« Une image mystérieuse »2 Ecole Lucie et Raymond Aubrac

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Photo © musée d’Orsay, dist. RMN-Grand Palais / Patrice Schmidt

Après l’ombre mystérieuse de Tim Noble et Sue Webster, les élèves de Laurence et Emilie ont reçu la photographie de cette étrange sculpture. Voici leurs premiers textes :

« La Curieuse Statue. Il était une fois, un petit monstre nommé Grossourcile. Il habite dans la forêt. Un jour, il demanda à Papa monstre : « – Pourquoi je ne peux pas sortir de la forêt ? » Le papa lui dit : « – Parce que les Hommes te chasseraient ! » Le petit monstre déçu part de sa grotte. Il se promenait quand… AH ! Il voit une petite fille. Mais l’enfant lui dit : « – Pourquoi as-tu peur ? – Pa parce que mon papa m’a m’a dit que les les les humains mmme chasseraient. – Quoi ? dit la petite. Nous ne chassons que les renards ! – Ah bon ? – Oui ! Je vais te montrer, regarde… » Une fois qu’ils arrivent au village, tout le monde a un petit peu peur, mais après ça va. Le soir venu, Grossourcile rentre chez lui sans se faire remarquer. Le lendemain matin, il part sans rien dire. Arrivé au village, il demande à la petite : « – Comment t’appelles-tu ? – Je m’appelle Lila, et toi ? – Grossourcile. – Hi hi ! Alors, dit la petite fille, t’es un monstre ? – Oui, dit-il, mes ancêtres sont ogre et lutin. Mes grandes oreilles me viennent des lutins et mon petit nez, des ogres. – Bon, on va jouer ? lui dit Lila. – Oui, dit la créature. » Après une bonne journée, les parents de Grigri l’attendaient devant la grotte. L’Être magique raconte tout à ses parents puis rajoute : « – Au pire, si cela se passe mal, je me transforme en pierre. – Bon d’accord ! dit le père. – Je veux bien, dit la mère. » Le gentil Grigri les remercie. Depuis ce jour, le petit curieux passe de bons moments avec ses amis. » Hassan

Hassan

Hassan

« C’est l’histoire d’un gentil monstre qui s’appelle Gigantosaurus. Il est très laid parce qu’il est petit, et chauve. Il a des oreilles pointues, un nez plat, de grosses lèvres, un gros ventre et de grands pieds. Il sort pour se changer les idées. Un jour Gigantosaurus rencontre une petite fille qui s’appelle Camille. Elle est poursuivie par un loup. La petite fille demande à Gigantosaurus s’il peut l’aider. Il se cache derrière les buissons et fait peur au loup. Le loup disparaît. Maintenant, Camille réalise que Gigantosaurus est le plus courageux des monstres. » Lucas

« C’est l’histoire d’un gentil monstre qui s’appelle Megax qui se promenait dans la forêt et qui croisa des méchants trolls qui attaquaient des humains et Megax les sauva. » Kahil

« Il était une fois un vieux monstre qui s’appelait Mrs Magoo. C’était un gentil monstre qui réfléchissait beaucoup. Mrs Magoo avait de petits monstres. Ils étaient très actifs et faisaient des bêtises. Donc, il devait toujours les surveiller. » Lucie

« Il était une fois un nain qui s’appelait Gas. Il a un grand front comme les hommes préhistoriques, deux grandes oreilles et une grande bouche. C’était un homme courageux, fort et gentil. Un jour, une sorcière zinzin le transforma en nain. » Stanislas

« C’est l’histoire d’un vieux singe qui est gentil avec les animaux mais méchant avec les humains. Il a des oreilles comme les elfes. Il avait des pouvoirs magiques mais ses pouvoirs magiques étaient cachés dans une grotte profonde. Il ne le dit à personne. Et les humains le cherchent partout dans la forêt pour qu’il leur donne des pouvoirs magiques. Pour ça, il est en train de réfléchir à un plan pour qu’il chasse ces humains qui veulent prendre ses pouvoirs magiques. » Amel

« Il était une fois un gobelin qui s’appelait Arnol. Son histoire n’est pas comme celle des autres gobelins. Il est gentil, petit, malin, gros et aussi poilu. Un jour, ce petit Arnol se baladait dans le village des trois Brigands. Lorsqu’il entendit un bruit étrange venant d’une petite maison faite en bois et en paille, il décida d’entrer dans cette chaumière. Il ouvrit la porte quand il vit l’esprit de sa mère. Mais un autre gobelin la tenait prisonnière. C’était un des trois brigands. Arnol sortit un énorme marteau pour l’assommer. L’esprit était libre. » Lilia

« Il était une fois un monstre qui s’appelait Sagan. Il aimait sauter dans les flaques. Sagan ressemblait à un singe, mais ses oreilles ressemblaient à des oreilles de cheval. Il était gentil. Voici son histoire : il fut abandonné chez ses grands-parents qui habitaient dans la forêt. Quand il fut un peu plus grand, ses grands-parents appelèrent un professionnel pour lui apprendre à grimper aux arbres. Enfin, il devint fort et il sauva beaucoup d’animaux. » Meiline

« C’est l’histoire d’un monstre qui s’appelait Terrifieur. Il a de grandes oreilles et un grand nez. Il n’est pas gros, il est normal. Il détruit tous les méchants, il sauve tout le monde aussi. » Mohammed

« Il était une fois, Eric, un ogre gentil. Il vivait dans un château et il était triste parce qu’il était tout seul. Personne ne voulait venir chez lui parce qu’ils avaient peur. Alors, il s’amusait tout seul. » Valentin

« C’est l’histoire d’Elfie, un Mongen (un monstre gentil et poilu). Un jour, il réfléchit et trouva une quête: c’était la quête d’une épée, le dragon d’or. Elle était sur la plus grande montagne du monde! Un soir, il s’enfuit de la maison où vivaient ses parents. Quand il arriva au pied de la montagne, il trouva un dragon protecteur de l’épée d’or. Mais le courageux Elfie n’était pas venu les mains vides à la montagne! Il avait pris avec lui des petites épées très puissantes, les kounains. Et c’était comme ça que le musclé Elfie tua le dragon et trouva l’épée d’or. Il est devenu le chef de sa ville et vécut heureux jusqu’à la fin de sa vie. » Ziyad

Tu connais peut-être Claude Ponti, il écrit et dessine des livres pour les enfants. Lui aussi s’est amusé à imaginer un personnage à partir de cette sculpture.

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Claude Ponti et son album « Voyage au pays des monstres », l’école des loisirs, 2020

 « Moi, c’est Léhaut-Polnu. Je copie imparfaitement la personne que j’habite. Je suis pareil et différent. J’ai de véritables conversations avec mon hôte, car deux pensées presque identiques obligent à une très grande finesse d’esprit. » Claude Ponti

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Claude Ponti

Claude Ponti a imaginé ce personnage ami secret en découvrant les sculptures de Léopold Chauveau au Musée d’Orsay qui consacre une très belle exposition à cet artiste jusqu’à fin juin.

© musée d'Orsay : Sophie Crépy

© musée d’Orsay / Sophie Crépy

Léopold Chauveau est né en 1870. Sous la pression de son père il fait des études de  médecine. Chirurgien pendant la première guerre mondiale, il est marqué par les horreurs et l’absurdité de la guerre. Au début des années 20, à la mort de son père, il se consacre entièrement à sa pratique artistique. Outre ses sculptures de monstres, il dessine et écrit des livres pour les enfants et les adultes.

portraitRevenons à notre image mystérieuse. Parmi toutes ses sculptures de monstres, celle-ci est particulière. Elle pourrait être un autoportrait de l’artiste. Qu’en penses-tu ? Trouves-tu qu’elle lui ressemble ? Compare le nom donné par Claude Ponti au prénom de l’artiste, que remarques-tu ?

À écouter !

D’autres histoires de monstres à découvrir ici !

En 2005, un réalisateur japonais, Koji Yamamura, a adapté en film d’animation un album illustré de Léopold Chauveau, Le vieux crocodile. C’est en anglais !

Les étudiants de première année de l’école des Gobelins ont réalisé une minute animée à partir de l’univers de Léopold Chauveau en partenariat avec le Musée d’Orsay.

Tu peux découvrir les autres films ici.

Kôji Yamamura au Carrefour du cinéma d’animation

Le vieux crocodile de Kôji Yamamura, 2005

Le vieux crocodile de Kôji Yamamura, 2005

Promesse tenue ! Le Forum des images annonçait une rencontre exceptionnelle avec Kôji Yamamura, elle le fut au delà de mes espérances. Celui-ci a présenté, avec beaucoup de générosité les oeuvres qui ont composé sa dernière décennie de travail.                             Du Mont Chef aux Cordes de Muybridge, il nous a révélé la logique propre à chacun de ses courts métrages ainsi que les liens qui les unissent. Sa parole relayée avec beaucoup de talent par Ilan Nguyên était accompagnée par la projection de très nombreux croquis de recherche. Je n’ai nullement l’intention ici de faire le compte rendu exhaustif de cette rencontre de plus de trois heures. J’espère qu’elle sera accessible très prochainement sur le webTV du Forum des images. Si dans la structure même de la présentation, l’image et le son ont été pris en compte, c’est l’homme d’images qui m’intéresse avant tout et particulièrement l’enjeu de l’illustration dans sa pratique.

Ilan Nguyên et Kôji Yamamura, Forum des Images, 8 décembre 2013

Ilan Nguyên et Kôji Yamamura, Forum des Images, 8 décembre 2013

Parmi ses multiples sources d’inspiration Kôji Yamamura a rendu hommage à deux illustrateurs. Le premier est l’illustrateur néerlandais, Maurits Cornelis Escher (1898-1972). Une filiation étroite existe entre les deux artistes ; le motif récurent de la métamorphose, les recherches sur la notion d’infini, le désir de donner forme à un espace et à un temps personnels, le jeu sur les réflexions… A l’issue de la projection de son court métrage de fin d’études, Kôji Yamamura présente la lithographie d’Escher qui a nourri sa recherche, Three World. Kôji Yamamura nous explique qu’entre le monde aérien et le monde aquatique existe une membrane très fine à la surface de l’eau qui permet, par le reflet notamment, de jouer sur les interactions entre ces deux mondes. Un des plaisirs de sa pratique du cinéma d’animation est de pouvoir jouer sur les éléments indéfinissables qui surgissent entre deux images…

"Three world", lithographie d'Escher, 1955, http://www.mcescher.com/

« Three world », lithographie d’Escher, 1955, http://www.mcescher.com/

L’hommage suivant est consacré à l’auteur français, Léopold Chauveau (1870-1940). Kôji Yamamura adapte en effet en 2005, un livre illustré de ce dernier, Le vieux crocodile (1923). Il oublie son style personnel pour être le plus fidèle possible aux illustrations d’origine. En parallèle à ses recherches graphiques, Kôji Yamamura réalise des personnages en pâte à modeler afin de mieux appréhender leur physionomie sous différents angles. Il découvre alors que Léopold Chauveau, ancien chirurgien, a créé après la première guerre mondiale des monstres en bronze. Cette activité de sculpteur imprègne ses dessins, donne une épaisseur à son graphisme.

Léopold Chauveau et l'un de ses monstres sculptés

Léopold Chauveau et l’un de ses monstres sculptés

La mise en mouvement des deux personnages principaux, le vieux crocodile et la pieuvre, a passionné Kôji Yamamura. Comment rendre compte de l’apparence physique et de la psychologie propre à chacun des personnages par le contraste visuel de leur déplacement ? L’adaptation du Vieux crocodile est la première histoire d’amour à laquelle il s’est confronté. Histoire d’un amour passionnel si l’on en croit l’utilisation presque subliminale du rouge ! Un magnifique travail qui permet entre autre de découvrir un artiste injustement oublié.

En réponse à une question sur ses moyens de financement, Kôji Yamamura explique que la majorité de ses films sont autoproduits. Il mène en parallèle des travaux de commande et d’illustration qui lui permettent de gagner sa vie. Si nous pouvons avoir une petite idée de son travail d’illustrateur par le biais de son site, il est fort dommage qu’aucun de ses ouvrages ne soit disponible en France.

Son propre travail d’illustrateur peut être à l’origine d’une oeuvre animée. Invité d’honneur en 2006 du sixième festival de cinéma d’animation du Val d’Oise, il a créé l’affiche de l’évènement.

Affiche du festival "Image par Image" 2006

Affiche du festival « Image par Image » 2006

La mise en scène de ces enfants aux situations imaginaires lui donne envie de réaliser un film. Une possibilité d’aide de l’Agence Culturelle du Japon précipite les choses.  Il a quelques jours pour déposer un dossier de subventions. Il n’a pas de base narrative ou de concept, seul un motif visuel avec lequel il a envie de s’amuser.  Le choix du titre Une métaphysique de l’enfance donne de la cohérence à son projet. Son film se présente comme un enchaînement de vignettes indépendantes mettant en scène un enfant, seul protagoniste. Kôji Yamamura voit son court métrage comme un hommage à la rébellion enfantine.


A la fin de sa présentation Kôji Yamamura annonce qu’il travaille actuellement à l’adaptation d’illustrations qu’il a réalisées pour la couverture d’une revue littéraire japonaise, Bungakukaï. L’aventure ne fait que commencer !

Couverture de la revue Bungakukaï par Koji Yamamura, Septembre 2013

Couverture de la revue Bungakukaï par Koji Yamamura, Septembre 2013

Et pour finir, admirez le cadavre exquis réalisé par 70 étudiants en cinéma d’animation répartis en 17 équipes. Chaque équipe est partie de la même image de Kôji Yamamura qui ouvre et ferme chaque séquence de 10 secondes.