessins du Studio Ghibli …

Vive le fond vert ! Art ludique     Le musée 4/10/14- 1/3/15

Vive le fond vert !  Art ludique Le musée  4/10/14- 1/3/15

J’aime quand le cinéma m’embarque… alors voyager aux côtés de Chihiro pour découvrir les secrets du layout, je dis OUI sans hésiter !  La scénographie de l’exposition est très simple, une pièce introductive avec de grands panneaux explicatifs sur le processus d’animation et sur les termes utilisés, puis une succession de salles avec plus de 1300 layouts reprenant la chronologie des films réalisés au Studio Ghibli : de Nausicaä de la vallée du vent à Souvenirs de Marnie.

Nausicaä de la vallée du vent, Hayao Miyazaki, 1984

Nausicaä de la vallée du vent, Hayao Miyazaki, 1984

Souvenirs de Marnie, Hiromasa Yonebayashi, 2014

Souvenirs de Marnie, Hiromasa Yonebayashi, 2014

Le layout est avant tout un dessin qui synthétise le plan d’un film. Sa richesse n’est pas dans les matériaux ou la technique utilisée mais dans sa conception et sa réalisation.

feuilles,  une barre à tenon, crayons graphiques, crayons de couleur, gomme, stylet de gaufrage

feuilles, une barre à tenon, crayons graphiques, crayons de couleur, gomme, stylet de gaufrage

Le dessin montre la composition du cadre : le point de vue, les éléments du décor, les personnages… Les annotations inscrites sur le dessin sont aussi essentielles, outre le numéro du plan et sa durée, elles indiquent les mouvements de caméra, le défilement éventuel du décor … Sur certains layouts, on peut lire aussi des messages des réalisateurs comme par exemple de regarder une émission sur le monde marin à la télévision ! Il est fascinant de voir comment le mouvement est représenté dans une image fixe. Très souvent notre imagination est mise à contribution, une simple flèche nous aide à visualiser un trajet, un personnage est dessiné à plusieurs reprises…

Mon voisin Totoro, Hayao Miyazaki, 1988

Mon voisin Totoro, Hayao Miyazaki, 1988

Le layout conçu comme un guide pratique pour l’ensemble de l’équipe assure l’unité visuelle du film, c’est un élément clé dans le processus de production. On peut se rendre compte de son importance en comparant certains layouts à des extraits du film terminé.

Pompoko, Isao Takahata, 1994

Pompoko, Isao Takahata, 1994

Au delà de son utilité, le layout est aussi source d’émerveillement. Chacun est une oeuvre en soi. On peut être sensible à la composition des paysages, à l’expression des émotions ou aux souvenirs qu’ils évoquent…

Le seul point noir de cette exposition est son prix excessif. Dommage car on aurait envie d’y retourner, difficile de porter son attention sur chacun des layouts exposés en une seule fois !


Filmmuseum Eye d’Amsterdam 2

Solid light films and others Works d' Anthony MCCall 28.9/30.11.2014

Solid light films and others Works d’ Anthony MCCall 28.9/30.11.2014

Depuis ma première visite au musée du cinéma d’Amsterdam, je n’avais qu’une envie.     Y retourner ! C’est l’artiste britannique, Anthony McCall, qui investit les salles du Filmmuseum Eye jusqu’à fin novembre. J’étais impatiente d’interagir avec les différentes installations et de jouer avec les faisceaux lumineux ! Si plaisir il y a eu, je suis toutefois restée sur ma faim !

"Face to face" (II) 2014

« Face to face » (II) 2014

Ams4

Il est dommage de présenter ses anciennes oeuvres Line describing a cone et Four Projected Movements avec les moyens numériques actuels. J’avais envie de voir, de toucher, de sentir l’évolution de son travail et là tout est lissé ! Je voulais aussi découvrir ses projections verticales… Aucune n’est proposée !

Heureusement pour adoucir ma frustration, notre visite a lieu pendant le festival d’animation d’Amsterdam, Klik ! Une occasion rêvée de découvrir des petites merveilles qui jouent à leur tour avec la lumière et qui réinvestissent l’écran. Voici mes coups de coeur …

Le superbe clip de Darcy Prendergast tourné pendant six mois dans des entrepots abandonnés autour de Melbourne. Plus de 10000 photos ont été nécessaires à sa réalisation.

Les ondes fascinent aussi l’artiste américain Daniel Sierra, qu’elles soient visuelles ou sonores, leur fusion crée un spectacle envoûtant…


… L’hypnotique court métrage du talentueux Malcon Sutherland. Des formes colorées apparaissent sur un fond noir, mûes par un mouvement répétitif elles vont inéluctablement retournées dans le néant…

Et pour finir, le magnifique spectacle du cinéaste allemand Max Hattler. Un voyage record dans l’infiniment grand et l’infiniment petit qui mérite amplement ce titre à rallonge !

Small Universe d’Erik Kessels, Arles 2014

Arles, septembre 2014

Arles, septembre 2014

Collectionneur et spécialiste de la photo amateur, Erik Kessel est un habitué des rencontres d’Arles. Cette année, ce n’est pas une installation sur la photographie vernaculaire qu’il présente mais les travaux de neuf artistes hollandais réunis sous son regard décalé …

 » Les hollandais font partie des gens les plus grands de la planète, et pourtant ils vivent dans l’un des plus petits pays du monde …  »            la suite

Présentation subjective de l’exploration de ce Petit univers.

La pièce consacrée à Hans Eijkelboom est au coeur de ce parcours. Ses toutes premières séries sont à l’honneur. Elles sont emblématiques de son travail. Hans Eijkelboom suit pour chacune d’elle un protocole dans lequel il se met en scène pour interroger son identité et ses relations aux autres.

Hans Eijkelboom, Identités, 1976

Hans Eijkelboom, Identity, 1976

Par exemple, pour la série Identity, il demande à dix anciennes connaissances les souvenirs qu’elles gardent de lui et quel pourrait être son métier actuel. Il se déguise en chacune des propositions et réalise un autoportrait en bucheron, en pilier de bar, en policier… Ses correspondants reçoivent ensuite une lettre avec ces mots : tu as complètement deviné, voici une photo de moi.

Hans Eijkelboom, tenue à 10 euros, 2005-2006

Hans Eijkelboom, 10-euro outfits, 2005-2006

La série 10-euros outfits date quant à elle des années 2000. Hans Eijkelboom se photographie dans la rue avec une nouvelle tenue dont le prix ne doit pas excéder 10 euros. Ces trente-deux nouveaux autoportraits participent aux récents travaux de Hans Eijkelboom qui interrogent les choix vestimentaires dans la construction de l’identité individuelle et collective.

Erik Fens reprend quant à lui le geste fondateur des premiers photographes ; photographier de son balcon. Ce lieu familier lui permet d’observer tout à loisir le reflet d’un arbre sur le capot des voitures garées à son pied. La fusion de l’arbre et de la voiture est à chaque cliché renouvelée. Erok Fens joue avec la qualité de la lumière, la couleur des carrosseries et le cadrage. La répétition est ici poétique… Ni tout à fait la même, ni tout à fait une autre.

Erik Fens, Tree car

Erik Fens, Tree car

Face à l’oeuvre de Hans de Vries, j’ai le sentiment de me trouver face à un objet non identifié. Quelques explications s’imposent… Cet artiste atypique est actif dans les années 70. Il porte une attention accrue à certains éléments de sa vie quotidienne. Il possède avec son épouse un magnifique géranium. Généreux, ils décident de faire des boutures pour partager avec leur proche le plaisir que leur apporte cette plante.

Hans de Vries, the history of the lemon geranium

Hans de Vries, the history of the lemon geranium

Hans de Vries, the history of the lemon geranium

Hans de Vries, the history of the lemon geranium

La plante devient un vrai personnage, Hans de Vries s’informe régulièrement de l’évolution des boutures. Ses notes manuscrites et ses photos constituent le journal de bord de cette étrange lignée. Il élabore peu à peu un réseau qui n’a rien de virtuel.

Jos Houweling et Hans Van Der Meer établissent tous les deux une typologie photographique de l’espace urbain. La confrontation de leur travaux est intéressante. Jos Houweling réalise ses prises de vue dans la capitale hollandaise au début des années 70, la municipalité d’Amsterdam ayant souhaité publier un livre à l’occasion des 700 ans de la ville.

Jos Houweling, 700 cents, 1975

Jos Houweling, 700 cents, 1975

Jos Houweling dresse un inventaire à la Prévert, il prend en cadrage serré des ensembles de plaques d’égout, d’horloges, de landaus, d’habitants à leur fenêtre… Ses juxtapositions forment un ensemble très vivant où la diversité règne. Trente plus tard, Hans Van Der Meer s’intéresse quant à lui aux villes moyennes des Pays Bas.

Hans Van Der Meer, The netherlands of the shelf, 2008

Hans Van Der Meer, The netherlands of the shelf, 2008

Sa démarche est tout autre. Il prend essentiellement des places en plan large, son point de vue est légèrement surélevé. A partir de cet ensemble de photographies, il établit une typologie du matériel urbain sous la forme d’un catalogue glacé et glaçant. On est très loin de la fantaisie des années 70.

Maurice Van Es et Milou Abel explorent la relation du photographe avec son modèle. Pour l’un c’est son jeune frère adolescent réfractaire à toute photo, pour l’autre c’est une inconnue étrange repérée dans la rue. Quelle distance, quel point de vue et quelle empathie adoptent-ils pour nous raconter un moment de leur histoire ?

Maurice Van Es, New life, 2011-2013

Maurice Van Es, New life, 2011-2013

Milou Abel, I'm you, 2011

Milou Abel, Ik ben jou, 2011

Avant de se présenter sous la forme d’une installation, le projet Ik ben jou de Milou Abel a fait l’objet d’un très beau livre à double reliure. Les photographies de Milou Abel s’entrelacent avec des photographies personnelles du modèle. Le jeu de dévoilement et de recouvrement est passionnant.

Mon parcours se termine sur les visages en pleurs de Mélanie Bonajo.

Mélanie Bonajo, Thank you for hurting me, I really needed that, 2009

Mélanie Bonajo, Thank you for hurting me, I really needed that, 2009

Elle prend le contrepied de la « smile photography ». Quelle image de soi expose-t-on au regard des autres ? De quels moments de sa vie désire-t-on garder des traces ?

Je n’ai pas vu le diaporama de Sema Bekirovic à l’atelier de chaudronnerie d’Arles. De gros orages ayant perturbé l’installation électrique, le mur est resté désespérément blanc lors de ma visite. La découverte de ce projet est donc différée.

Sema Bekirovic, Koet, 2006-2007

Sema Bekirovic, Koet, 2006-2007

Je n’aurai pas à attendre longtemps car l’exposition Small Universe est accueillie pendant un mois au 104 à partir du 13 novembre. Qu’on se le dise !