Depuis un an, Amsterdam a une toute nouvelle cinémathèque. Située en face de la gare centrale, de l’autre côté du bras de mer, il est difficile de ne pas remarquer ce nouveau bâtiment aux formes futuristes. L’exposition temporaire présente le travail du réalisateur allemand, Oskar Fischinger, une belle occasion de découvrir ce lieu et cet artiste ! La visite se fait dans la pénombre, priorité à la présentation des films sur grand écran. Ce choix permet de découvrir les oeuvres de Fischinger dans d’excellentes conditions, notre corps, par nos yeux et nos oreilles, est profondément sollicité et rentre en interaction avec l’oeuvre. On peut même esquisser quelques pas de danse…
Exposition Oskar Fischinger, Eye, Amsterdam
La présentation est chronologique, de ses débuts en Allemagne jusqu’à ses travaux réalisés en Californie à partir de 1936. Une des premières oeuvres exposées est « Spiritual constructions ». C’est un film de silhouettes muet annoncé par un carton sur lequel est écrit « Très étrange, comme si le monde était devenu ivre ». Dans les premières secondes du film, on voit deux hommes attablés autour d’une table en train de boire. Très vite nous sommes entrainés dans leur délire éthylique, rien n’est stable, tout est en perpétuel changement. Le film est une suite de métamorphoses. Des formes figuratives ou abstraites se confondent en une chorégraphie alerte.
« Spiritual constructions », Oskar Fischinger, 1927
Dans ce court métrage, on peut remarquer à plusieurs reprises des fonds réalisés avec la machine à animer la cire inventée par Oskar Fischinger. Cette machine sera utilisée par Walther Ruttmann pour les fonds du long métrage de Lotte Reiniger « Les aventures du Prince Ahmed ».
« Les aventures du Prince Ahmed », Lotte Reiniger, 1926
Les autres salles sont essentiellement consacrées à ces études ( studies ) qui synchronisent des motifs abstraits ou des formes géométriques à des morceaux de musique classique ou de jazz. C’est une expérience assez troublante de percevoir la musique intensément parce qu’en plus de notre ouïe, notre vue est sollicitée.
Son « studie n° 8″ traduit le poème symphonique de Paul Dukas, l’Apprenti Sorcier.
Studie n°8 » Oskar Fischinger », 1931
Irrésistiblement, les images du Fantasia de Disney reviennent à ma mémoire. L’Apprenti Sorcier nous donne un exemple remarquable de la variété d’association entre une musique et des images !
« Fantasia » Disney, 1940
Ma maîtrise très partielle de l’anglais est un frein pour comprendre le principe des nombreuses inventions d’Oskar Fischinger présentées en parallèle à ses films : peintures stéréoscopiques, expériences sur la bande son, Lumigraph … L’exposition provoque le désir d’en savoir plus …
Au sous-sol de la cinémathèque, l’exposition permanente permet de visionner de nombreux extraits de films et de jouer avec différents dispositifs : projection de bulles interactives, réalisation d’un flip-book, voyage virtuel … Fou rire garanti !
« Bubbles », Muench et Furukawa, 2011
Flipbook Machine, Museum of the moving image, New York
« Indoor/Outdoor », Soldevilla, 2010
« Indoor/Outdoor », Soldevilla, 2010
Pour que la présentation de la cinémathèque soit complète, je dois aussi mentionner un superbe bar-restaurant, une librairie et 4 salles de cinéma proposant une programmation attractive.