« Entre deux clics » à la médiathèque de Charenton-le-Pont

IMG_9003Nous avons grandi à une époque où les images étaient rares, et maintenant que nous les utilisons presque comme une seconde nature, il peut sembler que nous en abusons. Mais dirions-nous que nous sommes devenus accros aux mots ? Si l’on compare notre époque avec les temps passés, où les gens étaient analphabètes, dirions-nous que maintenant que nous savons écrire, nous sommes devenus accros à l’écriture ? Tout dépend de l’usage que l’on fait de l’écriture et de l’image. Une utilisation généralisée n’est pas nocive en soi.           Joan Fontcuberta, Welcome to the post-photographic era, Albert Forms

Début décembre deux ateliers photo-vidéo ont été proposés à la médiathèque Des Quais de Charenton. Le premier, Image de soi, du selfie au sleeveface, permettait d’inscrire ces pratiques contemporaines dans une histoire de la représentation de soi.

selfie

Le « selfie », élu mot de l’année par les Dictionnaires d’Oxford en 2013.

Capture d’écran 2021-12-18 à 08.29.21

Comment se cacher tout en se révélant ? / Comment se révéler tout en se cachant ?

Capture d’écran 2021-12-18 à 08.34.33

Capture d’écran 2021-12-18 à 08.53.40

L’objectif du deuxième atelier, Image du monde, une minute d’attention, était de tourner l’objectif de la caméra vers les autres, salariés ou usagers de la médiathèque, et de réaliser un plan séquence d’une minute environ.

20211204_154841

Capture d’écran 2021-12-18 à 09.08.38

Nos références : les vues Lumière, le projet Eine Einstellung zur Arbeit de Harun Farocki et d’Antje Ehmann

Capture d’écran 2021-12-18 à 09.18.08

Capture d’écran 2021-12-18 à 09.24.56

Capture d’écran 2021-12-18 à 09.32.36

Capture d’écran 2021-12-18 à 09.42.23Capture d’écran 2021-12-18 à 09.43.12Un grand merci aux bibliothécaires et aux usagers qui ont accepté d’être filmé et bravo aux participants.

Joan Fontcuberta à la Maison Européenne de la Photographie

Diorama présentant "le grand gardien du Bien Total", Fauna, 1985-1989

Diorama présentant « le grand gardien du Bien Total », Fauna, 1985-1989

J’ai eu la chance d’assister à une conférence de Joan Fontcuberta à Arles en 2009. Il participait à un séminaire sur le « statut de la photographie à travers ses usages ». Moment privilégié où la rencontre d’une oeuvre vous oblige à déplacer vos lignes de pensée.       Au delà de ses publications, j’avais très envie de découvrir son travail in situ. La Maison Européenne de la Photographie lui consacre actuellement un vaste espace où neuf séries emblématiques sont présentées. Si la manipulation des images est au coeur de son travail, l’organisation de l’espace d’exposition est aussi un élément clé de ses projets. Il peut ainsi multiplier les moyens pour « faire croire », donner l’illusion de la réalité : dioramas et vitrines répondent aux photographies et films pour envelopper le spectateur d’informations multiples.

Vitrine consacrée à l'abbé Jean Fontana, Les Hydropithèques, 2003-2012

Vitrine consacrée à l’abbé Jean Fontana, Les Hydropithèques, 2003-2012

Les réactions des spectateurs sont passionnantes, les « c’est incroyable », « c’est pas vrai » fusent dans les salles … En fonction du parcours de l’exposition choisi, la crédulité des spectateurs évolue et impose parfois des retours sur preuve.  Des regards complices s’instaurent avec l’impression de participer à un grand jeu de piste. Connaître la démarche de l’auteur ne vous préserve pas de toute mystification. Face aux premiers paysages de la série Orogénèse, j’ai regretté haut et fort l’absence d’un cartel classique indiquant les coordonnées géographiques de ces paysages virtuels !

Quatre paysages virtuels réalisés par les logiciels Vistapro, Bryce et Terragen à partir des tableaux du Douanier Rousseau, Courbet, Kandinsky et Gainsborough, 2002-2004

Quatre paysages virtuels réalisés par les logiciels Vistapro, Bryce et Terragen à partir des tableaux du Douanier Rousseau, Courbet, Kandinsky et Gainsborough, Orogenèse, 2002-2004

L’esthétisme est aussi au rendez-vous. Devant les séries Palimpsestes et Herbarium, peu m’importe la véracité des images, l’agencement des formes et des couleurs me touche, le réel peut être réinventé !

Plusieurs reproductions d’un portrait du Gréco intriguent tout au long de la visite. Derrière cette image reprise sur la couverture du catalogue de l’exposition se dissimule une nouvelle série Camouflages … Joan Foncuberta qui a toujours aimé se déguiser invite à une dernière partie de cache-cache avec sa propre image !

imgp1215-tt-width-455-height-672-lazyload-1-bgcolor-000000