Le roman graphique de Brian Selznick, l’invention de Hugo Cabret m’a enchanté. J’ai aimé cette histoire, mélangeant fiction et réalité. Je me suis attachée à ce jeune orphelin, Hugo, qui tente de survivre dans les couloirs et pièces secrètes de la Gare Montparnasse, occupé à remonter les lourds mécanismes des pendules et à redonner vie à un étrange automate. Sa rencontre avec Méliès et la filleule de ce dernier, la jeune Isabelle, m’a précipité dans le cinéma des origines avec sa magie, ses rêves et ses désillusions. Mais plus encore que l’histoire c’est le traitement narratif qui a retenu mon attention. En effet, l’originalité du roman réside dans l’alternance entre les mots et les images qui prennent en charge l’histoire à tour de rôle. Les dessins en noir et blanc, très réalistes semblent être des extraits d’un storyboard. Ils sont déjà du cinéma !
J’étais très impatiente d’en voir l’adaptation réalisée par Martin Scorsese. Impatiente mais aussi craintive, la bande annonce m’avait fait peur, peur de la grosse machine hollywoodienne !
Il m’a fallu quelques minutes pour entrer dans le film. Est-ce l’effet de la 3D mais j’ai eu dans un premier temps le sentiment d’être dans un parc d’attraction plutôt qu’au cinéma. Puis la magie a opéré… Faire un spectacle « grand public » est le plus bel hommage que l’on pouvait rendre à Georges Méliès. Le film montre très bien que le drame de ce grand cinéaste a été la défection du public face à ses oeuvres. Scorsese leur redonne une nouvelle vie.
SI Scorsese respecte le fil de l’intrigue du roman, il prend quelques libertés avec les personnages. Etienne, le jeune homme passionné de cinéma disparaît, son rôle de passeur avec lui ! C’est Hugo dans le film qui prend sa place et qui permet la première rencontre entre Isabelle et le cinéma. La complicité entre les deux jeunes héros est ainsi renforcée.
L’épouse de Méliès, Mamie Jeanne, est plus présente à l’écran que dans le roman. De même, Scorsese invente une très jolie fleuriste qui humanise l’inspecteur de sécurité et il crée de toute pièce des amoureux âgés qui ponctuent le film de véritables sketches ! Leurs teckels finissent eux aussi par vivre en couple !
Mais comme dans le livre, le couple vedette est celui formé par Hugo et Méliès. Après l’antinomie, c’est la symbiose qui fonde leurs liens, tous les deux sont des « réparateurs », ils réparent des mécanismes compliqués mais aussi les erreurs, les fautes. On retrouve le thème de la rédemption cher à Scorsese.
Selznick a introduit dans son roman des dessins, des photographies d’époque. Scorsese reprend ces citations et les développe. La fiction lui permet de reconstituer des scènes de Méliès en y ajoutant la magie de la 3D, la scène de l’aquarium est une petite merveille, les dessins qui s’animent comme des thaumatropes en est une autre ! L’hommage au cinéma des origines est compatible avec l’utilisation de la 3D, Scorsese comme Méliès cherche à faire rêver le public, tous les moyens sont bons pour nous entraîner dans » l’invention des rêves ».
Le retour à la réalité est rude ! Le quai de la ligne 4, station « Les halles » m’offre tout de même une promesse inattendue, mes yeux s’attardent sur une affiche du 104 annonçant des spectacles, performances et installations d’illusion et de magie nouvelle !
Les vacances de Noël vont être belles !