« Les aventures fantastiques » de Karel Zeman

Les Aventures fantastiques de Karel Zeman, 1958

Les Aventures fantastiques de Karel Zeman, 1958

A l’ouverture du film, la voix de Simon Hart nous accueille. Ce jeune ingénieur vient de vivre une aventure extraordinaire qu’il souhaite partager avec nous, spectateurs. Sur son bureau, son journal intime côtoie une pile de livres de Jules Verne. Il en saisit un, le feuillette et nous montre de magnifiques illustrations. La caméra s’arrête sur une gravure représentant un bateau en pleine mer, subitement le bateau se met en mouvement …

Karel Zeman a adapté un roman peu connu de Jules Verne, Face au drapeau, paru en 1896 aux éditions Hetzel. L’originalité de cette adaptation cinématographique est l’intérêt porté aux illustrations de la première édition. En effet, Zeman fait vivre à l’écran les gravures de Léon Benett en combinant prise de vue réelle et technique d’animation « image par image ». Les personnages joués par des acteurs évoluent dans des décors inspirés des gravures. Le choix du noir et blanc, l’omniprésence des rayures et l’importance des surfaces plates nous indiquent que nous ne sommes pas dans la réalité mais dans un monde inventé dans lequel nous allons vivre le temps d’une projection.

Face au drapeau, Illustration de Léon Benett, 1896

Face au drapeau, Illustration de Léon Benett, 1896

Les aventures fantastiques de Karel Zeman, 1958

Les aventures fantastiques de Karel Zeman, 1958

La réussite de Zeman est qu’on oublie sa virtuosité technique pour rentrer pleinement dans le récit des Aventures fantastiques. Son adaptation est très libre, son récit est moins sombre que le roman d’origine. Le professeur Roch notamment n’est plus un inventeur mégalomane mais un savant naïf, déconnecté de la réalité. Simon Hart est le héros positif par excellence, ingénieux, droit, courageux … Zeman n’hésite pas à introduire des scènes visuellement très poétiques comme la fusion de deux poissons se transformant en papillon. Ils ponctuent aussi son récit avec des scènes humoristiques qui, si j’en crois les rires qui ont fusé dans la salle du Studio des Ursulines, fonctionnent toujours ! Il crée aussi de multiples objets aussi fabuleux les uns que les autres, un fer à repasser très original, une pince à crayon démesurée et une variété incroyable de moyens de transport. J’ai un petit faible pour le vélo sous-marin !

Le fer à repasser -canon

Le fer à repasser -canon

le vélo sous-marin

le vélo sous-marin

Cette reprise est un très beau cadeau de rentrée, merci aux Films Malavida qui ont travaillé avec le musée Karel Zeman de Prague pour nous l’offrir !

Enfances au cinéma : atelier « Perdu ? Retrouvé ! »

Ecole maternelle, rue des Archives, PARIS- 22/03/13

Ecole maternelle, rue des Archives, PARIS- 22/03/13

L’association « Enfances au cinéma » m’a confié la préparation d’un atelier dans le cadre de leur programmation « Mon premier cinéma » dédiée aux classes maternelles parisiennes. Une belle opportunité de travailler avec 5 classes sur le très beau court métrage de Philip Hutt : « Perdu ? Retrouvé ! ».

Toutes les classes sont allées auparavant deux fois dans leur cinéma de quartier découvrir les films de la programmation sur grand écran. Je ravive la mémoire de ces séances par une petite devinette, je présente aux enfants des objets qu’ils doivent associer à l’un des films vus. Objets

4e2

Ecole maternelle de la rue des Archives – 22/03/13

Après la lecture de l’album dont le film  » Perdu ? retrouvé ! » est une adaptation, les enfants recherchent activement les ressemblances et les différences entre les deux supports. Avec l’aide du petit canard de bain, je les amène peu à peu à remarquer que le canard bouge dans le film alors qu’il reste toujours à la même place dans l’image de l’album.

Maternelle de la rue du Mont Cenis - 28/03/13

Ecole maternelle de la rue du Mont Cenis – 28/03/13

Afin de commencer à comprendre le mystère de l’image animée, quoi de mieux que de réaliser ensemble un tout petit film !

Ecole maternelle de la rue d'Orsel - 29/03/13

Ecole maternelle de la rue d’Orsel – 29/03/13

Ecole maternelle de la rue Legouvé - 25/03/13

Ecole maternelle de la rue Legouvé – 25/03/13

La manipulation de folioscopes et la réalisation individuelle d’un feuilletoscope complètent la séance.

Ecole maternelle de la rue Legouvé - 25/03/13

Ecole maternelle de la rue Legouvé – 25/03/13

Ecole maternelle de la rue Alphonse Baudin - 21/03/13

Ecole maternelle de la rue Alphonse Baudin – 21/03/13

Ecole maternelle de la rue d'Orsel  - 29/03/13

Ecole maternelle de la rue d’Orsel – 29/03/13

Avant de se quitter, on réécoute l’histoire de « Perdu ? Retrouvé ! » mais cette fois-ci, en chanson !

Ecole maternelle de la rue des Archives - 22/03/13

Ecole maternelle de la rue des Archives – 22/03/13


« Dans les coulisses du film d’animation » au musée de la poste

l'entrée de l'exposition temporaire au musée de la poste

Le musée de la poste consacre trois espaces au film d’animation : exposition didactique et historique, elle privilégie la présentation et l’évolution des techniques liées à cet art.              Dans le premier espace, une petite salle est consacrée aux jouets optiques précurseurs : thaumatrope, phénakitiscope, zootrope, praxinoscope, folioscope et … mutoscope n’auront plus de secret pour vous !

le mutoscope site Tim Hunkin

Le reste de l’espace retrace l’histoire du film d’animation, de Fantasmagorie d’ Emile Cohl à Toy Story de John Lasseter. Entreprise démesurée, la présentation est très inégale en fonction des thèmes évoqués. Deux petites merveilles ont retenu toutefois mon attention.

Tout d’abord la projection de « Félix saves the day » de Patt Sullivan. Court métrage muet réalisé en 1922, ce petit film est une vraie découverte pour moi. L’introduction des personnages dessinés dans des prises de vue réelle est réalisée avec brio, la course poursuite à flanc de building, le policier volant, l’appel du taxi sont autant de scènes mémorables.

"Félix saves the day" Pat Sullivan 1922

Le dessin de l’arrivée des rames bondées au Yankee Stadium qui se métamorphosent au fur et à mesure que la foule se disperse associé aux plans réels des spectateurs est une très belle réussite. L’utilisation des signes graphiques est aussi très originale et renforce le dynamisme du film.

La vitrine consacrée à la Table tournante de Paul Grimault est mon deuxième coup de coeur. Les dessins crayonnés du court métrage l’Epouvantail sont magnifiques, le mouvement à venir y est déjà perceptible.

Les deux autres espaces sont dédiés chacun à un film d’animation, « Oggy et les cafards » explique la réalisation d’un dessin animé contemporain en 2D tandis que la réalisation d’un film d’animation en images de synthèse 3D est illustrée par le court métrage « Nicolas & Guillemette ». Cette deuxième partie est plus convaincante.

Virginie Taravel et ses personnages Blog du Musée de la poste

L’histoire de Virginie Taravel est une métaphore du travail de création. Elle fabrique des Pinocchios dont la vie tient à un fil … de scoubidou. Le vieil inventeur, Nicolas et l’enfant de fer partagent avec la réalisatrice ce pouvoir de donner la vie aux objets inanimés. La poésie de l’histoire s’accorde avec la matérialité des images réalisées en animation numérique, une très belle réussite.

Le Tableau Jean-François Laguionie

Le « Laguionie nouveau » est sorti aujourd’hui ! Nouvelle pépite du cinéma d’animation français.

Le film nous conte l’histoire extraordinaire des Toupins, des Pafinis et des Reufs. Tous ces personnages sont issus d’un tableau inachevé. Issus de la même main, ils sont toutefois à des stades de finition différents. L’absence du peintre qui semble avoir oublié son oeuvre va précipiter le tableau dans une organisation sociale hiérarchisée où les Toupins prennent le pouvoir au détriment des deux autres groupes. Les trois héros principaux, Ramo, Lola et Plume sont issus des trois groupes qui composent cette étrange société.    Ils vont nous entraîner dans une aventure où les individus luttent pour être maître de leur vie.

Le numérique a remplacé les techniques plus traditionnelles utilisées dans les précédents films de Laguionie. Ce choix technique n’affecte pas la qualité graphique qui est une marque de fabrique de ce réalisateur. L’animation est toujours remarquable par sa fluidité et le monde fantastique prend forme nos yeux éblouis par un jeu subtile de couleurs, de formes, de textures, de lumière et d’ombre.

Les références au monde de la peinture sont nombreuses ; Derain, Matisse, Picasso, Bonnard…                                                                                                                             « Le fifre » de Manet a t-il inspiré Magenta, le quatrième héros de ce voyage dans l’espace pictural ?

"Le fifre" Manet Musée d'Orsay

Mais c’est l’oeuvre d’un grand maître de l’animation française qui se superpose au Tableau dans notre mémoire visuelle. Les personnages du « Roi et l’oiseau » de Paul Grimault s’échappent eux aussi de leurs tableaux et le Grand Chandelier partage avec  le monarque du royaume de Takicardie les mêmes ambitions despotiques.

Le roi et l'oiseau

Coup de coeur pour une très jolie séance onirique. Claire,  endormie dans la forêt luxuriante rêve d’étreintes avec Ramo. Cette séance est une pure merveille graphique,   les lignes s’entremêlent, formant et déformant à l’infini les deux corps enlacés. Clin d’oeil au premier long métrage de Laguionie où son héroïne, Gwen, rêve elle aussi d’enlacements avec Nok Moon, son compagnon étrange.

Gwen

Le Tableau, un beau récit fantastique qui s’adresse à nos sens tout comme à notre intelligence !