Façade de la maison Autrique, Chée de Haecht 266, 1030 Shaerbeek
Les raisons d’aller à Bruxelles ne manquent pas. En vrac, en voici quelques unes : les terrasses animées de la place Saint Géry, la gastronomie belge (et oui, j’aime la bière, les croquettes aux crevettes, les gaufres mais aussi les petits salons de thé bio …), les lieux à rêver (le Wolf dédié à la littérature jeunesse, le Centre Belge de la Bande Dessinée, le musée Magritte, la librairie 100papiers, la boutique de jouets The Grasshopper …)
Namasthe 25, avenue Louis Bertrand, Schaerbeek
Et bien, jusqu’à fin janvier 2014, vous avez une autre raison de vous précipiter sur une réservation Thalys, la très belle exposition « Ombres et lanternes, la magie du précinéma » à la Maison Autrique.
Cet hôtel particulier, témoin des débuts de l’architecte Horta, accueille, de sa buanderie au grenier, une collection extraordinaire d’objets optiques. Théâtre d’ombres, lanterne magique, phénakistiscope, praxinoscope et bien d’autres objets sont exposés dans des vitrines ou prennent place naturellement dans la décoration de la maison.
Les premiers pas de l’homme qui marche de Muybridge sont projetés sur le linge de la buanderie
lanterne magique et plaque
Outre la beauté des objets exposés, l’intérêt majeur de cette exposition est son interactivité. Le visiteur muni d’une clé peut mettre en marche un grand nombre d’objets ou manipuler directement certains d’entre eux.
Une recherche frénétique des « trous de serrure » commence …
Mutoscope, New York
Une des images du mutoscope, un des premiers westerns ?
Le plus magique a été de pouvoir animer le théâtre optique d’Emile Reynaud, ces quelques instants (reproduits à foison …) valent à eux seuls le voyage !
Affiche d’un spectacle d’Emile Reynaud au musée Grévin
Pour prolonger la visite, j’achète deux superbes livres à la boutique de la maison Autrique. Dans la famille Levie, la passion de l’image animée se passe de père en fille…
Celui de Pierre Levie « Montreurs et vues d’optique » est une merveille visuelle tant l’iconographie qui le compose est riche.
Montreurs et vues d’optique, Pierre Levie, Sofidoc, 2006
Mais je commence ma lecture par celui de sa fille Françoise, « Etienne-Gaspard Robertson, la vie d’un fantasmagore ». Malgré son apparence plus austère, il suffit de lire quelques lignes pour être happer par ce récit aussi passionnant qu’une enquête policière.
Etienne-Gaspard Robertson, la vie d’un fantasmagore, Françoise Levie, Le préambule, 1990
Cette belle escapade aura été aussi l’occasion de compléter ma découverte des panneaux détournés de Clet Abrahams …
François Morellet, Triple X Neonly, 2012, Dynamo au Grand Palais
Ça fuse, ça pulse, ça clignote, ça vibre, ça tremble… De tous nos sens, c’est sans conteste, la vue qui est le plus sollicité dans les deux superbes expositions consacrées à l’art cinétique. S’il ne reste plus que quelques jours pour admirer l’exposition de Julio le Parc au Palais de Tokyo, l’exposition Dynamo au Grand Palais mérite plusieurs visites tant les oeuvres exposées nécessitent un « corps à corps » avec le visiteur.
Petite sélection « coups de coeur »…
Par le jeu des miroirs, le spectateur pénètre dans l’oeuvre ; démultiplication, fractionnement, mise en abyme …
Cloison à lames réfléchissantes de Julio le Parc, 1966
Exposition Dynamo au Grand Palais, 10/04/13-22/07/13
Le prisme de Nicolas Schöffer, 1965
Dans d’autres travaux, c’est le déplacement du spectateur qui permet un jeu avec la notion de point de vue.
Double métamorphose III de Yaacov Agam, 1968-1969
Double métamorphose III de Yaacov Agam, 1968-1969
Vingt-trois disques évidés plus douze moitiés et quatre quarts de Felice Varini, 2013
Vingt-trois disques évidés plus douze moitiés et quatre quarts de Felice Varini, 2013
Une salle entière est consacrée aux pionniers du cinéma abstrait : Viging Eggeling, Laszlo Moholy-Nagy et Hans Richter. Occasion rare de se laisser hypnotiser par des enchaînements de motifs abstraits … Le film « Jeu de lumière noir-blanc-gris » de Moholy-Nagy est particulièrement fascinant, les mouvements de sa machine rotative projettent un ballet d’ombres et de lumière.
La vidéo contemporaine des frères Quistrebert vue au début de l’exposition est ainsi mise en perspective.
C’est un des intérêts de cette très vaste exposition de nous donner à voir l’art cinétique sur plus d’un siècle, des liens formels se tissent dans l’espace et le temps.
Elément du décor de l’exposition « Le monde enchanté de Jacques Demy » 10/04/13-4/08/13
En matière de cinéma, je suis restée fidèle à mes goûts de petite fille : les westerns et les comédies musicales. Ces deux genres ont nourri mes jeux de récréation. Si je suis incapable de donner le titre précis d’un western qui inspirait mes nombreuses poursuites entre indiens et cow-boys, je me souviens très bien que je chantais à tue-tête, avec ma meilleure copine, la chanson des jumelles dont nous avions quelque peu transformé les paroles ! Le temps d’une chanson nous étions les reines de la cour de récréation.
Plus tard, j’ai appris qu’on pouvait avoir le coeur meurtri et continuer à chanter et à rire ! C’est cette élégance de vie que j’aime retrouver dans les films de Jacques Demy, les choses graves ne s’habillent pas forcément de gris.
J’ai été impressionnée dimanche matin par le nombre de famille visitant l’exposition « Le monde enchanté de Jacques Demy ». Transmettre le goût du cinéma était une de ses passions. Susciter le désir de voir et revoir ses films est le plus bel hommage qui puisse lui être rendu.
De la reconstitution de ses premières projections dans le placard familial à la déclaration finale « Pourquoi je filme ? », l’exposition est une merveilleuse plongée dans l’oeuvre d’une vie consacrée aux images. Si je connaissais bien le cinéaste, j’ai découvert le photographe et son Hasselblad.
Hasselblad 2000 FC/M ayant appartenu à Jacques Demy
Parmi les très nombreuses photographies de plateau exposées, j’ai eu un véritable choc visuel devant celles d’Agnès Varda prises sur le tournage de La baie des anges. Il m’était difficile d’imaginer Jackie et Jean autrement qu’en noir et blanc, tellement la beauté des images sont indissociables au film. Contrainte financière au départ, Jacques Demy assume avec brio ce choix.
Jeanne Moreau dans « La baie des anges » de Jacques Demy, 1963
Agnès Varda n’a pas les mêmes obligations, avec son appareil photo elle restitue la réalité du tournage avec des images en couleur très lumineuses. Belle illustration que la création est un jeu subtil entre contrainte et désir, et qu’une même réalité peut engendrer des regards multiples.
Exposition « Le cinéma enchanté de Jacques Demy »
J’ai aussi été très touchée par le témoignage vidéo d’Harrison Ford que l’on retrouve dans le catalogue de l’exposition. La rencontre avec Jacques Demy à Los Angeles lors de la préparation de Model Shop a marqué l’apprenti comédien qu’il était alors, il rend hommage au cinéaste mais surtout nous livre une belle leçon de vie.
Entretien avec Harrison Ford réalisé par Rosalie Varda- 2012
L’exposition se termine par la réponse de Jacques Demy à la question du journal Libération : « Pourquoi je filme ? » « Parce que j’aime ça / Parce que ça bouge / Parce que ça vit / Parce que ça pleure / Parce que ça rit / Parce qu’au ciné / On est dans le noir / On est au chaud / Entre un mec qui vous fait du genou / Et une nana qui enlève le sien (…) Parce que filmer c’est comme une femme / C’est comme un homme / Ça peut faire mal / Ça vous écorche / C’est parfois moche / Mais c’est bien quand même (…) Parce que j’aime ça / Et parce que je ne sais rien faire d’autre… »
Si comme Jacques Demy vous aimez ça, deux autres expositions mettent le cinéma à l’honneur. A Paris, le printemps est cinéphile.
Musique et cinéma : le mariage du siècle ? Cité de la musique jusqu’au 18/08/13
Depuis un an, Amsterdam a une toute nouvelle cinémathèque. Située en face de la gare centrale, de l’autre côté du bras de mer, il est difficile de ne pas remarquer ce nouveau bâtiment aux formes futuristes. L’exposition temporaire présente le travail du réalisateur allemand, Oskar Fischinger, une belle occasion de découvrir ce lieu et cet artiste ! La visite se fait dans la pénombre, priorité à la présentation des films sur grand écran. Ce choix permet de découvrir les oeuvres de Fischinger dans d’excellentes conditions, notre corps, par nos yeux et nos oreilles, est profondément sollicité et rentre en interaction avec l’oeuvre. On peut même esquisser quelques pas de danse…
Exposition Oskar Fischinger, Eye, Amsterdam
La présentation est chronologique, de ses débuts en Allemagne jusqu’à ses travaux réalisés en Californie à partir de 1936. Une des premières oeuvres exposées est « Spiritual constructions ». C’est un film de silhouettes muet annoncé par un carton sur lequel est écrit « Très étrange, comme si le monde était devenu ivre ». Dans les premières secondes du film, on voit deux hommes attablés autour d’une table en train de boire. Très vite nous sommes entrainés dans leur délire éthylique, rien n’est stable, tout est en perpétuel changement. Le film est une suite de métamorphoses. Des formes figuratives ou abstraites se confondent en une chorégraphie alerte.
« Spiritual constructions », Oskar Fischinger, 1927
Dans ce court métrage, on peut remarquer à plusieurs reprises des fonds réalisés avec la machine à animer la cire inventée par Oskar Fischinger. Cette machine sera utilisée par Walther Ruttmann pour les fonds du long métrage de Lotte Reiniger « Les aventures du Prince Ahmed ».
« Les aventures du Prince Ahmed », Lotte Reiniger, 1926
Les autres salles sont essentiellement consacrées à ces études ( studies ) qui synchronisent des motifs abstraits ou des formes géométriques à des morceaux de musique classique ou de jazz. C’est une expérience assez troublante de percevoir la musique intensément parce qu’en plus de notre ouïe, notre vue est sollicitée.
Son « studie n° 8″ traduit le poème symphonique de Paul Dukas, l’Apprenti Sorcier.
Studie n°8 » Oskar Fischinger », 1931
Irrésistiblement, les images du Fantasia de Disney reviennent à ma mémoire. L’Apprenti Sorcier nous donne un exemple remarquable de la variété d’association entre une musique et des images !
« Fantasia » Disney, 1940
Ma maîtrise très partielle de l’anglais est un frein pour comprendre le principe des nombreuses inventions d’Oskar Fischinger présentées en parallèle à ses films : peintures stéréoscopiques, expériences sur la bande son, Lumigraph … L’exposition provoque le désir d’en savoir plus …
Au sous-sol de la cinémathèque, l’exposition permanente permet de visionner de nombreux extraits de films et de jouer avec différents dispositifs : projection de bulles interactives, réalisation d’un flip-book, voyage virtuel … Fou rire garanti !
« Bubbles », Muench et Furukawa, 2011
Flipbook Machine, Museum of the moving image, New York
« Indoor/Outdoor », Soldevilla, 2010
« Indoor/Outdoor », Soldevilla, 2010
Pour que la présentation de la cinémathèque soit complète, je dois aussi mentionner un superbe bar-restaurant, une librairie et 4 salles de cinéma proposant une programmation attractive.
J’aime être seule lorsque je visite une exposition : choisir mon rythme d’exploration, revenir sur mes pas, m’arrêter longuement face à une oeuvre, en survoler une autre… J’aime aussi être accompagnée lorsque je visite une exposition : plaisir du regard partagé, de l’échange de sensations, de sentiments, de reflexions …
La très belle exposition consacrée à la collection Howard Greenberg m’a permis de réconcilier ces deux mouvements apparemment contradictoires, alterner la découverte intime et silencieuse au dialogue sur certaines photographies choisies.
Le choix de Dominique, ma soeur, se porte sur deux photographies qui éveillent une forte empathie avec les personnes photographiées. La première représente deux vieilles femmes assises devant une maison en bois.
Que regardent-elles ? Un évènement quotidien ou singulier survenu devant leur maison ? Sont-elles plongées dans leurs souvenirs ? Le hors-cadre spatial et temporel nous est inaccessible mais il provoque notre imagination. Leur ressemblance est moins troublante que celle des jumelles de Diane Arbus exposées un peu plus loin, toutefois on les devine soeur. Ressemblance et singularité se mêlent. La femme au premier plan semble plus rude, elle se tient bien droite sur sa chaise, sa bouche est amère. Sa compagne paraît plus douce, un léger sourire se dessine sur ses lèvres, elle se balance sur sa chaise et son corps est en torsion. Elle a retiré son tablier de travail…
La deuxième photographie nous donne l’impression d’être face à un photogramme d’un film. La situation représentée donne à Dominique l’envie d’intervenir, de rompre la solitude de cette femme en demandant aux hommes qui l’entourent de la laisser tranquille. Cette image est devenue au fil du temps une icône du sexisme. La lecture du site de la photographe, Ruth Orkin nous renseigne sur le contexte de réalisation de l’oeuvre et nous en donne une toute autre interprétation. Au début des années 50, Ruth Orkin voyage seule en Italie, elle rencontre à Florence une jeune peintre américaine Jinx Alley (Ninalee Graig), elles réalisent ensemble une série de photos témoignant plus de l’autonomie de la jeune femme que de son asservissement. Passionnant de voir comment une oeuvre échappe à son auteur…
Laura, 12 ans, choisit quant à elle, deux photographies représentant deux jeunes garçons dans la rue. La première est réalisée en 1933, en Espagne, par le maître des lieux, Henri Cartier-Bresson. Un enfant vêtu de blanc se tient devant un mur noir, la lumière accentue ce contraste. Il joue les deux bras écartés, la tête jetée en arrière, il est dans son monde, magnifique représentation du pouvoir de l’imagination ! Une forme énigmatique est située à l’extrémité gauche du sol, que représente-t-elle ?
Valence, Espagne, Henri Cartier-Bresson, 1933
La deuxième a été réalisée 20 ans plus tard à New-York par Robert Frank, « Pablo à Times Square ». L’opposition entre l’enfant seul au premier plan et la foule à l’arrière plan est renforcée par le contraste formel entre le net et le flou.
Quant à moi, je m’arrête devant la photographie d’Arthur Rothstein représentant un fermier d’Oklahoma bravant une tempête de sable en compagnie de ses deux fils.
Tempête de sable, conté de Cimarron, Arthur Rothstein, 1936
Ce qui m’attire c’est l’importance du ciel et de la terre qui semblent ne faire plus qu’un. Cette masse grise vibrante qui estompe les détails met en valeur la cabane en bois qui malgré son dénouement est un refuge vers lequel le fernier et ses deux fils se dirigent d’un pas assuré.
« Mary’s book », Robert Frank, 1949
« Mary’s book », Robert Frank, 1949
La maquette originale de « Mary’s book » de Robert Frank clôt notre échange familial. Alternance de photographies et de textes manuscrits célébrant un Paris des années 50 qui semble endormi. Le regard subjectif du photographe vient à notre rencontre. Son expérience intime de certains lieux parisiens résonne avec notre récente déambulation dans la capitale …
Exposition » Kali le petit vampire » de Regina Pessoa, Centre Culturel de Gentilly, 15/02/2013
Avant d’aller découvrir l’exposition de Regina Pessoa, j’assiste au programme « Des rencontres monstres » à l’espace Jean Vilar d’Arcueil en compagnie de plusieurs classes de la ville. Superbe programmation ! Mon premier coup de coeur va à « la piscine » de la jeune réalisatrice tchèque, Alexandra Hetmerova. Le film arrivant en quatrième position, je suis de plus en plus intriguée face à ce ballet aquatique ; que peuvent bien avoir de monstrueux ce couple sympathique évoluant avec grâce sur une musique de Strauss ?
« Piscine » d’ Alexandra Hetmerova, 2010
Non, il n’y a pas d’erreur. Ce court-métrage aurait pu participer à un programme sur la rencontre amoureuse mais il a aussi toute sa place pour « des rencontres monstres »… Ne comptez pas sur moi pour vous dévoiler l’intrigue ! Le site d’Alexandra Hetmerova mérite le détour, on y découvre ses premiers travaux dont cette version très « punchy » du Petit Chaperon Rouge.
« Monstre sacré » de Jean-Claude Rozec est lui aussi un petit bijou. Il nous embarque en 10 minutes dans des univers variés à un rythme trépidant ! Notre héros, un jeune dragon fort sympathique naît sous nos yeux comme le vilain petit canard. Il va vite quitter cet univers de conte pour se retrouver sous le feu nourri d’armes de plus en plus lourdes ! Pas plus que les canards, les hommes ne veulent de lui. Il doit sa survie à un producteur hollywoodien qui transforme les armes en caméra. A-t-il pour autant trouver sa place ?
« Monstre sacré » de Jean-Claude Rozec, 2009
Avec « L’échange » de Maria Steinmetz, nous sommes dans un tout autre registre. La jeune réalisatrice allemande nous plonge dans le monde médiéval en adaptant un récit de l’écrivain suédois, Selma Lagerlöf. L’originalité graphique, des icônes animées, rappelle le très beau film d’animation d’Emilie Mercier, « Bisclavret ».
« L’échange » de Maria Steinmetz, 2011
Très belle adaptation visuelle d’un récit d’une grande dame de la littérature !
Ma principale motivation à assister à cette séance était le désir de découvrir au cinéma le nouveau court-métrage de Regina Pessoa, « Kali le petit vampire ». Auparavant, je n’avais vu de cette réalisatrice que son film « Histoire tragique avec fin heureuse« , il m’avait fait l’effet d’un uppercut ! La texture de l’image, les cadrages, les points de vue, les mouvements de caméra, les battements de coeur entêtants, la voix de la narratrice, le silence, tout concourt à faire de cette histoire de fille-oiseau une petite merveille !
« Histoire tragique avec fin heureuse » de Regina Pessoa, 2005
L’attente et le niveau d’exigence étaient à son comble ! J’ai retrouvé avec plaisir le graphisme haché, tremblé qui donne une identité aux dessins de Regina Pessoa. Que se soit sur du plâtre, du papier glacé ou une tablette graphique, son geste est puissant et le jeu sur la lumière et les ombres qu’elle crée avec Kali est remarquable. Son choix d’incarner Kali par une voix âgée et profonde donne de la chaleur à ses images. Malgré cela, je n’ai pas réussi à être en empathie avec son personnage, face au sacrifice final de Kali je suis perdue. J’ai peut-être un problème avec les morts-vivants ! Le petit vampire s’est-il métamorphosé en fantôme à l’errance infini ? J’ai besoin de corps, de chair même dans le cinéma d’animation !
J’ai continué mon périple dans la Val de Marne jusqu’à Gentilly pour voir l’exposition consacrée à « Kali le petit vampire ». Cette exposition est élaborée par Regina Pessoa et son compagnon Abi Feijo par l’intermédiaire de leur studio de production, Cyclopes Films. Comme pour les courts métrages que je viens de découvrir, les objets exposés m’invitent à me méfier des apparences. Regina Pessoa a revisité les jouets optiques pour nous en donner une version contemporaine très belle.
Exposition » Kali le petit vampire » de Regina Pessoa, Centre Culturel de Gentilly, 15/02/2013
Exposition » Kali le petit vampire » de Regina Pessoa, Centre Culturel de Gentilly, 15/02/2013
Coup de coeur pour le folioscope à 6 entrées édité à cette occasion, à découvrir sur le site d’Heeza ! La deuxième salle est principalement consacrée aux images réalisées pour Kali, les recherches graphiques, le story-board…
Exposition » Kali le petit vampire » de Regina Pessoa, Centre Culturel de Gentilly, 15/02/2013
Exposition » Kali le petit vampire » de Regina Pessoa, Centre Culturel de Gentilly, 15/02/2013
Une belle exposition qui allie l’esthétisme au pédagogique. Après Gentilly, c’est la médiathèque d’Orly qui l’accueillera jusqu’au 2 mars.
Je vous invite aussi à parcourir le site dédié à la 23 ème édition du festival « ciné junior », beaucoup d’autres évènements sont à découvrir dans les salles du Val-de-Marne !
Affiche de l’exposition « Dans l’atelier du photographe » au musée Bourdelle 3/02/13
Lors de mon séjour à Arles cet été, j’avais acheté le dernier ouvrage d’Anne Cartier-Bresson « Dans l’atelier du photographe », sans savoir que cette publication allait être accompagnée par une exposition au musée Bourdelle. J’étais intéressée par le point de vue choisi : présenter l’histoire de la photographie par la pratique et le développement des techniques.
« Dans l’atelier du photographe » d’Anne Cartier-Bresson, Ed.PARIS Musées, juin 2012
J’étais très curieuse de découvrir la présentation de ce thème dans un espace muséal.
Bonne surprise, avant même l’entrée dans l’exposition, une oeuvre de Charles Matton nous accueille en bas des escaliers.
Le loft au grand escalier, Charles Matton, 1989
Une grande maquette représente le loft d’un photographe en miniature. L’espace ainsi reconstitué est extraordinaire. Je suis impressionnée par la qualité des matières, des objets et de la lumière. A ces côtés, un très beau tirage argentique est exposé.
« Le grand escalier » Charles Matton, 1989
Emerveillement d’y reconnaître le grand escalier de la maquette. Nos repères sont bousculés. Quel est le monde représenté ? La mise en scène proposée nous fait naviguer entre la réalité et la fiction.
La suite de l’exposition est plus convenue, il est bien sûr très agréable d’admirer les oeuvres originales, la vision stéréoscopique par exemple est impossible à reproduire dans un livre ! Toutefois la présentation de l’exposition m’a semblé plate, j’aurais aimé trouver à côté des photographies et des textes, des objets réels rendant compte de la matérialité d’un atelier.
Réussir à diminuer le temps de la prise de vue est présenté comme une des grandes conquêtes techniques. En 1845, de nombreuses minutes étaient nécessaires pour impressionner la plaque de cuivre du daguerréotype. Un siècle plus tard, le Leica permet un temps de pose réduit au 1/500 e de seconde. Ce qui me fascine, c’est de voir comment les artistes contemporains utilisent cette contrainte technique pour créer de nouvelles images.
L’artiste américain, Mark Osterman, utilise des procédés anciens comme le négatif sur verre au collodion. Dans « Catching Blanks » le temps de pose rend fantomatique les personnes saisies en mouvement, de nombreuses mains dépourvues de corps interprètent des gestes énigmatiques. Au premier plan, une table avec des flacons de verre pourrait laisser croire que l’on est dans un laboratoire de chimie si ce n’est la présence d’un pistolet suspendu à une corde… La matérialité de l’image rend mystérieuse la réalité représentée et laisse le spectateur avec des questions sans réponse. L’exposition comme le livre se termine par la présentation de l’oeuvre de Pietro Iori, « In front off ». A l’ère du numérique, il est encore possible de jouer avec l’animé et l’inanimé grâce au temps de pose.
« In front off », Pietro Iori, 2008
Une grande photo représente la gare de Berlin, en plein jour, étonnamment déserte. La prise de vue a nécessité plusieurs heures vidant ainsi la gare de tout mouvement, seule la structure fixe du bâtiment a été enregistrée. En bas de cette image, une main tenant un appareil photo est incrustée. Sur l’écran de l’appareil défilent des diapositives révélant les voyageurs qui sont passés devant l’appareil au cours de la prise de vue. La confrontation des deux images sur le même support valorise le choix de l’artiste. Que veut-il montrer de la réalité ?
Si je suis restée sur ma faim quant à la présentation matérielle de l’évolution des techniques photographiques, le choix des oeuvres présentées notamment contemporaines justifie largement une petite visite au musée Bourdelle.
« Mettre en valeur quatre courts métrages qui célèbrent le pouvoir de l’imagination de celui qui réalise et de celui qui regarde. Exprimer le regard que je porte sur ces films. Partager ce regard avec notamment un public d’enfants. »
Voici la présentation de l’évènement que j’ai proposé à la fête du court métrage. Les liens vers les films sont actifs jusqu’au 21 décembre, profitez-en et laissez- moi vos commentaires sur cette programmation !
Le premier court proposé est un film de fin d’étude réalisé par Lucie Mayjonade lorsqu’elle était étudiante à l’école Georges Méliès d’Orly. Très librement adapté d’une légende polynésienne sur un « homme poisson », ce petit film sans dialogue, mais avec une très belle musique d’Olivier Michelot, nous raconte les tribulations d’un petit personnage au prise avec son imagination pour le meilleur et pour le pire… J’aime beaucoup la fluidité de l’animation et le jeu des matières entre la transparence du petit personnage et la matérialité des univers qu’il traverse.
Le making-off …
La vie de famille à vue de truffe n’est pas un long fleuve tranquille ! Tout ce que demande Fifi, c’est un peu d’attention de ses maîtres et un peu de tranquillité pour lire les nouvelles scientifiques dans le journal. Et bien ce soir-là, il n’aura ni l’un ni l’autre ! Un drame de la vie quotidienne raconté avec beaucoup d’humour et de fantaisie. Nous ne connaîtrons visuellement des humains que les jambes et les chaussures qui puent. A nous d’imaginer le hors champs à l’aide de la riche bande-son où l’échange verbal entre les membres de la famille est incisif à souhait. Ce court-métrage est le fruit de la collaboration entre Nicolas Bianco-Levrin et Julie Rembauville. Leur production commune est riche d’albums et de courts métrages à découvrir…
C’est le plus court et je l’adore au point que je le regarde en boucle pour faire durer le plaisir ! C’est léger comme une bulle de savon, c’est profond comme deux êtres qui ne peuvent vivre éloignés l’un de l’autre. L’invitation au voyage se trouve au coin de la rue. Ce poème visuel et sonore est l’oeuvre de Joanna Lorie, une déjà grande dame du cinéma d’animation !
Et pour finir, un court métrage qui n’est pas d’animation. Ce documentaire réalisé par Romain Delage présente des enfants qui sont invités à commenter seul ou à plusieurs une peinture dont on ne voit que le dos. Magnifique illustration de la phrase de Marcel Duchamp : » Ce sont les regardeurs qui font le tableau » et une célébration du hors champ comme ouverture vers l’imaginaire.
"Regards libres", Romain Delage, 2005
Le 21 décembre est passé, la fête du court-métrage est terminée, les liens vers les films sont désactivés. Toutefois, «Haï Puka» et «Partir» étant en accès libre sur internet, vous pourrez continuer à les voir. «Merci mon chien» est programmé dans de nombreux festivals, vous pourrez le voir notamment dans le cadre du festival Ciné Junior du Val-de-Marne du 13 au 26 février 2013. «Regards libres» est quant à lui dans le catalogue des «Enfants de cinéma» accompagné d’autres courts-métrages à découvrir !