Un voyage à Amsterdam me donne l’occasion de poursuivre ma découverte des lieux consacrés à la photographie. Un véritable coup de coeur pour le FOMU d’Anvers ! Un ancien immeuble de briques est entièrement consacré à l’image, la photographie mais aussi le cinéma sont à l’honneur. Un grand espace est dédié à la collection permanente du musée. L’histoire de la technique photographique avec une riche exposition d’appareils est complétée par la présentation de photographies d’une variété incroyable. Un seul regret, il n’existe, à l’heure actuelle, aucun catalogue de cette collection, dommage !
La première exposition temporaire est consacrée à un couple d’artistes franco-allemand, Lucie et Simon. Je suis fascinée, hypnotisée par leur film « Silent world ». Nous nous promenons grâce à des mouvements de caméra dans une succession d’images fixes représentant pour l’essentiel des lieux connus de grandes métropoles (Paris, Londres, Pékin, New York… ).
Ces photographies prises en plein jour sont étonnamment vides, la vie semble être suspendue, seules quelques silhouettes se glissent dans ce décor devenu étrange. Notre imagination est sollicitée. Que s’est-il passé ? Quelle calamité s’est abattue sur les hommes ne laissant que quelques survivants à la surface de la terre ? L’histoire de la photographie nous aide à comprendre le procédé utilisé par les deux artistes dans leur mise en scène. La contrainte d’un temps de pose extrêmement long avait vidé la photographie de Daguerre des fiacres et des piétons qui animaient le boulevard du Temple au début du XIXe siècle, cette contrainte des débuts de la photographie devient un choix pour les artistes contemporains.
Chaque photographie de la série » Silent world » est l’association de deux prises de vue. L’une est réalisée avec un temps de pose de plusieurs heures en plein jour pour créer un décor surréaliste vide de tout mouvement. Une autre photographie d’un temps de pose classique permet d’intégrer à la précédente la trace d’une présence humaine. La musique de Philip Glass et de Daft Punk accompagne magnifiquement la succession des images et renforce l’impact de cette contemplation d’images vides de leur bruit d’origine. Vous pouvez admirer le film et les photographies de cette série sur le site de Lucie et Simon. A voir absolument !
Une deuxième exposition temporaire présente le travail du photoreporter américain Weegee.
Découvert lors de l’exposition qui lui était consacrée au musée Maillol en 2007, je suis ravie d’avoir l’occasion de revoir l’oeuvre marquante de cet homme qui a arpenté les rues de New-York la nuit, branché en permanence sur les fréquences de la police. L’exposition « Murder is my business » présentée en début d’année à l’International Center of Photography de New York souligne le contexte éditorial de ces photographies en présentant dans des vitrines de nombreux exemplaires de journaux et magazines les ayant publiées. Je m’arrête longuement devant cette photographie, au delà de la scène du crime, Weegee s’intéresse aux effets provoqués sur les témoins de la violence urbaine en jouant sur la force du hors-champs. Le complexe jeu des attitudes, des regards et des gestes provoque notre imaginaire… Un drame se joue dans le public !
Weegee rédige lui même les légendes de ses photos. Je retrouve la traduction du texte qui accompagnait « leur premier meurtre » dans le livre de Miles Barth consacré au photographe.
« Les élèves sortaient de l’école communale 143 du secteur de Williamsburg de Brooklyn à 15h30 hier, lorsque Peter Mancuso, 22 ans, parieur insignifiant , selon la police, immobilisa sa Ford 1931 aux feux du carrefour suivant. Un tueur qui le guettait s’approcha, tira à deux reprises et se perdit dans la foule des enfants. Atteint à la tête et au coeur, Mancuso s’extirpa de son véhicule et s’effondra sur le trottoir. La femme la plus âgée est la tante de Mancuso, une résidente du quartier, et le jeune garçon agrippant les cheveux de la fille devant lui, son fils, qui cherche à fuir. »
La nuit est aussi le temps du repos et la force de la programmation du FOMU est de provoquer un lien entre des artistes a priori très éloignés. Comment ne pas penser aux corps endormis vus en plongée de Lucie et Simon face à cette photo de Weegee ?
Je quitte les lieux non sans aller faire un petit tour à la librairie où je découvre une maquette pour construire un sténopé à pellicule. De nouvelles expériences à venir !
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