2021, l’année Georges Méliès…

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Atelier « Georges Méliès, la magie du cinéma », centre de loisirs Fraboulet de Mitry-Mory le 25 février 2021

Méliès est selon Edgar Morin « Le prestidigitateur qui mit le cinématographe dans un chapeau pour en faire sortir le cinéma. » Gageons que cette année 2021 soit son année avec l’ouverture très attendue du nouvel espace d’exposition permanente de la Cinémathèque qui lui rend un hommage appuyé ! Pour les impatients, plusieurs publications sont d’ores et déjà disponibles.

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Il vous reste aussi quelques jours pour regarder sur Arte le superbe documentaire d’Eric Lange qui lui est consacré.

Capture d’écran 2021-02-26 à 10.40.11Quant à moi j’ai eu le plaisir de proposer à nouveau un atelier autour de ce grand monsieur et de son truc mythique, l’arrêt de la caméra. Que se soit dans le cadre scolaire avec deux classes de CE2 de Noisy-le-Sec ou dans le cadre des vacances avec des enfants d’un centre de loisirs de Mitry-Mory, le même enthousiasme s’est manifesté à être devant ou derrière la caméra.

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Un autre film à voir sur la page Youtube du cinéma Le Trianon

Le musée imaginaire d’Henri Langlois

IMG_2188Je vous invite à courir voir l’exposition consacrée à Henri Langlois. Pour le plaisir des yeux tout d’abord ! Le montage réalisé par Dominique Païni est un pur bonheur visuel. Un kaléidoscope d’oeuvres récentes côtoie les oeuvres aimées et défendues par Langlois. Une jolie manière de fêter ses 100 ans sans le plonger dans la naphtaline.

Donne-moi tes yeux © Henri  Foucault

Donne-moi tes yeux © Henri Foucault

Toutes les images passionnaient Langlois, les extraits de films partagent l’espace d’exposition avec les planches colorées de Matisse, les peintures de Gino Severini, les « rotoreliefs » de Marcel Duchamp, les dessins de Fischinger, les photographies de Germaine Krull… Langlois ne doutait pas que le cinéma est un art, si la salle de cinéma est son espace naturel, le musée est sa deuxième maison.

Victor Vasarely, essai de logo pour le musée du cinéma © ADAGP, Paris, 2014

Victor Vasarely, essai de logo pour le musée du cinéma © ADAGP, Paris, 2014

L’exposition permet aussi d’aller à l’essentiel. Au-delà des anecdotes, que retient-on de cet homme ? C’était un acharné, il s’est donné très jeune une mission, sauver les films de la destruction et de l’oubli. Pour cela il a consacré sa vie à collecter inlassablement les bobines des films pour pouvoir les montrer. Il n’était pas un archiviste mais un passeur. La mémoire des hommes est encore le lieu de stockage le plus sûr ! La vitrine consacrée aux listes des programmes cinéma conçus par Langlois est le coeur de l’exposition, j’ai été particulièrement touchée par la place qu’il accordait aux films d’animation… Grimault et Alexeieff sont programmés avec Renoir, Bunuel, Vigo …

Exposition du dessin animé1945-46 © ADAGP, Paris, 2014

Exposition du dessin animé 1945-46 © ADAGP, Paris, 2014

Une autre idée forte qu’il défendait concerne la naissance du cinéma. Si le 28 décembre 1895 est une date clef, elle n’est pas pour lui fondatrice. J’aime cette idée d’un cinéma latent à l’humanité, présent dès les premières ombres vacillantes… Il collectait  les lanternes magiques et les jouets optiques avec frénésie. On peut admirer nombre de ces objets dans l’exposition permanente de la cinémathèque… Il a exposé et défendu les oeuvres des pionniers de l’art animé, Emile Reynaud, Etienne-Jules Marey, Emile Cohl…

Dessin de Marc Chagall, 1955 © ADAGP, Paris 2014

Dessin de Marc Chagall, 1955 © ADAGP, Paris 2014

Le plaisir de l’exposition est prolongé par le catalogue qui l’accompagne. Aucune envie de résister à cette très belle couverture ! Il vous faudra quitter l’écran de votre ordinateur et vous déplacer dans une librairie pour sentir sous vos doigts le papier glacé de la photo s’opposant au contact duveteux du carton… Après avoir joué avec l’élastique vous découvrirez un ensemble de témoignages qui compose peu à peu le portrait passionnant d’un homme aux multiples facettes. Vive Langlois ! Vive la cinémathèque !

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Vive Langlois de Basile Pasch, 1968

Vive Langlois de Basile Pasch, 1968

« EYE Filmmuseum » d’Amsterdam

Oskar FischingerDepuis un an, Amsterdam a une toute nouvelle cinémathèque. Située en face de la gare centrale, de l’autre côté du bras de mer, il est difficile de ne pas remarquer ce nouveau bâtiment aux formes futuristes. L’exposition temporaire présente le travail du réalisateur allemand, Oskar Fischinger, une belle occasion de découvrir ce lieu et cet artiste ! La visite se fait dans la pénombre, priorité à la présentation des films sur grand écran. Ce choix permet de découvrir les oeuvres de Fischinger dans d’excellentes conditions, notre corps, par nos yeux et nos oreilles, est profondément sollicité et rentre en interaction avec l’oeuvre. On peut même esquisser quelques pas de danse…

Exposition Oskar Fischinger, Eye, Amsterdam

Exposition Oskar Fischinger, Eye, Amsterdam

La présentation est chronologique, de ses débuts en Allemagne jusqu’à ses travaux réalisés en Californie à partir de 1936. Une des premières oeuvres exposées est « Spiritual constructions ». C’est un film de silhouettes muet annoncé par un carton sur lequel est écrit « Très étrange, comme si le monde était devenu ivre ». Dans les premières secondes du film, on voit deux hommes attablés autour d’une table en train de boire. Très vite nous sommes entrainés dans leur délire éthylique, rien n’est stable, tout est en perpétuel changement. Le film est une suite de métamorphoses. Des formes figuratives ou abstraites se confondent en une chorégraphie alerte.

"Spiritual constructions", Oskar Fischinger, 1927

« Spiritual constructions », Oskar Fischinger, 1927

Dans ce court métrage, on peut remarquer à plusieurs reprises des fonds réalisés avec la machine à animer la cire inventée par Oskar Fischinger. Cette machine sera utilisée par Walther Ruttmann pour les fonds du long métrage de Lotte Reiniger « Les aventures du Prince Ahmed ».

"Les aventures du Prince Ahmed", Lotte Reiniger, 1926

« Les aventures du Prince Ahmed », Lotte Reiniger, 1926

Les autres salles sont essentiellement consacrées à ces études ( studies ) qui synchronisent des motifs abstraits ou des formes géométriques à des morceaux de musique classique ou de jazz. C’est une expérience assez troublante de percevoir la musique intensément parce qu’en plus de notre ouïe, notre vue est sollicitée.

Son « studie n° 8″ traduit le poème symphonique de Paul Dukas, l’Apprenti Sorcier.

Studie n°8 " Oskar Fischinger", 1931

Studie n°8  » Oskar Fischinger », 1931

Irrésistiblement, les images du Fantasia de Disney reviennent à ma mémoire. L’Apprenti Sorcier nous donne un exemple remarquable de la variété d’association entre une musique et des images !

"Fantasia" Disney, 1940

« Fantasia » Disney, 1940

Ma maîtrise très partielle de l’anglais est un frein pour comprendre le principe des nombreuses inventions d’Oskar Fischinger présentées en parallèle à ses films : peintures stéréoscopiques, expériences sur la bande son, Lumigraph … L’exposition provoque le désir d’en savoir plus …

Au sous-sol de la cinémathèque, l’exposition permanente permet de visionner de nombreux extraits de films et de jouer avec différents dispositifs : projection de bulles interactives, réalisation d’un flip-book, voyage virtuel … Fou rire garanti !

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« Bubbles », Muench et Furukawa, 2011

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Flipbook Machine, Museum of the moving image, New York

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« Indoor/Outdoor », Soldevilla, 2010

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« Indoor/Outdoor », Soldevilla, 2010

Pour que la présentation de la cinémathèque soit complète, je dois aussi mentionner un superbe bar-restaurant, une librairie et 4 salles de cinéma proposant une programmation attractive.