Aya de Yopougon

Image du film issue du blog de Clément Oubrerie http://www.oubrerie.net

Exercice nouveau, écrire sur un film qui n’est pas sorti. J’étais hier au salon du livre, porte de Versailles et j’ai assisté à une rencontre avec une « petite » partie de l’équipe qui est en train d’adapter la BD Aya en film d’animation.

Comme de très nombreux lecteurs, j’ai été conquise dès le premier volume par cette chronique d’un quartier populaire d’Abidjan des années 70. Les histoires qui s’enchaînent sont hautes en couleur, on ne s’ennuie pas à Yopougon. La vie familiale, les relations entre voisins, les histoires de coeur et de fesses, l’avenir des jeunes sont au centre de cette chronique de la vie quotidienne. Les sujets sont universels mais le cadre africain rend cette histoire incroyablement riche et originale. Merci à Marguerite Abouet, scénariste de la série, de partager avec nous ses souvenirs d’enfance et son imagination joyeuse.

Les auteurs de la BD sont aussi les réalisateurs du film, ils ont choisi d’adapter les deux premiers volumes qui tournent autour de la naissance de Bobby.                                    Clément Oubrerie, très pédagogue, nous a présenté hier, une série d’images qui relate les différentes étapes de la création visuelle, de son carnet de voyage à Abidjan aux images finales du film, passionnant !

dessin d'une boutique par Clément Oubrerie http://www.oubrerie.net

On retrouve l’univers graphique de la BD, le dessin est selon ses propos « moins changeant ». Le cinéma d’animation implique un très grand nombre de collaborateurs d’où la nécessité de fixer les traits des personnages avec précision. Le découpage de la BD est déjà très cinématographique, usant de champ/contrechamp dès l’ouverture…Hier, nous n’avons vu que des images fixes, il nous faudra attendre la rentrée pour les voir s’animer.

Clément Oubrerie était accompagné par le musicien Mokobé et par l’acteur Emile Abossolo qui jouera plusieurs voix du film. Gage de l’importance donnée à la bande son ? Produit et réalisé par les mêmes sociétés qui sont à l’origine de l’adaptation du Chat du Rabbin de Joann Sfar, on peut être confiant ! Mokobé veut « apporter de la joie, à travers la musique », beau programme !                                                                                            Une des saveurs d’Aya est la langue utilisée par Marguerite Abouet, le nouchi ivoirien, les filles sont des « gazelles », des « freshnies », elles aiment aller « décaler » au « maquis » en secouant leurs fesses ( « bodjo », « pétou », tassaba ») ! Si vous avez quelques difficultés de compréhension, un lexique vous aide dans le « bonus ivoirien » qui clôt chaque volume.    Je suis impatiente d’entendre les voix s’incarner ! Scoop d’hier, Mokobé interprétera un disc-jockey d’un petit maquis .

Aya de Yopougon 1 Abouet/ Oubrerie Gallimard

Mokobé © Fifou

L’année 2012 est riche en adaptation BD/ film d’animation, « Tatsumi » d’Eric Khoo a ouvert le bal en février, cette semaine « Aloïs Nebel » sort sur les écrans… Je ne m’en lasse pas !

« Cheval de guerre », Steven Spielberg, 2012

J’ai eu beaucoup de plaisir à lire le livre de Michael Morpurgo, plaisir que je n’ai pas retrouvé entièrement à la projection du film de Steven Spielberg. J’essaie de comprendre ma déception, l’histoire est sensiblement respectée, le film comme le livre nous raconte l’amitié entre un jeune fermier anglais et son cheval Joey sur fond de première guerre mondiale. Ce n’est donc pas l’histoire qui me gêne mais la manière de la raconter. La grande force du livre est que toute l’histoire est relatée par la voix de Joey, le cheval. C’est son regard, ses sentiments qui guident le lecteur dans cette aventure incroyable. Le roman s’ouvre sur ces mots :

«  Mes plus anciens souvenirs sont un mélange confus de champs accidentés, d’écuries sombres, humides, et de rats qui cavalcadent sur les poutres au dessus de ma tête. Mais je me rappelle assez bien le jour de la vente de chevaux : c’est une terreur qui m’a escorté toute ma vie. »

Les hommes parlent à l’oreille de Joey, ses propriétaires successifs qu’ils soient anglais, français ou allemands ont la même humanité. Raconter l’histoire du point de vue de Joey permet à Morpurgo de dépasser une vision nationaliste au profit d’un regard universel.    Respecter ce choix au cinéma est un véritable défi que Spielberg ne relève pas. Joey est le héros du film, soit, mais c’est un regard extérieur qui le met en scène et ça change tout.

Les images sont aussi trop belles, trop léchées. La photographie brille trop ! C’est moche la guerre !

Et puis, certains personnages du livre ont disparu dans le film. J’ai regretté ne pas retrouver le vieux soldat allemand, Friedrich-le-fou, j’ai une tendresse particulière pour lui. Il s’adresse à Joey et à Topthorn en ces mots :  » Moi, je vous le dis, mes amis ; je vous dis que je suis le seul homme sain d’esprit de ce régiment. C’est les autres qui sont fous, mais ils ne le savent pas. Ils font la guerre et ils ne savent pas pourquoi. C’est pas de la folie, ça ? Comment un homme peut-il en tuer un autre sans vraiment savoir pour quelle raison, si ce n’est qu’il porte un uniforme d’une autre couleur et parle une langue différente ? Et c’est moi qu’on trouve fou ! Vous deux, vous êtes les seules créatures raisonnables que j’aie rencontrées dans cette guerre absurde ; comme moi, c’est qu’on vous y a amenés. »

Joey et Topthorn

Quelques lignes plus loin, Friedrich évoque la désertion. Thème que Spielberg développe dans son film par deux autres personnages qui ne sont pas dans le roman, les deux jeunes frères allemands. Sont-ils plus photogéniques ?

horse_a

trench_a

Je découvre que Morpurgo a écrit un autre roman sur la première guerre mondiale           « Soldat Peaceful » qui relate l’histoire de deux jeunes frères anglais dont l’ainé sera fusillé pour lâcheté face à l’ennemi. Ce roman est-il à l’origine de l’épisode des deux jeunes allemands de Spielberg ? Quoi qu’il en soit, une envie très forte de lire ce livre !

Et si grâce à son film Spielberg donne envie de découvrir d’autres oeuvres de Morpurgo, merci à lui. Pourquoi ne pas commencer par le magnifique roman  » Le roi de la forêt des brumes » qui a été adapté en un très beau court-métrage d’animation par Jean-Jacques Prunès.Le roi de la forêt des brumes

Salon du livre et de la presse jeunesse

Graffiti sur le mur en face du salon du livre et de la presse jeunesse Montreuil

Journée professionnelle au salon de Montreuil, rendez-vous incontournable pour l’amoureuse de l’image que je suis ! Comme d’habitude, le plus dur est de choisir !   L’offre est, une fois de plus, très riche ; éditeurs, conférences, expositions, rencontres, signatures…  Il est facile d’avoir la tête qui tourne, d’autant que je ne suis pas la seule à aimer la littérature jeunesse et que la température monte, monte au fil de la journée !

Voilà ma petite sélection, le plaisir comme unique critère de choix !

Stand G29 : Soleil Productions                                                                                                Mes yeux s’attardent sur la couverture d’une Bande Dessinée  » La marche des crabes ».     Y a-t -il un lien avec le court métrage  » La révolution des crabes » découvert en 2005 au festival du court métrage d’humour de Meudon ? La charmante hôtesse me le confirme et me conte avec un plaisir partagé l’histoire d’Arthur et de ses 300 grosses pages qu’aucun éditeur ne voulait prendre. Lassé, il décide d’en faire un court métrage qui a connu un succès phénoménal sur YouTube et dans de nombreux festivals. Son retour vers les éditeurs a été quelque peu facilité, trois tomes sont sortis aux éditions Soleil. Il ne reste sur le stand que le tome 2 que je feuillette avec plaisir…

BD "La marche du Crabe" Arthur de Pins

J’apprends sur le net que l’aventure ne s’arrête pas là ! Arthur de Pins est en train de réaliser un long métrage adapté de sa BD, le film a déjà son site sur lequel vous pourrez visionner son court métrage. La boucle est-elle bouclée ?         http://www.lamarcheducrabe-lefilm.com/

Pôle cinéma d’animation : « Léo Lionni : des livres aux films »                                             Le salon de Montreuil ne se contente pas d’accompagner les dernières parutions des éditeurs, il soutient aussi l’offre patrimoniale.                                                                      Léo Lionni est un grand auteur de la littérature jeunesse, il jongle avec les mots et les images pour nous raconter des histoires très simples mais à l’impact émotionnel percutant. C’est « Frédéric » mon préféré, héros qui regarde le temps passé, qui privilégie « l’être » à « l’avoir », qui fait chanter les mots et provoque l’imagination. Je craque toujours à la fin de l’album quand Frédéric rougit  d’émotion aux compliments des autres petits mulots.

Frédéric Leo Lionni L'école des loisirs

Et bien voici que Frédéric s’anime ! Grâce à l’association Cinémas 93 et à « l’école des loisirs », cinq courts métrages réalisés dans les années 80 par Léo Lionni nous sont présentés. Malgré des conditions de projection qui ne sont pas idéales, le charme opère !

Léo Lionni sera à l’honneur dans la prochaine édition du festival « Ciné Junior » dans le Val-de-Marne du 1er au 14 février 2012. Un ciné-concert et  38 planches originales ayant servi à la réalisation des films d’animation seront présentés, à vos agendas !

Ciné Junior 2012 Affiche de Giampaolo Pagni

Frédéric de Léo Lionni ( film d'animation)

Frédéric de Léo Lionni ( film d'animation)

Niveau -1 : Exposition CIRCUS                                                                                          Face à la foule qui envahit l’espace, mon premier réflexe est de fuir mais pourtant je veux voir l’installation proposée par Benoît Jacques. Je me faufile non sans mal jusqu’à Funambulibili.                                                                                                                           L’effort est récompensé, je suis touchée par ces six équilibristes perdues dans une ronde infinie qui passe de la lumière à l’ombre. Que se passe-t-il derrière l’écran blanc ? Reviennent-ils à l’identique ? La chute est-elle possible ?

Funambulibili de Benoît Jacques

Funambulibili de Benoît Jacques

Artiste inclassable ; écrivain, illustrateur, éditeur, plasticien….                     Personnellement, je suis entrée dans son univers par ses flip-books, petites histoires décalées, contées en images animées, allez les découvrir sur son site : http://www.benoitjacques.com/

Mes autres découvertes resteront secrètes, déjà emballées d’un joli papier cadeau, et oui, la lecture c’est un plaisir qui se partage.

Atelier 1 : De l’album au film ou vice et versa

 

Quels sont les liens entre un album jeunesse et son adaptation au cinéma ? Un film peut-il être à l’origine d’un album ? Des auteurs peuvent-ils réaliser un album et un film en parallèle ?

Comment anime-t-on des images fixes ?

Nous explorerons avec les enfants les multiples liens entre la littérature et le cinéma en découvrant des oeuvres du patrimoine ou des oeuvres plus contemporaines.

Pour les petits groupes (une dizaine d’enfants) l’atelier consistera à manipuler et à fabriquer des jouets optiques.

Pour les grands groupes, une analyse comparée de l’album et du film peut être proposée.

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Un succès « monstre »

 

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C’est ce que l’on souhaite au nouveau programme de courts métrages distribué par    « Les films du préau». Programme dont les vedettes sont une petite souris et un Gruffalo impressionnant. Une souris tout le monde connaît mais un Gruffalo, c’est quoi me direz-vous?

Petit voyage en Angleterre sur les lieux de naissance de ce personnage mystérieux. Le 27 juillet 1999 est porté sur les fonds éditoriaux l’album «The Gruffalo» par Julia Donaldson et Axel Scheffer.

Le Gruffalo est le fruit de l’imagination de la petite souris qui le crée sous nos yeux au fil des pages pour se sauver des griffes de ses prédateurs. Qu’adviendra-t-il lorsque la petite souris croisera sa propre créature? Est-il plus simple de lutter contre un danger réel ou ses peurs imaginaires?

Enorme succès auprès des enfants, l’album «The Gruffalo» est un phénomène éditorial en Angleterre. Gruffalo se décline en de multiples produits dérivés, un site lui est consacré.

En 2009, il est adapté en film d’animation pour la BBC. C’est cette adaptation que           « Les films du préau» nous propose dans leur programme «monstre». L’animation par ordinateur, utilisée par les réalisateurs est une belle réussite tant pour les paysages que les personnages. On a envie de se promener dans le champs de pissenlits et dans cette forêt lumineuse ! Les émotions ressenties par la petite souris sont palpables. C’est fou ce que l’on peut exprimer par le regard !

Les réalisateurs tout en  respectant la structure narrative de l’album ont inséré des épisodes de leur création s’intégrant parfaitement à l’histoire. Par exemple, la scène de la chute d’eau avec le hibou est remarquable dans sa construction, elle souligne avec brio l’ingéniosité de la petite souris. Belle adaptation laissant une large place à la création.

Le court métrage Gruffalo est précédé en avant programme par trois autres petits films d’animation. S’ils évoquent tous la peur, mention spéciale pour «Monstre et moi» de Claudia Röthlin dans la montée d’adrénaline. Comment ne pas être solidaire de cette petite fille seule face à ses peurs ? D’un monstre ou d’un chien d’où vient le danger? En trois minutes chrono on passe de la frayeur au soulagement.

Des extraits, un dossier presse, des photos sur le site des «films du préau» :   http://www.lesfilmsdupreau.com

Dans toutes les bonnes salles de cinéma à partir du 19 octobre !

Pour finir, clin d’oeil à un petit bijou de l’animation réalisé par Benjamin Renner  « La queue de la souris». Un petit air de famille !