« Kali le petit vampire » de Regina Pessoa

Exposition " Kali le petit vampire " de Regina Pessoa, 15/02/2013

Exposition  » Kali le petit vampire  » de Regina Pessoa, Centre Culturel de Gentilly, 15/02/2013

Avant d’aller découvrir l’exposition de Regina Pessoa, j’assiste au programme « Des rencontres monstres » à l’espace Jean Vilar d’Arcueil en compagnie de plusieurs classes de la ville. Superbe programmation ! Mon premier coup de coeur va à « la piscine » de la jeune réalisatrice tchèque, Alexandra Hetmerova. Le film arrivant en quatrième position, je suis de plus en plus intriguée face à ce ballet aquatique ; que peuvent bien avoir de monstrueux ce couple sympathique évoluant avec grâce sur une musique de Strauss ?

"Piscine" d' Alexandra Hetmerova, 2010

« Piscine » d’ Alexandra Hetmerova, 2010

Non, il n’y a pas d’erreur. Ce court-métrage aurait pu participer à un programme sur la rencontre amoureuse mais il a aussi toute sa place pour « des rencontres monstres »… Ne comptez pas sur moi pour vous dévoiler l’intrigue ! Le site d’Alexandra Hetmerova mérite le détour, on y découvre ses premiers travaux dont cette version très « punchy » du Petit Chaperon Rouge.


« Monstre sacré » de Jean-Claude Rozec est lui aussi un petit bijou. Il nous embarque en 10 minutes dans des univers variés à un rythme trépidant ! Notre héros, un jeune dragon fort sympathique naît sous nos yeux comme le vilain petit canard. Il va vite quitter cet univers de conte pour se retrouver sous le feu nourri d’armes de plus en plus lourdes ! Pas plus que les canards, les hommes ne veulent de lui. Il doit sa survie à un producteur hollywoodien qui transforme les armes en caméra. A-t-il pour autant trouver sa place ?

"Monstre sacré" de Jean-Claude Rozec, 2009

« Monstre sacré » de Jean-Claude Rozec, 2009

Avec « L’échange » de Maria Steinmetz, nous sommes dans un tout autre registre. La jeune réalisatrice allemande nous plonge dans le monde médiéval en adaptant un récit de l’écrivain suédois, Selma Lagerlöf. L’originalité graphique, des icônes animées, rappelle le très beau film d’animation d’Emilie Mercier, « Bisclavret ».

"L'échange" de Maria Steinmetz, 2011

« L’échange » de Maria Steinmetz, 2011

Très belle adaptation visuelle d’un récit d’une grande dame de la littérature !

Ma principale motivation à assister à cette séance était le désir de découvrir au cinéma le nouveau court-métrage de Regina Pessoa, « Kali le petit vampire ». Auparavant, je n’avais vu de cette réalisatrice que son film « Histoire tragique avec fin heureuse« , il m’avait fait l’effet d’un uppercut ! La texture de l’image, les cadrages, les points de vue, les mouvements de caméra, les battements de coeur entêtants, la voix de la narratrice, le silence, tout concourt à faire de cette histoire de fille-oiseau une petite merveille !

"Histoire tragique avec fin heureuse" de Regina Pessoa, 2005

« Histoire tragique avec fin heureuse » de Regina Pessoa, 2005

L’attente et le niveau d’exigence étaient à son comble ! J’ai retrouvé avec plaisir le graphisme haché, tremblé qui donne une identité aux dessins de Regina Pessoa. Que se soit sur du plâtre, du papier glacé ou une tablette graphique, son geste est puissant et le jeu sur la lumière et les ombres qu’elle crée avec Kali est remarquable. Son choix d’incarner Kali par une voix âgée et profonde donne de la chaleur à ses images. Malgré cela, je n’ai pas réussi à être en empathie avec son personnage, face au sacrifice final de Kali je suis perdue. J’ai peut-être un problème avec les morts-vivants ! Le petit vampire s’est-il métamorphosé en fantôme à l’errance infini ? J’ai besoin de corps, de chair même dans le cinéma d’animation !

J’ai continué mon périple dans la Val de Marne jusqu’à Gentilly pour voir l’exposition consacrée à « Kali le petit vampire ». Cette exposition est élaborée par Regina Pessoa et son compagnon Abi Feijo par l’intermédiaire de leur studio de production, Cyclopes Films. Comme pour les courts métrages que je viens de découvrir, les objets exposés m’invitent à me méfier des apparences. Regina Pessoa a revisité les jouets optiques pour nous en donner une version contemporaine très belle.

Exposition " Kali le petit vampire " de Regina Pessoa, Centre Culturel de Gentilly, 15/02/2013

Exposition  » Kali le petit vampire  » de Regina Pessoa, Centre Culturel de Gentilly, 15/02/2013

Exposition " Kali le petit vampire " de Regina Pessoa, Centre Culturel de Gentilly, 15/02/2013

Exposition  » Kali le petit vampire  » de Regina Pessoa, Centre Culturel de Gentilly, 15/02/2013

Coup de coeur pour le folioscope à 6 entrées édité à cette occasion, à découvrir sur le site d’Heeza ! La deuxième salle est principalement consacrée aux images réalisées pour Kali, les recherches graphiques, le story-board…

Exposition " Kali le petit vampire " de Regina Pessoa, Centre Culturel de Gentilly, 15/02/2013

Exposition  » Kali le petit vampire  » de Regina Pessoa, Centre Culturel de Gentilly, 15/02/2013

Exposition " Kali le petit vampire " de Regina Pessoa, Centre Culturel de Gentilly, 15/02/2013

Exposition  » Kali le petit vampire  » de Regina Pessoa, Centre Culturel de Gentilly, 15/02/2013

Une belle exposition qui allie l’esthétisme au pédagogique. Après Gentilly, c’est la médiathèque d’Orly qui l’accueillera jusqu’au 2 mars.

Je vous invite aussi à parcourir le site dédié à la 23 ème édition du festival « ciné junior », beaucoup d’autres évènements sont à découvrir dans les salles du Val-de-Marne !

Visuel 2013 du festival Ciné Junior

Visuel 2013 du festival Ciné Junior

« Regards partagés » avec … « Le jour le plus court  »

« Mettre en valeur quatre courts métrages qui célèbrent le pouvoir de l’imagination de celui qui réalise et de celui qui regarde. Exprimer le regard que je porte sur ces films. Partager ce regard avec notamment un public d’enfants. »

Voici la présentation de l’évènement que j’ai proposé à la fête du court métrage. Les liens vers les films sont actifs jusqu’au 21 décembre, profitez-en et laissez- moi vos commentaires sur cette programmation !

Le premier court proposé est un film de fin d’étude réalisé par Lucie Mayjonade lorsqu’elle était étudiante à l’école Georges Méliès d’Orly. Très librement adapté d’une légende polynésienne sur un « homme poisson », ce petit film sans dialogue, mais avec une très belle musique d’Olivier Michelot, nous raconte les tribulations d’un petit personnage au prise avec son imagination pour le meilleur et pour le pire… J’aime beaucoup la fluidité de l’animation et le jeu des matières entre la transparence du petit personnage et la matérialité des univers qu’il traverse.

Le making-off …


La vie de famille à vue de truffe n’est pas un long fleuve tranquille ! Tout ce que demande Fifi, c’est un peu d’attention de ses maîtres et un peu de tranquillité pour lire les nouvelles scientifiques dans le journal. Et bien ce soir-là, il n’aura ni l’un ni l’autre ! Un drame de la vie quotidienne raconté avec beaucoup d’humour et de fantaisie. Nous ne connaîtrons visuellement des humains que les jambes et les chaussures qui puent. A nous d’imaginer le hors champs à l’aide de la riche bande-son où l’échange verbal entre les membres de la famille est incisif à souhait. Ce court-métrage est le fruit de la collaboration entre Nicolas Bianco-Levrin et Julie Rembauville. Leur production commune est riche d’albums et de courts métrages à découvrir…

"Merci mon chien", Julie Rembauville, Nicolas Bianco-Levrin, 2011 © Folimage

C’est le plus court et je l’adore au point que je le regarde en boucle pour faire durer le plaisir ! C’est léger comme une bulle de savon, c’est profond comme deux êtres qui ne peuvent vivre éloignés l’un de l’autre. L’invitation au voyage se trouve au coin de la rue. Ce poème visuel et sonore est l’oeuvre de Joanna Lorie, une déjà grande dame du cinéma d’animation !


Et pour finir, un court métrage qui n’est pas d’animation. Ce documentaire réalisé par Romain Delage présente des enfants qui sont invités  à commenter seul ou à plusieurs une peinture dont on ne voit que le dos.                                                                                    Magnifique illustration de la phrase de Marcel Duchamp :  » Ce sont les regardeurs qui font le tableau » et une célébration du hors champ comme ouverture vers l’imaginaire.

"Regards libres", Romain Delage, 2005

Le 21 décembre est passé, la fête du court-métrage est terminée, les liens vers les films sont désactivés. Toutefois, «Haï Puka» et «Partir» étant en accès libre sur internet, vous pourrez continuer à les voir. «Merci mon chien» est programmé dans de nombreux festivals, vous pourrez le voir notamment dans le cadre du festival Ciné Junior du Val-de-Marne du 13 au 26 février 2013. «Regards libres» est quant à lui dans le catalogue des «Enfants de cinéma» accompagné d’autres courts-métrages à découvrir !

A la prochaine fête du court-métrage…