« Une histoire d’hommes » de Zep

Campagne d'affichage dans le métro, 10/09/13

Campagne d’affichage dans le métro, 10/09/13

Ok, la sortie du dernier album de Zep est hyper médiatisée alors pourquoi en rajouter une couche ? Et bien, parce que, plan marketing ou pas, la lecture des premières planches d’ « Une histoire d’hommes » sur le site web de Télérama m’a tellement accrochée que je n’avais qu’une seule envie, courir vite dans ma librairie préférée pour en connaître la suite.

Je viens de lire « Une histoire d’hommes » trois fois. J’ai d’abord été happée par l’histoire de ces quatre copains qui formaient un groupe de rock au début des années 90, les Tricky Fingers. Une émission TV foireuse a fait exploser le groupe, il se retrouve 18 ans plus tard … L’histoire se déroule le temps d’un week-end dans un manoir anglais appartenant à l’ex-chanteur du groupe, seul à avoir réussi une carrière de rock star.       De nombreux flashbacks ouvrent le huis-clos un peu étouffant de ces retrouvailles. Les personnages ne sont pas des caricatures, ils ont une vraie enveloppe, on est très vite en empathie avec eux. L’un des héros, Yvan, se perçoit comme un « authentique loser ». Autour de lui, gravitent trois hommes et deux femmes. « Histoire d’hommes », oui, mais surtout histoire de coeur, la prescription existe-t-elle dans le domaine des sentiments ?

Après une première lecture un peu frénétique, je reprends tout depuis le début pour apprécier les dessins réalistes, le jeu avec les couleurs, les cases ouvertes … Il y a effectivement un changement dans le style de Zep par rapport à ces précédents albums mais aussi de la continuité …  Son goût pour le bleu et le mauve, sa volonté de sortir des cases, son plaisir de dessiner des rockeurs, son sens des dialogues …

Titeuf 9, la loi du préau, Glénat, 2002

Titeuf 9, « la loi du préau » de Zep, Glénat, 2002

"L'enfer des concerts" et "Une histoire d'hommes" de Zep, Dupuis-1999 et Rue de Sèvres-2013

« L’enfer des concerts » et « Une histoire d’hommes » de Zep, Dupuis-1999 et Rue de Sèvres-2013

Pour accompagner la sortie de l’album, la galerie Barbier & Mathon organise une exposition des planches originales ainsi que certains essais témoignant de la recherche graphique de Zep, son storyboard et les trois versions consécutives de l’histoire. Passionnant de voir les changements de style, les choix de cadrage successifs … Surprise aussi de voir que la couleur n’est pas présente sur les planches originales. Le métier de coloriste s’est aussi informatisé, son travail n’apparaît plus sur les cimaises des galeries mais fort heureusement il reste fondamental dans l’édition du livre.

A lire ! Zep commente 3 de ses planches, passionnant ! Il révèle notamment l’importance de la photographie et du cinéma dans la construction des images et du récit …

AYA de Yopougon, le film !

AyaL’adaptation cinématographique de la BD « Aya de Yopougon » est sortie pendant la trêve estivale. Fort heureusement, les organisateurs du festival Croq’anime ont eu l’excellente idée de proposer à Marguerite Abouet d’être la marraine de leur sixième édition. Coup de projecteur salutaire pour ceux qui comme moi auraient loupé la sortie du film !

Pendant la préparation du film, j’avais eu l’occasion, au Salon du livre, d’entendre Clément Oubrerie parler de son travail ( pour lire le billet, c’est ici !). Je suis d’autant plus curieuse de découvrir son coauteur, Marguerite Abouet. On devine, à voir la dame, que son implication, sa vitalité et son charisme sont pour beaucoup dans la réussite du film. Elle a écrit le scénario du film à partir des deux premiers tomes de la BD, son adaptation est très fidèle, elle a élagué quelques scènes et supprimé des intrigues qui se poursuivent dans le tome 3 (l’amour entre Albert et Inno, l’élection de Miss Yopougon). Elle s’est beaucoup impliquée dans la mise en mouvement et dans le « jeu » des personnages, elle prête aussi sa voix à Fanta, la mère d’Aya … Les quelques extraits et séquences du tournage projetés lors de la soirée d’ouverture de Croq’anime me donnent envie de me précipiter au cinéma dès le lendemain !

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Aya est à l’affiche dans deux cinémas parisiens. Amis lecteurs, ne laissez pas passer votre chance de découvrir ce petit bijou sur grand écran !

Pierre-François Maquaire, créateur du site Heeza

Betty Boop, Snow White, 1933, http://archive.org/details/bb_snow_white

Betty Boop, Snow White, 1933,  http://archive.org/details/bb_snow_white

A quelques pas de la place de la République rénovée, se trouve un lieu insolite. Pour le découvrir, il faut pousser une lourde porte qui ne s’ouvre que pour les initiés (code), franchir un long couloir et sortir dans une arrière-cour décorée avec de très belles plantes vertes et des poubelles, vertes elles aussi ! Sur la gauche se trouve l’antre de Doc Heeza, une véritable caverne d’Ali Baba pour les fous d’images, chaque m2 est utilisé.                                       Mi-entrepôt, mi-magasin, ce local accueille tout ce qui touche de près ou de loin à l’image animée : livres, DVD, jouets optiques… Mais qui se cache derrière ce pseudonyme de Doc Heeza ? Pierre-François a accepté, non sans quelques réticences, de se dévoiler, un peu !

Se présenter en quelques mots…

Passionné de cinéma, d’illusions optiques, de BD, j’ai essayé d’en faire mon métier en devenant projectionniste. Après une période de chômage, j’ai décidé de créer Heeza.

Qu’est-ce qui a été le plus formateur pour toi dans ton enfance ?

J’ai beaucoup joué avec des projecteurs. J’ai récupéré un vieux projecteur 9,5 mm qui était chez ma grand-mère, il fonctionnait à l’origine sur du 110 volts. Je passais des Charlot et je m’amusais à faire le bruitage, les voix…  J’ai aussi filmé mes copains en super 8. J’aimais ça ! J’étais aussi un gros lecteur de BD. J’étais très content quand mes parents m’emmenaient voir le Walt Disney qui sortait tous les ans. Je me le passais et repassais dans ma tête, il n’y avait pas de magnétoscope pour les enfants…

Bambi des studios Disney, 1942, ressortie France décembre 1969

Bambi des studios Disney, 1942, ressortie France décembre 1969

Une image qui t’accompagne …

La belle et la bête de Cocteau. Ce film m’a beaucoup impressionné quand je l’ai vu à la TV tout petit. Je ne comprenais pas la fin, que ce soit le même comédien qui joue Avenant, la bête et le prince !

Jean Marais dans "La belle et la bête" de Jean Cocteau,  1946

Jean Marais dans « La belle et la bête » de Jean Cocteau, 1946

Quand ma fille ainée a eu 6/7ans, je l’ai emmenée voir le film au cinéma. Elle s’est posée les mêmes questions que moi à son âge. On en a parlé pendant plus d’une semaine. C’est sympa un film qui traverse des générations de spectateurs. J’aime beaucoup les trucs cinématographiques utilisés par Cocteau : les ralentis, la projection en marche arrière, les métamorphoses …

Quel diplôme as-tu passé pour te prévaloir du titre de « Doc Heeza », spécialiste certifié dans l’image animée ? Plus sérieusement quel a été ton parcours avant la création du site ?

A 16 ans, j’ai été apprenti chez un photographe de Nancy. Je me suis présenté à lui avec plein d’envies, je faisais déjà beaucoup de photos. J’ai vite déchanté, je ne faisais que balayer et préparer les produits, je m’ennuyais ferme. Un jour, le patron a fait un reportage dans une usine pendant trois jours et il m’a demandé, pour une fois, de développer les négatifs. Au moment de rincer le premier jeu de négatif, j’ai utilisé involontairement une eau trop chaude et j’ai détruit son travail. L’attaque étant la meilleure défense, je suis parti en claquant la porte. J’ai rejoint mes parents à Nantes, j’ai trouvé un boulot d’ouvreur dans un cinéma de la ville et de fil en aiguille, je suis devenu projectionniste. J’étais heureux de travailler dans un cinéma, je pouvais aller dans les cabines de projection, je pouvais voir autant de films que je voulais. J’ai adoré cet univers … Mon patron a ouvert un cinéma art et essai classé recherche. J’ai quitté le Katorza pour le Cinématographe.

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J’ai beaucoup observé le travail des projectionnistes, j’ai appris sur le tas. J’ai passé deux fois mon CAP. La première fois, j’ai eu la théorie mais pas la pratique. Ayant toujours été un fainéant et n’aimant pas les examens, je n’ai pas voulu le repasser tout de suite. Finalement, pour être mieux payé et avoir une reconnaissance de ma pratique, je l’ai repassé et cette fois-ci, je l’ai eu ! Le Cinématographe est un très beau ciné, il est dans une ancienne chapelle.

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J’ai arrêté d’être projectionniste en arrivant dans la région parisienne, j’ai bossé pendant un an chez un distributeur de BD à Paris. J’ai appris pas mal de choses sur la distribution et j’ai voulu me lancer à mon tour dans cette aventure.

L’année prochaine tu fêteras les 20 ans d’Heeza, quelles ont été les principales évolutions du site depuis son origine ?

Au départ, Heeza n’était pas un site, Internet n’existait pas pour le grand public. Je travaillais à la maison, je réalisais tous les trois mois un document qui était moitié catalogue, moitié fanzine. Photocopié au départ puis imprimé, je faisais tout ! Le rédactionnel, la maquette, le mailing, la mise sous plis, le suivi des commandes… Dans chaque numéro, il y avait mon portrait caricaturé, un acrostiche, des news, des réponses humoristiques aux remarques de mes lecteurs et bien sûr la présentation des nouveaux produits. J’envoyais à peu près 2000 documents papiers. En 98, Internet est arrivé. Pendant quelques temps, les deux moyens ont coexisté mais pour des raisons de coût, j’ai dû abandonner le catalogue papier.

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Pour me faire connaître, je faisais des salons comme les Cinglés du cinéma à Argenteuil et j’essayais d’avoir des articles dans la presse. J’ai eu des coups de pouce sympathiques. Par exemple, Jérome Bonaldi a parlé deux fois d’Heeza dans l’émission Nulle Part Ailleurs. J’ai pu voir concrètement l’impact des médias, mes ventes ont explosé à la suite de ces diffusions ! Lorsque Internet s’est développé, j’ai appris tout seul le langage Html, j’ai réalisé la première version de mon site. Mes compétences ont été vite dépassées, je ne savais pas par exemple gérer une base de données, je me suis donc fait aider pour la deuxième version. Si je n’ai pas fait la structure technique de mon site, par contre je sais le faire vivre, c’est moi qui le remplis, je m’occupe du contenu. Puis, j’ai eu beaucoup de demandes de clients qui souhaitaient voir les objets, les tenir en main. J’avais aussi envie de rencontres. J’ai ouvert le local près de République en 2005.

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Nous sommes nombreux à désirer percer le mystère du nom du site, peux-tu nous dire ce qui se cache derrière ce nom énigmatique ?

Lorsque j’ai créé la SARL, j’ai pensé l’appeler en référence directe avec les produits proposés, quelque chose comme «Mondo Cartoon». Mon père, fin businessman, m’a suggéré de choisir un nom plus générique, qui ne reflétait pas l’activité. Si dans 6 mois mon projet capotait et que je voulais vendre du fromage, tout ne serait pas à refaire ! Je ne me souviens plus comment je suis tombé sur le personnage du Colonel Heeza Liar  (jeu de mot he’s a liar) mais il m’a plu. C’est le héros de la première série animée américaine, il est fortement inspiré de Théodore Roosevelt.

Colonel Heeza Liar's Ancestor, 1924

Colonel Heeza Liar’s Ancestor, 1924

Et puis, comme la mère de mes enfants s’appelle Isabelle, j’avais une raison très personnelle d’aimer ce nom. En plus, il sonne bien, plein de noms sur Internet avaient deux voyelles à cette époque, pour une fois, j’étais à la mode !

Je ne vais pas te demander ton chiffre d’affaire mais arrives-tu à vivre d’Heeza ?

Non, je suis obligé de travailler à côté ! D’ailleurs, je lance un appel aux lecteurs de cet article, si vous avez un boulot pour moi, je suis preneur ! Je suis un fainéant contrarié, je ne rechigne pas devant l’effort …

Peux-tu nous décrire une de tes journées types ?

En arrivant au local, je vais voir sur Internet si j’ai des commandes, je les prépare, je suis l’as de l’empaquetage ! J’attends le client ! Je fais des pages pour mon site, par exemple, en ce moment je prépare la présentation d’une vingtaine de flipbooks réalisée par des étudiants de l’EESAB ( école européenne supérieure d’art de Bretagne). Je surfe à la recherche d’idées de nouveaux produits. En fin de journée, je vais à la poste envoyer mes colis.

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Cette «routine» est parfois rompue par des visites inattendues. Peux-tu nous partager quelques rencontres qui t’ont marquées ?

J’ai été très impressionné par la visite d’un grand magicien, Philippe Socrate. Il m’a fait découvrir les boîtes à secret. J’ai d’ailleurs beaucoup de magiciens qui viennent m’acheter des flipbooks. J’ai aussi des artistes, le réalisateur Koji Yamamura est venu deux fois. Je reçois aussi des gens du cirque, des collectionneurs, des profs… Beaucoup de gens qui font des ateliers avec des enfants ! Je trouve ça sympa !

Que penses-tu de l’anagramme entre «magie» et «image» ?

J’en pense rien, il fallait la trouver ! C’est Méliès qui a fait du cinéma un spectacle car il était un magicien. J’ai beaucoup aimé un très court interview de Méliès qui parle de la première projection des Frères Lumière. Lorsqu’il est arrivé, la projection était bloquée sur une image fixe, il ne comprenait pas ce qui était extraordinaire, il connaissait depuis longtemps les lanternes magiques puis subitement l’image s’est mise à bouger, waouh ! On peut écouter sa voix nous raconter cette anecdote sur le site de l’Ina. Quand j’étais petit je voulais être magicien ou clown…

Les cartes vivantes de Georges Méliès, 1904

Les cartes vivantes de Georges Méliès, 1904

Commerçant et passionné ; équilibre fragile, défi quotidien. Qu’est-ce qui te motive à continuer l’aventure ?

Je ne sais rien faire d’autre. Heeza fait vraiment partie de moi. Si je devais arrêter, ça ferait un grand vide. C’est pas la moitié de ma vie mais c’est beaucoup quand même. Tant que je le pourrai, je le ferai !

Nari Ward à Blandy-les-Tours

Château de Blandy-les- Tours  24/08/13

Château de Blandy-les-Tours 24/08/13

Petite escapade pour préserver, encore un peu, le rythme des vacances ! Le village de Blandy-les-Tours semble hors du temps, le passé invite le présent dans ses murs. Le château moyenâgeux très joliment rénové accueille comme un écrin l’oeuvre d’un artiste contemporain, Nari Ward. Cette exposition fruit d’une collaboration active avec la Galleria Continua est une belle réussite d’un projet artistique hors des sentiers battus. Conceptuel, ludique, participatif, engagé, le travail de Nari Ward est à même de toucher un public très varié, notamment celui qui n’a pas pour habitude de franchir la porte d’une galerie d’art contemporain.

"Stallers" de Nari Ward, Blandy-les tours, 2013

« Stallers » de Nari Ward, Blandy-les tours, 2013

Qu'il est bon de régresser ....

Qu’il est bon de régresser ….

"Carry on" de Nari Ward, 2013

« Carry on » de Nari Ward, 2013

"Radiant Scans 4" de Nari Ward, 2013

« Radiant Scans 4″ de Nari Ward, 2013

"CarouSoul" de Nari Ward, 2011

« CarouSoul » de Nari Ward, 2011

"Canned smiles" de Nari Ward, 2013

« Canned smiles » de Nari Ward, 2013

"Mission Accomplished" de Nari Ward 1 et 2, 2013

« Mission Accomplished » de Nari Ward 1 et 2, 2013

"Untold" de Nari Ward, 2013

« Untold » de Nari Ward, 2013

"Untold" de Nari Ward, 2013

« Untold » de Nari Ward, 2013

"Stroller Sprouts" de Nari Ward, 2013

« Stroller Sprouts » de Nari Ward, 2013

Le château de Vaux le Vicomte se situe à quelques kilomètres de Blandy. L’année Le Nôtre me donne envie de revoir le domaine de Fouquet. L’exposition consacrée au jardinier le plus célèbre de France et une belle promenade dans le parc révèlent des jeux de perspective et des illusions optiques incroyables. André Le Nôtre n’a pas usurpé l’appellation de « magicien de l’espace« .

Miroir d'eau du château de Vaux Le Vicomte, 24/08/13

Miroir d’eau carré du château de Vaux le Vicomte, 24/08/13

Plus de 400 mètres séparent le château de son reflet, fantastique !

Extrait d'un panneau explicatif du parc de Vaux le Vicomte

Extrait d’un panneau explicatif du parc de Vaux le Vicomte

Eté 2013 : d’une image à l’autre …

Dans une petite rue près de l'Arsenal de Venise, 19 juillet 2013

Dans une petite rue près de l’Arsenal de Venise, 19 juillet 2013

Sélection d’images fixes et animées qui m’ont fait vibrer cet été !

ANNECY

Pour une inconditionnelle du cinéma d’animation, commencer ses vacances par une étape à Annecy est hautement symbolique. Le festival est terminé depuis plusieurs semaines mais reste l’exposition permanente, un petit tour au musée-château et au conservatoire d’art et d’histoire s’impose avant d’aller se rafraichir dans le lac !

IMG_0006C’est l’oeuvre d’un couple, François et Chantal Loriot-Mélia, qui ouvre cette sélection estival. Elle est présentée dans la dernière salle du parcours art contemporain du musée-château, je suis fascinée par sa beauté et sa poésie. Des morceaux de verre sont collés sur une roue de bicyclette qui tourne doucement devant un faisceau lumineux, les ombres projetées de cette installation créent un paysage de montagne qui se déploie sous nos yeux comme un long rouleau de peinture chinoise.

Ready made in China, François et Chantal Loriot Mélia, 2000

Ready made in China, François et Chantal Loriot Mélia, 2000

La vue et la compréhension du dispositif très prosaïque amplifient l’émotion ressentie face aux images flottantes.

Et aussi …

Philippe Ramette et Bernard Moninot au musée-château, l’exposition permanente et l’exposition temporaire JPL Films au CITIA.

espace d'exposition CITIA

espace d’exposition CITIA

MILAN

Toutes les salles du Pavillon d’Art Contemporain (PAC) de Milan sont consacrées à l’exposition « Rise and Fall of Apartheid: Photography and the Bureaucracy of Everyday Life ». Cette impressionnante exposition explore 50 ans de guerre civile (1948-1994) à travers la vision de 70 photographes sud-africains.

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Je suis touchée par cette approche foisonnante, les photos de lutte contre le régime inique de l’apartheid côtoient les photos de la vie quotidienne marquée elle aussi par la ségrégation raciale.

Une salle est consacrée au cycle de films d’animation « Drawings for projection » de William Kentridge. J’avais découvert cet artiste lors de sa rétrospective au Jeu de Paume en 2010, j’avais été alors fascinée par sa technique d’animation au fusain, créant le mouvement par une succession de gommages et d’ajouts. La vision des films dans ce nouveau contexte d’exposition me fait percevoir pleinement leur dimension politique. Rien n’est figé, l’oeuvre et le regard porté sur elle sont en perpétuel mouvement.

Felix in Exile, William Kentridge, 1994

Felix in Exile, William Kentridge, 1994

Et aussi …

Deux superbes expositions : la collection de « mini-portraits » de Cesare Zavattini à la Pinacothèque de Brera et « Gianni Berengo Gardin, histoire d’un photographe » au Palais Reale.

"Cesare Zavattini, Luzzara" de Gianni Berengo Gardin, 1973

« Cesare Zavattini, Luzzara » de Gianni Berengo Gardin, 1973

VENISE

Aimer Venise est un cliché pour certains, mais moi j’aime passionnément cette ville, j’aime me perdre dans ses ruelles, j’aime la rencontre de l’eau et des vieilles pierres, j’aime partager ce plaisir avec pleins de touristes aux yeux qui brillent. Et puis, cette année, c’est la Biennale d’Art contemporain, je ne boude pas mon plaisir, j’arpente en long et en large les Guardini et l’Arsenal. Le pavillon flottant du Portugal m’offre même un petit tour en bateau, que du bonheur !

Trafaria Praia de Joana Vasconcelos, Pavillon du Portugal, Biennale de Venise, 2013

Trafaria Praia de Joana Vasconcelos, Pavillon du Portugal, Biennale de Venise, 2013

« Le palais encyclopédique » exposition internationale

Les images qui bougent m’attirent particulièrement, j’ai trouvé dans l’exposition  » Le palais encyclopédique » trois artistes qui explorent le collage et l’image en mouvement avec dextérité : l’hallucinant « Heaven and Earth Magic » d’Harry Smith, le vertigineux « Movie mural » de Stan Vanderbeek et l’inclassable « Grosse fatigue » de Camille Henrot.

Film n°12, Heaven and Earth Magic, Harry Smith, 1959-61

Photogramme du Film n°12, Heaven and Earth Magic, Harry Smith, 1959-61

Extrait de Movie Mural de Stan Vanderbeek, 1986-2013

Extrait de Movie Mural de Stan Vanderbeek, 1986-2013

Photogramme de Grosse fatigue, Camille Henrot, 2013

Photogramme de Grosse fatigue, Camille Henrot, 2013

C’est par leur vidéo « Le cours des choses » que j’avais découvert les deux artistes suisses, Peter Fischli et David Weiss. Ils sont présents à la Biennale avec un tout autre support, des sculptures en argile cru. Leur sens de l’humour et leur goût de l’accumulation me ravissent.

Suddenly, this overview, Peter Fischli et David Weiss,  1981-

Suddenly this overview, Peter Fischli et David Weiss, 1981-

Brunelleschiinvente la perspective, Fischli et Weiss, 1981-

Brunelleschi invente la perspective, Fischli et Weiss, 1981-

Opposition populaire : construction et déconstruction, Fischli et Weiss, 1981-

Opposition populaire : construction et déconstruction, Fischli et Weiss, 1981-

Les pavillons nationaux

Le pavillon libanais est consacré à la lumineuse vidéo « Letter To A Refusing Pilot » d’Akram Zaatari.

Photogramme "Letter to a refusing pilot", Akram zaatari, 2013

Photogramme « Letter to a refusing pilot », Akram zaatari, 2013

Dans les années 80, une rumeur commence à circuler au Liban, un pilote de l’armée israélienne aurait refusé de lacher une bombe sur son objectif sachant que le bâtiment visé accueillait une école. Akram Zaatari est d’autant plus sensible à cette histoire que cette école se trouve dans sa ville natale, Saïda, et que son père en a été le directeur pendant une vingtaine d’années. Des années plus tard, lors d’un échange avec le réalisateur israélien Avi Mograbi, Zaatari découvre que le pilote fantasmé existe, il s’appelle Hagai Tamir.                                                                                                    Fiction et réalité, mémoire collective et individuelle s’entrelacent étroitement dans la vidéo qui utilise tout aussi bien des documents d’archive que des prises de vue actuelles.

Photogramme "Letter to a refusing pilot", Akram Zaatari, 2013

Photogramme « Letter to a refusing pilot », Akram Zaatari, 2013

Photogramme "Letter to a refusing pilot", Akram Zaatari, 2013

Photogramme « Letter to a refusing pilot », Akram Zaatari, 2013

Grosse surprise en pénétrant dans la salle centrale du pavillon autrichien, un court dessin animé passe en boucle. C’est léger, reposant même, après certains pavillons hermétiques. On suit en chantonnant les aventures sylvestres d’un âne en costume de marin mais très vite on se demande pourquoi une Silly Symphony des studios Disney représente l’Autriche en 2013 … Erreur, j’ai été dupée, la lecture du cartel nous apprend que cette oeuvre est contemporaine et qu’elle n’est pas un Disney inédit mais la création d’un jeune artiste Mathias Poledna.

Imitation of life de Mathias Poledna, 2013

Imitation of life de Mathias Poledna, 2013

Mathias Poledna a travaillé à l’ancienne, réalisant plus de 5000 dessins avec des vétérans des studios californiens. Il a aussi réorchestré une chanson populaire des années 30 « I got a feeling, you’re foolin’with me « . Coup de projecteur sur une période sensible ? Hommage au cinéma d’animation traditionnel ? Mystification ?

Et aussi …

Les tags animés du pavillon vénézuélien, les expériences sensitives au pavillon coréen, Josef Koudelka au pavillon du Vatican, Zanele Muholi au pavillon sud-africain, les planches originales de « La Genèse » de Crumb …

Josef Koudelka au Pavillon du Vatican, Biennale de Venise, 2013

Josef Koudelka au Pavillon du Vatican, Biennale de Venise, 2013

MOULINS

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Depuis son ouverture je rêvais de visiter le Musée de l’Illustration Jeunesse. Ravie de le découvrir avec l’exposition temporaire consacrée à Georges Lemoine. Les dessins originaux exposés révèlent toute la finesse et la richesse de ce grand artiste. J’aime sa conception de l’illustration vue comme une interprétation musicale. De belles heures de lecture en perspective …


« Fascination optique » à la Maison de la Magie de Blois

Les toits gris de Blois vus de la Maison de la Magie Robert-Houdin

Les toits gris de Blois vus de la Maison de la Magie Robert-Houdin, 4 juillet 2013

Après mon escapade au Louvre Lens, c’est Blois et sa Maison de la magie qui m’attirent hors de la capitale. Le titre de l’exposition temporaire est tout simplement irrésistible : « Fascination optique »…

Avant même de découvrir l’exposition, je tombe sous le charme des illusions optiques conçues par James Hodges. Cet artiste aux multiples facettes a revisité de nombreux jeux avec un graphisme en noir et blanc très clair qui réussit à troubler notre regard.

Figures réversibles de James Hodges, Maison de la magie, Blois

Figures réversibles de James Hodges, Maison de la magie, Blois

Figures réversibles de James Hoges, Maison de la magie, Blois

Figures réversibles de James Hodges, Maison de la magie, Blois

Mots embrouillés de James Hodges, Maison de la Magie, Blois

Mots embrouillés de James Hodges, Maison de la Magie, Blois

Roi ou Reine ? de James Hodges, Maison de la magie, Blois

Roi ou Reine ? de James Hodges, Maison de la magie, Blois

Après cette mise en appétit, il est temps de découvrir l’exposition temporaire.                  Au sous-sol, un grand cabinet de curiosité a été constitué, les différentes pièces présentent de nombreuses images qui nous invitent à jouer avec nos yeux et notre cerveau, quel plaisir d’être trompé !

Face à ce paisible paysage gravé, on a la tête qui tourne en lisant le cartel : 78 animaux, 10 êtres humains, 7 visages et 10 lettres s’y cacheraient …

Toll Gate n°3, 1882, © Collection Melle Lusine

Toll Gate n°3, 1882, © Collection Melle Lusine

J’ai trouvé plusieurs chiens, des singes, des éléphants, des chevaux, un castor, des hommes à chapeaux… Je cherche toujours la girafe, on m’a assuré qu’il y en avait une !

J’ai aussi découvert l’artiste américain, Gustave Verbeek, qui a publié dès 1903 dans le New York Herald des planches de 6 cases complètement réversibles. Fascinant !

The upside down of little lady Lovekins and old man Muffaro, Gustave Verbeek, 1904

The upside down of little lady Lovekins and old man Muffaro, Gustave Verbeek, 1904

Sans attraper un torticolis ni casser votre ordinateur, vous allez pouvoir observer comment un vieil homme se transforme en jeune fille, comment un canoë devient le bec d’un oiseau, comment des vagues se changent en oiseaux …

Gustave Verbeek upside down comic part 2

De très beaux objets complètent l’exposition, kaléidoscopes, anamorphoses, objets usuels .

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Je ne connaissais de Robert-Houdin que son théâtre dont Georges Méliès fut le dernier directeur. La Maison de la Magie rend hommage à cet homme éclectique qui a uni l’art et la science avec passion.

HoudinJ’apprends que Robert-Houdin, horloger de formation, avait conçu un automate « écrivain-dessinateur » qui a certainement brulé lors d’un incendie à New-York …             Les images du livre et du film « Hugo Cabret » me reviennent en tête, quand la réalité nourrit la fiction …

"L'invention d'Hugo Cabret" de Brian Selznick

« L’invention d’Hugo Cabret » de Brian Selznick

Pour finir, ne quittez pas la Maison de la Magie sans avoir tester l’Hallucinoscope. A l’aide de lunettes à miroir, vous allez enfin marcher au plafond sans aucun danger ni préparation physique intensive !

Un week-end magique à Bruxelles …

Façade de la maison Autrique, Chée de Haecht 266, 1030 Shaerbeek

Façade de la maison Autrique, Chée de Haecht 266, 1030 Shaerbeek

Les raisons d’aller à Bruxelles ne manquent pas. En vrac, en voici quelques unes : les terrasses animées de la place Saint Géry, la gastronomie belge (et oui, j’aime la bière, les croquettes aux crevettes, les gaufres mais aussi les petits salons de thé bio …), les lieux à rêver (le Wolf dédié à la littérature jeunesse, le Centre Belge de la Bande Dessinée, le musée Magritte, la librairie 100papiers, la boutique de jouets The Grasshopper …)

Namasthe  25,avenue Louis Bertrand, Schaerbeek

Namasthe 25, avenue Louis Bertrand, Schaerbeek

Et bien, jusqu’à fin janvier 2014, vous avez une autre raison de vous précipiter sur une réservation Thalys, la très belle exposition « Ombres et lanternes, la magie du précinéma » à la Maison Autrique.

Cet hôtel particulier, témoin des débuts de l’architecte Horta, accueille, de sa buanderie au grenier, une collection extraordinaire d’objets optiques. Théâtre d’ombres, lanterne magique, phénakistiscope, praxinoscope et bien d’autres objets sont exposés dans des vitrines ou prennent place naturellement dans la décoration de la maison.

Les premiers pas de l'homme qui marche de Muybridge sont projetés sur le linge de la buanderie

Les premiers pas de l’homme qui marche de Muybridge sont projetés sur le linge de la buanderie

lanterne magique et plaque

lanterne magique et plaque

Outre la beauté des objets exposés, l’intérêt majeur de cette exposition est son interactivité. Le visiteur muni d’une clé peut mettre en marche un grand nombre d’objets ou manipuler directement certains d’entre eux.

Une recherche frénétique des "trous de serrure" commence

Une recherche frénétique des « trous de serrure » commence …

Mutoscope, New York

Mutoscope, New York

Une des images du mutoscope, un des premiers  westerns ?

Une des images du mutoscope, un des premiers westerns ?

Le plus magique a été de pouvoir animer le théâtre optique d’Emile Reynaud, ces quelques instants (reproduits à foison …) valent à eux seuls le voyage !

Affiche des spectacles d'Emile Reynaud au musée Grévin

Affiche d’un spectacle d’Emile Reynaud au musée Grévin

Théâtre optique d'Emile Reynaud, Autour d'une cabine

Théâtre optique d’Emile Reynaud, Autour d’une cabine

Pour prolonger la visite, j’achète deux superbes livres à la boutique de la maison Autrique. Dans la famille Levie, la passion de l’image animée se passe de père en fille…

Celui de Pierre Levie « Montreurs et vues d’optique » est une merveille visuelle tant l’iconographie qui le compose est riche.

Montreurs et vues d'optique, Pierre Levie, Sofidoc, 2006

Montreurs et vues d’optique, Pierre Levie, Sofidoc, 2006

Mais je commence ma lecture par celui de sa fille Françoise, « Etienne-Gaspard Robertson, la vie d’un fantasmagore ». Malgré son apparence plus austère, il suffit de lire quelques lignes pour être happer par ce récit aussi passionnant qu’une enquête policière.

Etienne-Gaspard Robertson, la vie d'un fantasmagore, Françoise Levie, Le préambule, 1990

Etienne-Gaspard Robertson, la vie d’un fantasmagore, Françoise Levie, Le préambule, 1990

Cette belle escapade aura été aussi l’occasion de compléter ma découverte des panneaux détournés de Clet Abrahams

Clet Abraham à Bruxelles

Clet Abraham à Bruxelles

Clet Abraham à Bruxelles

Clet Abraham à Bruxelles

Clet Abraham à Bruxelles

Clet Abraham à Bruxelles

Atelier « cinéma d’animation » Maison Populaire de Montreuil

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Les derniers ateliers ont été une véritable course contre la montre pour terminer notre film. La contrainte temps nous a obligé à faire des choix drastiques … Renoncer aux présentations des héros préférés du Time’s Up, ne pas relancer l’invitation à l’arrière petite fille d’Emile Reynaud … Pour nous concentrer sur la réalisation du Petit Bossu.

Finaliser les décors et les personnages.

Coline

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Animer les dernières scènes.

animation 1

Animation 2

Enregistrer la bande son.

voix

Réaliser le montage.

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Nous sommes fiers d’être allés jusqu’au bout du projet. Maintenant, à vous de juger !

Si vous souhaitez écouter le texte que nous avons adapté, c’est ici !