« Les devinettes en-chantées » à Noisy le Sec …

IMG_8806Les deux classes de CE1 de l’école élémentaire d’Estienne d’Orves entretiennent une relation privilégiée avec le cinéma le Trianon de Romainville : découvrir des films en salle, assister à des ateliers et participer au festival « Les enfants font leur cinéma ». Dans ce cadre, j’ai eu la mission d’organiser une journée d’initiation au cinéma d’animation.             A partir d’extraits de films, nous avons réfléchi dans un premier temps aux spécificités du cinéma « image par image » puis nous avons réalisé par petits groupes des devinettes afin que chacun puisse tester une technique d’animation…

Une vue des frères Lumière, un extrait du Royaume des chats, de La Nuit américaine ...

Une vue des frères Lumière, un extrait du Royaume des chats, de La Nuit américaine …

Pixillation...

Pixillation…

Papier découpé...

Papier découpé…

Dessin animé ...

Dessin animé …

Lentilles sur table lumineuse

Lentilles sur table lumineuse

Animation d'un gâteau et de cacahuètes ...

Animation d’un gâteau et de cacahuètes …

Silhouette sur table lumineuse

Silhouette sur table lumineuse

 

Papier découpé

Papier découpé

Pâte à modeler...

Pâte à modeler…

Enregistrement des chants...

Enregistrement des chants…

Chaque groupe évoque une chanson ou une comptine traditionnelle par une mini séquence animée et en fredonnant… Lorsque le point d’interrogation apparaît, vous avez une seconde pour réfléchir avant que la solution apparaisse à l’écran !                                 A vous de jouer !


« Souriez, vous êtes filmés ! » à l’école Guy Moquêt de Malakoff

ombre1Les deux classes de CP de Claudine Moissard et de Valérie Méridan sont engagées dans un très beau projet sur l’image, « Souriez, vous êtes filmés ! ». Dans ce cadre, je suis allée animer un atelier d’initiation au cinéma d’animation…

L’histoire des images qui bougent commencent très tôt… Lorsque l’homme a pris conscience de son ombre et de son potentiel créatif !

Oh ! La belle vache !

Oh ! La belle vache !

L'utilisation de marionnettes augmente encore les possibilités de création...

L’utilisation de marionnettes augmente encore les possibilités de création…

La découverte et la manipulation des jouets optiques du pré-cinéma provoquent un véritable émerveillement !

Du zootrope ...

Du zootrope …

... au folioscope.

… au folioscope.

Il ne nous reste plus qu’à réaliser une petite séquence animée pour parfaire cette matinée !

Les CPA en pleine action !

Les CPA en pleine action !


Les cpb au grand complet !

Les CPB au grand complet !

« Ecole et cinéma 79″ Le Cirque de Charles Chaplin

avant_premie_re_ » Un de mes amis a déclaré un jour que toutes les formes d’art sont des lettres d’amour que l’artiste adresse au monde. Mon moyen d’expression, c’est le cinéma, bien sûr. Je dois avouer que, pour un comique, s’exprimer par le biais d’un film n’a rien d’un exercice drôle. En règle générale, ceux de mes films qui ont le plus fait rire le public ont été les plus douloureux à réaliser. »                Charles Chaplin dans Les Archives Charlie Chaplin, 2015

« La lumière baisse, les rideaux s’écartent et l’organiste Henrietta Cameron commence son introduction musicale au Cirque de Chaplin.                                                                          Il est fabuleux ! Il fait toutes sortes de choses avec son corps et son visage. Il se tient droit comme un automate, fait virevolter sa canne, jaillit de la cage aux lions et grimpe à un poteau – je n’ai jamais rien vu d’aussi drôle. »                                                                                                                                              Dr Jerry et Mr Lewis, Stock-Cinéma, 1982

Projection – conférence

Le Cirque de Charles Chaplin                                                                                       Cinéma Le Moulin du Roc à Niort                                                                              Mercredi 6 janvier 2016

Document accompagnant la conférence Le Cirque

Photogrammes Plans et angles de vue

La première apparition de Charlot au cinéma …

La légende de Guillaume Tell …

Illustration de Guillaume Tell Collection particulière AKG Berlin

Collection particulière AKG Berlin

A la fin du XIX ème siècle, les clowns Footit et Chocolat s’emparent de la légende de Guillaume Tell. Footit place une pomme sur la tête de Chocolat puis avec un fusil, il lui lance un jet d’eau à la figure. Finalement les deux clowns mangent la pomme ensemble…

Footit et Chocolat, Emile Reynaud, 1896

Footit et Chocolat, Emile Reynaud, 1896

Footit et Chocolat, Vue n°1141 des Frères Lumières, 1900

Footit et Chocolat, Vue n°1141 des Frères Lumières, 1900

Photogramme issu de rushes montrés dans la série "Chaplin inconnu"

Harry Lauder et Charles Chaplin, photogramme issu de rushes montrés dans la série « Chaplin inconnu »

Photogramme du Cirque de Chaplin, 1928

Photogramme du Cirque de Chaplin, 1928

Photogramme du Cirque de Chaplin, 1928

Photogramme du Cirque de Chaplin, 1928

Photogramme du Cirque de Chaplin, 1928

Photogramme du Cirque de Chaplin, 1928

De Guillaume Tell aux lanceurs de couteaux …

Les clowns de Federico Fellini, 1971

Les clowns de Federico Fellini, 1971

La fille sur le pont de Patrice Leconte, 1999

La fille sur le pont de Patrice Leconte, 1999

« Musique et cinéma » Master class du jour le plus court

Jacques Kermabon, Pierre-Luc Granjon, Timothée Jolly

Jacques Kermabon, Pierre-Luc Granjon et Timothée Jolly

Jacques Kermabon, rédacteur en chef du magazine Bref, rappelle que la musique fait partie intégrante du cinéma dès les premières projections du théâtre optique d’Emile Reynaud. Celui-ci avait en effet, demandé au compositeur Gaston Paulin, des partitions originales, pour accompagner au piano ses pantomimes lumineuses présentées au cabinet fantastique du musée Grévin. Après cette courte introduction historique, c’est la rencontre artistique entre le réalisateur Pierre-Luc Granjon et le compositeur Timothée Jolly qui est à l’honneur lors de cette master class dominicale présentée au Carreau du Temple : Comment la musique s’accorde au cinéma…                                                                                                   C’est dans la ville de Lyon que tout commence, Pierre-Luc Granjon est étudiant à l’école d’Arts Appliqués, il assiste aux ciné-spectacles donnés par La Cordonnerie, il apprécie particulièrement la musique créée par Timothée Jolly. Lorsqu’il écrit l’histoire de son premier court métrage, Petite escapade, il ne connaît rien à la post-production mais a envie de confier la musique de son film à Timothée et à son complice Denis Mignard. Ses directives sont très simples, il indique les morceaux qu’il aime le plus dans leur musique et précise les moments qui doivent être accompagnés…

Petite escapade de Pierre-Luc Granjon, 2001

Petite escapade de Pierre-Luc Granjon, 2001

La musique proposée est un hommage aux films muets. Les personnages qui défilent sur le trottoir, sous les yeux attentifs du jeune garçon, sont accompagnés chacun d’un instrument différent. Les instruments utilisés (scie musicale, batterie-bassine, ukulélé…) s’accordent parfaitement avec l’esprit fait main des décors et des personnages réalisés avec du grillage et du papier mâché. Quelques années plus tard, ils collaborent à nouveau pour le court métrage Le Loup blanc. Avant même de voir les premières images du film, Timothée envoie à Pierre-Luc un CD avec des musiques qu’il vient de composer. Pierre-Luc « flache » sur un morceau. Les accords se font par hasard, cette musique accompagnera la scène de l’enterrement.

Le loup blanc de Pierre-Luc Granjon, 2006

Le loup blanc de Pierre-Luc Granjon, 2006

Les premières minutes du court métrage sont visionnées avec uniquement la voix test. La projection intégrale de la version finale nous permet de prendre conscience de l’apport du bruitage et de la musique. Son utilisation est plus parcimonieuse que sur Petite escapade, l’usage de la musique ou son arrêt mettent en valeur une scène. L’absence de musique peut en effet provoquer l’imaginaire de chaque spectateur. Par exemple, la scène où le petit garçon galope sur le dos du loup n’a pas besoin d’un accompagnement musical, l’image se suffit à elle même. A l’inverse, la musique permet de créer des sensations profondes, Pierre-Luc voulait par exemple donner le sentiment que la forêt est un personnage en soi. Pour ce faire, les musiciens ont travaillé la matière sonore afin de créer des nappes de sons très graves en grattant les cordes du piano et du violoncelle. Le spectateur est plongé alors dans une expérience sensorielle totale.

Le temps est passé très vite en compagnie de ces deux complices qui manifestent un réel plaisir du travail partagé. Je ne sais pas si la musique s’accorde au cinéma, mais ce réalisateur là et ce compositeur là sont sur la même longueur d’onde artistique pour notre plus grand plaisir.

L’exposition Varda/ Cuba au Centre Pompidou

L'exposition Varda / Cuba au Centre Pompidou, 11/11/15- 01/ 02/16

L’exposition Varda / Cuba au Centre Pompidou, 11/11/15- 01/ 02/16

Agnès Varda effectua un séjour à Cuba à la fin de l’année 1962. De cette expérience, elle réalisa un film documentaire, Salut les Cubains, sortit en 1964. La nouvelle exposition de la galerie des photographes nous raconte la genèse passionnante de ce film. Son originalité est, qu’en dehors de quelques prises directes utilisées pendant le générique, il est constitué d’un montage d’images fixes. L’exposition met en scène le film terminé et un ensemble de photographies.

Vue générale de l'exposition Varda / Cuba

Vue générale de l’exposition Varda / Cuba

Certaines séquences ont été réalisées en rafale, notamment celles qui portent sur la danse ou sur le chanteur, Benny Moré. Dans le film, ces dernières reconstituent un mouvement saccadé, elles constitueraient de magnifiques flipbook !

Benny Moré par Agnès Varda, l'exposition Varda / Cuba au Centre Pompidou

Benny Moré par Agnès Varda, l’exposition Varda / Cuba au Centre Pompidou

L’exposition est accompagnée d’un très beau livre qui nous informe notamment sur l’importance de la musique pour le montage des images. Un regard et une voix singulière pour un très beau voyage !

Varda / Cuba , Editions du Centre Pompidou, Editions Xavier Barral, 2015

Varda / Cuba , Editions du Centre Pompidou, Editions Xavier Barral, 2015


« Ecole et cinéma 92″ Le Petit Fugitif

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 » … Little Fugitive appartient ainsi à un genre bien particulier qu’on pourrait appeler le double portrait. C’est le portrait documentaire d’un lieu, Coney Island et c’est en même temps celui d’un enfant, Joey. »   Emmanuel Siety

« L’idée de cette petite caméra est née grâce à Paul Strand, il m’a initié à la photographie…  J’ai tourné ce film en pensant à des plans fixes. J’ai fait beaucoup de photos réalistes à Coney Island. Et ce n’était pas très différent. »    Morris Engel

Projection-conférence :                                                                                                    Le Petit Fugitif de Morris Engel, Ruth Orkin et Ray Ashley                                                      Co-animée avec Marc Laugenie                                                                                 Cinéma Jean Vigo de Gennevilliers                                                                             Samedi 12 décembre 2015                                                                                       Cinéma Le Rex de Châtenay-Malabry                                                                         Samedi 9 janvier 2016

Document accompagnant la conférence : Le Petit fugitif

Séquence : La fuite de Joey

Des photogrammes : la caméra et Joey

Entre photogrammes et photographies : jeux de miroir

Un film : Coney Island at Night d’ Edwin S Porter, 1905

Coney Island à travers la photographie : 

Coney Island Georges Grantham.jpg
coney Island nuit 1905.jpg
les chariots de chèvre, Coney Island, 1904.jpg
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William Klein-Mister Coney Island, 2013.jpg


Isabelle Duval, auteure et réalisatrice

Isabelle en plein tournage "Des devinettes de Reinette"

Isabelle en plein tournage « Des devinettes de Reinette »

Le festival Image par image du Val d’Oise prépare sa 16 ème édition. A Goussainville, les écoles et les centres aérés vont découvrir ou redécouvrir la superbe série animée, Les devinettes de Reinette. Chargée de la rédaction du dossier pédagogique, j’ai eu envie de connaître la réalisatrice qui se cache derrière ce projet original. Quand l’imagination et le plaisir sont à la source de la connaissance…

Peux-tu te présenter en quelques mots ?

Je suis auteure de bible graphique et littéraire, scénariste et réalisatrice de séries télévisées en animation volume.

Qu’est-ce qui a été le plus formateur pour toi dans ton enfance ?

Petite, j’avais peu d’activités extra-scolaires. J’ai beaucoup regardé la télé. Ça m’a formée. Les petites séries en volume m’ont particulièrement marquée comme «Le manège enchanté» ou «Aglaë et Sidonie». J’adorais aussi l’ours Colargol, c’est une série magnifique. J’aime son univers poétique.

Aglaë et Sidonie d’André Joanny- 1969-1973

Aglaë et Sidonie d’André Joanny- 1969-1973

J’aimais également beaucoup l’oiseau Antivol et la série en stopmotion Albert et Barnabé qui se passait dans l’île aux enfants mais j’adorais aussi Ernest et Bart des Muppets show. D’ailleurs j’ai réalisé il y a peu que Twini et Twiki, les personnages de Kiwi, leur ressemblaient un peu (un petit orange et un grand jaune). Je dessinais beaucoup aussi. Ma soeur aînée inventait des histoires. On développait ensemble tout un monde imaginaire. Je réalisais des petites planches de BD très naïves. J’étais fan du Journal de Mickey, des Pieds Nickelés… J’aimais déjà l’humour absurde.

Une image qui t’accompagne …

Depuis au moins une quinzaine d’années, c’est une photographie du Petit Loup en papier découpé du « Conte des contes » de Youri Norstein qui m’accompagne. Le personnage est blotti dans la main de son créateur. « Le conte des contes » est le film le plus personnel de Youri Norstein. Il évoque des souvenirs de sa petite enfance. Le petit loup gris a un regard tendre et triste. Youri Norstein dit : « il y a perpétuellement en moi ce mélange d’émerveillement et de tristesse ». Il dit aussi : « le bonheur c’est chaque jour de paix ». 

contedescontes

En septembre dernier, j’ai participé au festival international du film d’animation, Krok. Je présentais un épisode de la série des Kiwis, «Petit Robot». Ce festival a la particularité de prendre la forme d’une croisière entre Moscou et Saint Petersbourg. J’ai rencontré à cette occasion Youri Norstein qui m’a dédicacé mon image fétiche.

Croisière Krok d’ Isabelle Duval, Septembre 2015

Croisière Krok d’ Isabelle Duval, Septembre 2015

A quel moment décides-tu de suivre une formation artistique ?

Je suis surtout autodidacte. Je n’ai pas été très sérieuse lors de mes dernières années de lycée. Je n’ai pas passé mon bac. Ma mère, inquiète pour sa fille, m’a inscrite à des cours de sténo-dactylo. J’ai abandonné au bout d’un trimestre mais je sais très bien taper ! Cela a été utile pour faire des missions d’intérimaire dans le secrétariat, j’ai fait pas mal de boulot alimentaire. Assez tôt, j’ai su que je voulais faire du modelage, de la sculpture. Avec une amie, j’ai modelé notamment des pièces de jeux d’échec. Nous faisions aussi des bijoux qui étaient exposés dans une vitrine des Bains Douches. Je connaissais Marylin, la physionomiste de la boîte ! Une étape importante pour moi a été un séjour d’un an aux Etats-Unis, j’ai travaillé dans le parc Disney d’Orlando. J’y ai fêté mes 20 ans. A mon retour, j’étais déterminée à reprendre des études. Mais sans le bac, ça n’est pas facile ! Je me suis inscrite aux cours du soir de l’école supérieure des Arts Appliqués DupérréJ’ai suivi des cours de BD et de modelage.

Quels ont été tes premiers pas dans le cinéma d’animation ?

Mon frère Florian, a organisé pendant une petite dizaine d’années un festival de films amateurs au cinéma Le Trianon de Romainville. Il collectionnait des caméras 8 mm et 16 mm qu’il prêtait aux apprentis-réalisateurs. C’est dans ce cadre que j’ai réalisé mon premier film en pâte à modeler avec une caméra 16 mm. Il s’agissait d’un festival où un début de scénario était imposé, les réalisateurs devaient inventer la suite. Une année par exemple, nous avions proposé l’histoire suivante : le personnage principal est en train de prendre une douche lorsqu’on sonne à la porte, il va ouvrir et trouve une lettre ou un paquet sur son paillasson. Les films faisaient entre 3 et 15 minutes. J’ai ensuite fait une bande démo que j’ai montrée à un autre festival d’animation à Bruxelles, AnimaJ’ai rencontré une des personnes responsable de l’habillage d’Arte. Ma démo lui a plu. Elle m’a demandé de réaliser plusieurs bandes annonces pour le magazine Thema. J’ai ensuite démarché TF1 pour laquelle j’ai réalisé trois logos animés. J‘ai fait aussi pas mal d’illustrations en pâte à modeler pour des magazines dont « Je lis déjà », « Les p’tites sorcières », « Ville et vélo » et des affiches pour Arte et le festival Voix d’Étoiles.

affichefestivalEn parallèle, j’ai rejoint mon frère Florian qui venait de créer sa boîte d’infographie pour la presse. Nous avons développé ensemble un pôle animation qui est maintenant l’activité principale.

Quelle est ta référence en matière de cinéma d’animation en volume ?

J’en ai plusieurs ! J’adore Ladislas Starewitch, ses marionnettes sont extraordinaires. Les films de Swankmajer, les animations en pâte à modeler de Garri Bardine et les magnifiques films en stopmotion de Barry Purves. Je suis aussi très admirative des films des studios Aardman, bien sûr ! Un de mes derniers coups de coeur est le réalisateur australien, Adam Elliot. J’ai adoré «Mary et Max», l’histoire est émouvante, on croit à l’existence de ces deux personnages inclassables.

Mary et Max d’Adam Elliot, 2009

Mary et Max d’Adam Elliot, 2009

Qu’est-ce qui te plaît dans cette technique d’animation ?

La matière, la pâte à modeler, est très présente et pourtant on l’oublie pour être embarqué dans l’histoire. C’est magique de donner vie à une matière qui était inerte au départ. Pour moi, l’animation en volume est la synthèse des deux activités que j’aimais lorsque j’étais ado, la BD et le modelage. Parfois, les personnages, leurs comportements nous échappent. Il n’y a pas d’images clés. Lorsque je décompose un mouvement en pâte à modeler, il y a une partie improvisée. C’est ce qui m’intéresse, j’aime être surprise par la matière.

Tu aimes travailler en famille ?

Je travaille avec mon frère Florian depuis 20 ans. On est naturellement complémentaire.    Il a lui aussi suivi les cours de l’école supérieure des Arts Appliqués Dupérré, mais ceux du jour ! Il a du flair, il a cru à l’idée «Des devinettes de Reinette». Il nous a donné les moyens de développer les six premiers épisodes de la série pour pouvoir mieux démarcher les TV. Il est devenu producteur parce qu’aucun autre producteur n’était intéressé par notre série. Il a envie aussi de mettre la main à la pâte. Pour Reinette, c’est lui qui a fait l’armature de toutes les marionnettes. Pour Kiwi, il a développé des personnages secondaires. De mon côté, en parallèle au travail artistique, je fais aussi de la prospection. C’est ma fille Eloïse qui fait la voix de Reinette et qui chante…

Florian Duval en plein travail !

Florian Duval en plein travail !

Pourquoi as-tu choisi une grenouille comme héroïne ? Pour la rime ? Pour sa grande bouche ?

Je ne sais plus ! Tout est parti d’un jeu auquel je jouais avec mes enfants… «Et si j’étais tel animal…» La rime «Reinette- devinette» a dû jouer, c’est sûr ! La création du personnage principal est une étape importante. Reinette évoque pour moi une petite reine, elle est installée, majestueuse, sur sa feuille de nénuphar. De plus, elle est simple à modeler, toute ronde !

Tu as décliné le concept des Devinettes de Reinette dans des albums de jeunesse,  que t’apporte ce nouveau support ?

Ça n’a pas bien marché ! D’autres numéros étaient prévus mais on s’est arrêté au volume deux. Dans chaque volume, il y a trois devinettes originales. La structure est identique au court métrage animé. J’ai fait depuis avec les éditions Actes Sud, un album jeunesse original, «Le nouveau de la classe». J’avais envie d’utiliser des marionnettes, du papier découpé….

Le nouveau de la classe d’Isabelle Duval, 2013

Le nouveau de la classe d’Isabelle Duval, 2013, Actes Sud Junior

Tout est fait sur ordinateur à partir de scan. Composer une image fixe est un travail très minutieux, je passe beaucoup de temps sur une page. J’ai d’autres propositions mais pas le temps pour l’instant de les développer…

Les fans des Devinettes de Reinette peuvent-ils espérer une troisième saison ?

Tout est prêt ! J’ai écris les scénarios, choisis les nouveaux personnages, écris les chansons… Si un responsable de programmation jeunesse d’une chaîne TV est intéressé….

Tu développes une nouvelle série pour France 5, Kiwi, qui marche bien.  As-tu envie d’explorer d’autres formats ?

Oui, je viens justement de terminer un synopsis pour un spécial TV de 26 minutes. On retrouvera les deux héros de Kiwi, Twini et Twiki mais ils évolueront dans un vrai décor… Kiwi est une série qui mélange deux techniques d’animation: la stop-motion pour les marionnettes des Kiwi, les objets et les personnages qu’ils rencontrent, et l’animation numérique pour les lettres des mots-images. Il y a d’une part une dimension pédagogique, de découverte d’une langue étrangère, et d’autre part une dimension narrative, puisque chaque épisode est avant tout une aventure de nos deux héros à la découverte du monde. L’idée n’est pas de proposer un cours mais un éveil à l’anglais par le biais de petites histoires drôles et loufoques, une première sensibilisation à la langue, pour habituer l’oreille des enfants à d’autres sons et leur offrir de découvrir en substance quelques mots en anglais qu’ils prendront plaisir à répéter.

KIWI

Les Kiwis, Isabelle Duval, 2013

Tu as des projets pour un public adulte ?

J’ai imaginé plusieurs séries « Ma meilleure amie» en 2D ou «Psychocat» et «Les Potofeu de l’amour» en volume. Ce sont des parodies. Il existe un pilote pour chacune de ses séries, une histoire à suivre j’espère… Mais pour l’instant j’aime travailler pour les enfants. J’aime à la fois le côté ludique et le côté pédagogique que l’on peut développer dans une série pour les petits. Apprendre en jouant, je trouve ça superbe ! Et puis c’est un public que j’aime rencontrer, la réaction des enfant est motivante, on a une vraie reconnaissance de son travail.

Pour finir, une question très personnelle, quel est ton animal préféré ?

Mon gros chat ! Je n’en ai qu’un.

Après vérification, aucun épisode n’est consacré à cet animal. Pourquoi ?

Le premier épisode pilote « Des devinettes de Reinette » était consacré au chat !

Photogramme du pilote "Les devinettes de Reinette"

Photogramme du pilote « Les devinettes de Reinette »

Qui a peur des femmes photographes ?

femmesDeux musées parisiens, le musée de l’Orangerie et le musée d’Orsay, consacrent aux femmes photographes une vaste exposition au titre intrigant : Qui a peur des femmes photographes ? Clin d’oeil à la chanson du court métrage Les trois petits cochons de Walt Disney, ce titre nous interroge sur la visibilité du travail des femmes artistes. Deux lieux, deux époques (1839-1919 / 1918-1945), l’oeuvre de plus de 150 photographes est présentée dans une scénographie thématique passionnante. Comme dans toute exposition collective de cette ampleur, chaque spectateur se crée un parcours personnel, édifiant son propre Panthéon. Voici le mien !

La première grande dame de mon parcours est sans conteste la photographe américaine pictorialiste, Gertrude Käsebier. Elle installe, dès 1897, son propre studio à New York, ouvrant la voie du professionnalisme à de nombreuses femmes. Ses photographies d’enfants et notamment celles avec son petit-fils Charles O’Halley renouvellent ce genre intimiste. Le portrait est l’activité principale de son studio, son regard sur ses modèles révèle leur force individuelle. Deux portraits d’amérindien sont notamment remarquables, the red man et celui sur la jeune activiste sioux, Zitkala Sa. Loin des clichés ou de l’attrait de l’exotisme, c’est l’individu dans sa singularité qui l’intéresse et qui nous touche un siècle plus tard.

La route vers Rome de Gertrude Käsebier, 1902

La route vers Rome de Gertrude Käsebier, 1902

Zitkala Sa de Gertrude Käsebier, vers 1898

Zitkala Sa de Gertrude Käsebier, vers 1898

Les deux oeuvres reproduites sur les affiches des expositions sont de deux artistes anglaises. Si la première est connue, Julia Margaret Cameron est en effet une des rares photographes du XIX ème siècle à connaître la postérité, la deuxième, Madame Yevonde, est une totale inconnue pour moi. Et pour le moins, son oeuvre interpelle ! Pionnière dans l’usage de la photographie couleur, elle expérimente le processus Vivex couleur dans des mises en scènes audacieuses. N’hésitant pas à utiliser de la glycérine pour représenter des larmes, son portrait de Lady Campbell semble être un photogramme d’un film.

Lady Campbell as Niobe de Madame Yevonde, 1935

Lady Campbell as Niobe de Madame Yevonde, 1935

Quelques cinéastes sont d’ailleurs présentes dans l’exposition. On peut voir notamment un extrait du film réalisé en 1923 par Germaine Dulac La souriante Madame Beudet, considéré comme le premier film féministe. Un photogramme de son film surréaliste La coquille et le clergyman est aussi exposé.  Une grande dame qui reste à découvrir !


Je suis enfin attirée par deux photographies de l’artiste américaine, Barbara Morgan. Dans sa collaboration avec des chorégraphes ou dans son travail plus abstrait, Barbara Morgan expérimente de nouvelles techniques comme la surimpression de négatifs ou le light painting pour représenter le mouvement dans une image fixe. Passionnant !

We are Three Women - We are Three Million Women de Barbara Morgan, vers 1935

We are Three Women – We are Three Million Women de Barbara Morgan, vers 1935

Pure Energy and Neurotic Man de Barbara Morgan, 1945

Pure Energy and Neurotic Man de Barbara Morgan, 1945

J’ai aussi retrouvé avec intérêt des photographies d’artistes ayant bénéficié d’une exposition personnelle au Jeu de Paume au cours de ces dernières années : Berenice Abbott, Laure Albin Guillot, Diane Arbus, Eva Besnyö, Claude Cahun, Florence Henri, Germaine Krull et Lisette Model…

La maison de l’Amérique Latine propose, quant à elle, jusqu’au 12 décembre une exposition dédiée à Lola Alvarez Bravo. Le travail des femmes photographes sort-il de l’indifférence ?

Indeferencia de Lola Alvarez Bravo, vers 1940

Indeferencia de Lola Alvarez Bravo, vers 1940