Quitte à être « fils de… », autant l’assumer pleinement. C’est ce que fait Mathieu Demy dans son premier long métrage » Américano ». Il prolonge en effet l’histoire de Martin, enfant qu’il interprétait dans le film Documenteur tourné par sa mère à Los Angeles, il y a une trentaine d’années. Des extraits du film de Varda ponctuent le film de son fils, étonnant de retrouver sur l’enfant et l’adulte le même air boudeur ! Hommage aussi à son père par la troublante Lola, Anouk Aimé quittait Nantes pour Los Angeles, Salma Hayek quitte Los Angeles pour Tijuana. On est toujours à la recherche d’un ailleurs. Le film de Mathieu Demy nous invite donc à un voyage dans le temps mais aussi dans l’espace.
Le cinéma étant une grande famille, on pense aussi à Wim Wenders ; le voyage, la photographie comme support de l’errance.
Cependant, je suis restée au bord du chemin, je ne me suis pas attachée à Martin, pas envie de le suivre ! La séparation d’avec sa mère dans son enfance peut-elle expliquer le rejet qu’il fait subir à ses proches, le mal-être qu’il trimballe tout au long du film ? On a envie de lui dire avec Jean-Pierre Mocky « Arrête de faire l’enfant ! » et pas seulement pour prendre l’avion !
Mathieu Demy a été plus généreux avec ses autres interprètes, Mocky en deux scènes incarne un père bourru mais pleinement dans la vie, Chaplin en vieille amie envahissante est aussi très présente à l’écran. Pas forcément sympathiques mais vivants avec une réelle épaisseur, ces personnages existent en petites touches et sont le sel du film !
Des petits moments magiques aussi ! La reprise de la musique de Rio Bravo qui annonce l’issue violente de l’entrevue avec Luis et bien sûr les scènes dans la boîte » Américano » qui sont saturées de couleurs chaudes jusqu’à l’embrasement.
Déception à la sortie, j’attendais trop de ce film ! Mais promis, j’irai voir son prochain, un essai à transformer !