Michèle Lemieux, Le tout et la partie…

écran

Ecran Dowd ou Petit écran conçu et fabriqué par Alexandre Alexeïeff et Claire Parker en 1937

Michèle Lemieux est l’une des rares artistes à maîtriser cet instrument incroyable qu’est l’écran d’épingles. Auteur reconnue d’albums pour enfants et professeur de dessin et d’illustration à l’école de design de l’université du Québec, elle entre dans le monde du cinéma d’animation lorsque l’ONF lui propose d’adapter son livre, Une nuit d’orage. Ce très bel album alterne des phrases percutantes et des dessins en noir et blanc. Chaque double page traduit les interrogations d’une petite fille sur le sens de la vie…

IMG_3833

Imagine si on pouvait changer de corps… Extrait d' »Une nuit d’orage », 400 coups, 2013 (première édition 1996)

En 2003, elle réalise son premier court métrage. Le mouvement, la couleur et le son s’invitent dans sa ballade philosophique et poétique. Elle rencontre alors le cinéaste Jacques Drouin qui l’initie à l’écran d’épingles. En 2012, elle sort son deuxième court métrage réalisé avec cette technique d’orfèvre, Le grand ailleurs et le petit ici.

L’exposition qui lui est consacrée au Centre culturel canadien est remarquable. Orchestrée par la photographe Angela Grauerholz, elle se déploie sur deux espaces. Le rez-de-chaussée présente sa méthode de travail : les lectures qui l’accompagnent, son métier d’enseignante et surtout des centaines de dessins et de notes.

Reeves

Mais aussi Bachelard, Jung, Borges, Calvino, Kentridge…

IMG_3877

Vidéo sur un cours de dessin à l’UQAM de Montréal

IMG_3849

Hommage à d’autres artistes : illustrateur, musicien, cinéaste

Une sélection de 100 doubles pages extraites des carnets d'esquisses

Une sélection de 100 doubles pages extraites de ses carnets d’esquisses

Dialogue entre la commissaire et l'artiste, deux collègues, deux amies...

Dialogue entre la commissaire et l’artiste : deux collègues, deux amies…

Les salles de l’étage, plongées dans l’obscurité, sont dédiées à son travail sur l’écran d’épingles, elles mettent en valeur le dialogue qu’elle entretient avec cet instrument ancien. L’usage d’une nouvelle et d’une ancienne technologie lui permet de rendre sensible des thèmes universels et intemporels.

Vidéo montrant l'alliance entre l'écran d'épingles et l'informatique.

Vidéo montrant l’alliance entre l’écran d’épingles et l’informatique.



« Couleur de peau : miel » de Jung et Boileau

"couleur de peau : miel" BOILEAU & Jung   Gebeka Films

"couleur de peau : miel" BOILEAU & JUNG Gebeka Films

Jung réussit dans son roman graphique « Couleur de peau : miel » à nous offrir un récit très personnel et universel à la fois. Il raconte son adoption à l’âge de 5 ans par une famille belge. Son récit chronologique, de la naissance à « aujourd’hui », articule différents registres qui s’entrelacent ; la chronique de son enfance et de son adolescence, des données sur l’adoption des enfants coréens, ses interrogations d’adulte et aussi les rêves et les cauchemars qui l’ont accompagné tout au long de son parcours. Ses dessins très expressifs sont en noir et blanc, son style graphique est volontairement très fluctuant, de la caricature au dessin artistique.

"couleur de peau : miel" JUNG tome 1 Quadrants

"couleur de peau : miel" JUNG tome 2 Quadrants

L’adaptation de la BD au cinéma est née d’une rencontre, celle de Jung avec le réalisateur documentariste Laurent Boileau. Ils font ensemble le choix d’accentuer la forme composite du livre mélangeant des prises de vues réelles à l’animation. Des extraits de films familiaux tournés en Super 8, des films d’actualité et des séquences filmées lors du retour de Jung en Corée viennent compléter l’animation du récit.

"Couleur de peau : miel" BOILEAU &JUNG Gebeka Films

Ce choix formel est au service de l’histoire, il rend compte de la complexité des origines, des relations qui se tissent, des points de vue qui se complètent. J’ai été particulièrement touchée par les liens de Jung avec sa mère adoptive, par l’importance de la parole et des gestes dans l’expression de leurs sentiments. L’adoption est à double sens, rencontre fragile s’il en est !

A la fin du tome 2, Jung annonçait son voyage en Corée qu’il a réalisé pour le film. Au delà d’une stricte adaptation, c’est à un véritable passage de témoin auquel nous assistons. Et pour notre plus grand bonheur, ce n’est pas terminé, Jung travaille au tome 3 de la BD.