Minuscules ou imposantes, les sculptures de Barbara ne tiennent pas en place, elles défient les lois de la pesanteur et nous entraînent à leur suite … Isolée ou en groupe, chaque sculpture possède une âme et une histoire, elle nous interpelle en silence. Telles des esquisses sculptées, elles se donnent à voir, mais surtout elles nous donnent à penser, à rêver, à imaginer…
Nulle envie de plaquer des mots sur elles mais désir de mieux connaître celle qui leur donne forme.
Se présenter en quelques mots…
Contemplative, timide et prenant les choses comme elles viennent.
Qu’est-ce qui a été le plus formateur pour toi dans ton enfance ?
De passer mes journées dans l’atelier de ma mère peintre. Il y avait deux tables d’architecte, je me mettais à côté d’elle. Je lui piquais son matériel pour faire des expériences, je recopiais des tableaux sur des toiles, j’utilisais sa presse à gravure pour faire des gaufrages…
Une image qui t’accompagne…
C’est une image liée à une sensation. Quand j’étais ado, je faisais beaucoup de planche à voile à Noirmoutier. Un soir, il y avait une lumière géniale, le vent rabattait les vagues sur la plage, j’ai eu le sentiment de voler avec ma planche.
Devenir une artiste, c’est pour toi une vocation, une évidence, une lutte ou tout autre chose …
Une évidence ! J’ai besoin de me servir de mes mains pour créer quelque chose. C’est la sculpture mais aussi le bricolage !
Quels ont été ta formation et ton parcours ?
Après un bac scientifique, j’ai fait une année de prépa « arts graphiques » au lycée de Sèvres. J’ai complètement raté le concours des Arts déco mais j’ai eu celui de l’ESAG Penninghen. C’est une formation en 5 ans. Ça m’a surtout appris à travailler, je passais des nuits sur des projets. La formation est très variée : illustration, croquis, logo, photo, storyboard… Je n’ai rien fait par contre en volume, à part des maquettes d’architecture d’intérieure. Je suis une autodidacte en sculpture.
Quels sont tes déclencheurs d’idées ?
Observer les gens, leur démarche, leurs attitudes ! Je passe beaucoup de temps à ma fenêtre à regarder les passants. Il m’est arrivé de dévisager des gens dans le métro, involontairement j’ai pu provoquer de la gêne tellement j’étais fascinée par une expression, un visage.
Comment passes-tu de l’idée à la forme ?
Sans me poser de question. L’idée de départ est souvent transformée. C’est plutôt la forme qui prend le dessus. Par exemple le type à la fleur que je suis en train de patiner. J’avais envie de faire un homme accroupi. Je me suis demandée ce qu’il pouvait regarder. J’avais devant moi, les cosmos du jardin. J’ai eu envie de mettre une fleur. C’est aussi simple que cela. C’est vraiment l’attitude qui est première. Il m’arrive de chercher des photos sur internet comme lorsque j’ai commencé à travailler sur les équilibristes.
Quelle est la part du hasard, de l’accidentel ?
C’est ce qui m’intéresse le plus, l’accidentel. J’essaie de m’en servir au maximum. Par exemple, le fumeur qui est en haut de l’escalier est en terre. En séchant , la terre s’est déformée, Il s’est complètement affaissé. Ça m’a plu, je n’ai pas essayé de le redresser !
Après avoir travaillé la terre et le plâtre, tu utilises maintenant un matériau que tu composes toi même, peux-tu nous dire de quoi il est fait et ce qu’il t’apporte ? C’est un mélange de faïence et de cellulose. Je prends de la poudre de terre à laquelle j’ajoute de l’eau pour avoir une texture proche de la crème Nutella. Je trempe du PQ dans de l’eau pendant une journée, je le mixe ensuite et je l’égoutte dans une passoire. Je mélange le tout. Je dépose cette pâte homogène sur une plaque de plâtre qui absorbe l’excédent d’eau. J’ai ensuite comme un pain de terre. La terre seule me bloquait dans ce que j’avais envie de faire. J’avais besoin d’utiliser des armatures pour faire des formes plus aériennes, plus fines, plus grandes. Par contre, c’est moins agréable à travailler que la terre seule. Quand décides-tu qu’une sculpture est terminée ? Je la mets dans un endroit où je passe plusieurs fois par jour. Je la tourne. Dès qu’il y a un petit truc qui me gêne, je la retravaille. Ça peut durer longtemps. Je demande aux enfants et à Jean leurs avis. C’est souvent eux qui trouvent la solution à un truc qui ne va pas, qui me gêne sans que je n’arrive forcément à le formuler. J’en ai détruit très peu, j’en ai mis quelques unes aux encombrants, des gens les ont récupérées… Je peux aussi les casser, garder des petits bouts et recommencer. En général, je me débrouille pour les transformer. J’abandonne rarement. C’est comme un bouquin, je vais jusqu’au bout. Ton approche est figurative, l’essentiel de tes sculptures représente des corps humains. Y a-t-il des oeuvres, des artistes qui ont particulièrement comptés pour toi ? Giacometti, les bustes de Camille Claudel et le travail de Calder. Il y a aussi une sculpture de Rodin qui me touche beaucoup, on peut la voir au musée d’Orsay.As-tu envie de t’essayer à l’abstraction ?
Pas du tout !
Cette année, tu as ouvert pour la première fois ton atelier au public. Qu’est-ce qui t’a poussé à montrer ton travail en dehors du cercle familial ou amical ?
Je me suis forcée ! Je me suis dit que j’avais toutes les conditions réunies pour le faire : le lieu, l’évènement des portes ouvertes des artistes à Meudon. J’ai été ravie de cette expérience. C’était convivial. Je n’avais surtout pas envie d’expliquer mes sculptures, je n’en suis pas capable. Les gens ne me l’ont pas demandé mais par contre ils m’ont raconté ce qu’ils y voyaient.
Un superbe film !
JHJH
https://www.youtube.com/watch?v=JfZWmOijaug
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