Sélection d’images fixes et animées qui m’ont fait vibrer cet été !
ANNECY
Pour une inconditionnelle du cinéma d’animation, commencer ses vacances par une étape à Annecy est hautement symbolique. Le festival est terminé depuis plusieurs semaines mais reste l’exposition permanente, un petit tour au musée-château et au conservatoire d’art et d’histoire s’impose avant d’aller se rafraichir dans le lac !
C’est l’oeuvre d’un couple, François et Chantal Loriot-Mélia, qui ouvre cette sélection estival. Elle est présentée dans la dernière salle du parcours art contemporain du musée-château, je suis fascinée par sa beauté et sa poésie. Des morceaux de verre sont collés sur une roue de bicyclette qui tourne doucement devant un faisceau lumineux, les ombres projetées de cette installation créent un paysage de montagne qui se déploie sous nos yeux comme un long rouleau de peinture chinoise.
La vue et la compréhension du dispositif très prosaïque amplifient l’émotion ressentie face aux images flottantes.
Et aussi …
Philippe Ramette et Bernard Moninot au musée-château, l’exposition permanente et l’exposition temporaire JPL Films au CITIA.
MILAN
Toutes les salles du Pavillon d’Art Contemporain (PAC) de Milan sont consacrées à l’exposition « Rise and Fall of Apartheid: Photography and the Bureaucracy of Everyday Life ». Cette impressionnante exposition explore 50 ans de guerre civile (1948-1994) à travers la vision de 70 photographes sud-africains.
Je suis touchée par cette approche foisonnante, les photos de lutte contre le régime inique de l’apartheid côtoient les photos de la vie quotidienne marquée elle aussi par la ségrégation raciale.
Une salle est consacrée au cycle de films d’animation « Drawings for projection » de William Kentridge. J’avais découvert cet artiste lors de sa rétrospective au Jeu de Paume en 2010, j’avais été alors fascinée par sa technique d’animation au fusain, créant le mouvement par une succession de gommages et d’ajouts. La vision des films dans ce nouveau contexte d’exposition me fait percevoir pleinement leur dimension politique. Rien n’est figé, l’oeuvre et le regard porté sur elle sont en perpétuel mouvement.
Et aussi …
Deux superbes expositions : la collection de « mini-portraits » de Cesare Zavattini à la Pinacothèque de Brera et « Gianni Berengo Gardin, histoire d’un photographe » au Palais Reale.
VENISE
Aimer Venise est un cliché pour certains, mais moi j’aime passionnément cette ville, j’aime me perdre dans ses ruelles, j’aime la rencontre de l’eau et des vieilles pierres, j’aime partager ce plaisir avec pleins de touristes aux yeux qui brillent. Et puis, cette année, c’est la Biennale d’Art contemporain, je ne boude pas mon plaisir, j’arpente en long et en large les Guardini et l’Arsenal. Le pavillon flottant du Portugal m’offre même un petit tour en bateau, que du bonheur !
« Le palais encyclopédique » exposition internationale
Les images qui bougent m’attirent particulièrement, j’ai trouvé dans l’exposition » Le palais encyclopédique » trois artistes qui explorent le collage et l’image en mouvement avec dextérité : l’hallucinant « Heaven and Earth Magic » d’Harry Smith, le vertigineux « Movie mural » de Stan Vanderbeek et l’inclassable « Grosse fatigue » de Camille Henrot.
C’est par leur vidéo « Le cours des choses » que j’avais découvert les deux artistes suisses, Peter Fischli et David Weiss. Ils sont présents à la Biennale avec un tout autre support, des sculptures en argile cru. Leur sens de l’humour et leur goût de l’accumulation me ravissent.
Les pavillons nationaux
Le pavillon libanais est consacré à la lumineuse vidéo « Letter To A Refusing Pilot » d’Akram Zaatari.
Dans les années 80, une rumeur commence à circuler au Liban, un pilote de l’armée israélienne aurait refusé de lacher une bombe sur son objectif sachant que le bâtiment visé accueillait une école. Akram Zaatari est d’autant plus sensible à cette histoire que cette école se trouve dans sa ville natale, Saïda, et que son père en a été le directeur pendant une vingtaine d’années. Des années plus tard, lors d’un échange avec le réalisateur israélien Avi Mograbi, Zaatari découvre que le pilote fantasmé existe, il s’appelle Hagai Tamir. Fiction et réalité, mémoire collective et individuelle s’entrelacent étroitement dans la vidéo qui utilise tout aussi bien des documents d’archive que des prises de vue actuelles.
Grosse surprise en pénétrant dans la salle centrale du pavillon autrichien, un court dessin animé passe en boucle. C’est léger, reposant même, après certains pavillons hermétiques. On suit en chantonnant les aventures sylvestres d’un âne en costume de marin mais très vite on se demande pourquoi une Silly Symphony des studios Disney représente l’Autriche en 2013 … Erreur, j’ai été dupée, la lecture du cartel nous apprend que cette oeuvre est contemporaine et qu’elle n’est pas un Disney inédit mais la création d’un jeune artiste Mathias Poledna.
Mathias Poledna a travaillé à l’ancienne, réalisant plus de 5000 dessins avec des vétérans des studios californiens. Il a aussi réorchestré une chanson populaire des années 30 « I got a feeling, you’re foolin’with me « . Coup de projecteur sur une période sensible ? Hommage au cinéma d’animation traditionnel ? Mystification ?
Et aussi …
Les tags animés du pavillon vénézuélien, les expériences sensitives au pavillon coréen, Josef Koudelka au pavillon du Vatican, Zanele Muholi au pavillon sud-africain, les planches originales de « La Genèse » de Crumb …
MOULINS
Depuis son ouverture je rêvais de visiter le Musée de l’Illustration Jeunesse. Ravie de le découvrir avec l’exposition temporaire consacrée à Georges Lemoine. Les dessins originaux exposés révèlent toute la finesse et la richesse de ce grand artiste. J’aime sa conception de l’illustration vue comme une interprétation musicale. De belles heures de lecture en perspective …