A l’ouverture du film, la voix de Simon Hart nous accueille. Ce jeune ingénieur vient de vivre une aventure extraordinaire qu’il souhaite partager avec nous, spectateurs. Sur son bureau, son journal intime côtoie une pile de livres de Jules Verne. Il en saisit un, le feuillette et nous montre de magnifiques illustrations. La caméra s’arrête sur une gravure représentant un bateau en pleine mer, subitement le bateau se met en mouvement …
Karel Zeman a adapté un roman peu connu de Jules Verne, Face au drapeau, paru en 1896 aux éditions Hetzel. L’originalité de cette adaptation cinématographique est l’intérêt porté aux illustrations de la première édition. En effet, Zeman fait vivre à l’écran les gravures de Léon Benett en combinant prise de vue réelle et technique d’animation « image par image ». Les personnages joués par des acteurs évoluent dans des décors inspirés des gravures. Le choix du noir et blanc, l’omniprésence des rayures et l’importance des surfaces plates nous indiquent que nous ne sommes pas dans la réalité mais dans un monde inventé dans lequel nous allons vivre le temps d’une projection.
La réussite de Zeman est qu’on oublie sa virtuosité technique pour rentrer pleinement dans le récit des Aventures fantastiques. Son adaptation est très libre, son récit est moins sombre que le roman d’origine. Le professeur Roch notamment n’est plus un inventeur mégalomane mais un savant naïf, déconnecté de la réalité. Simon Hart est le héros positif par excellence, ingénieux, droit, courageux … Zeman n’hésite pas à introduire des scènes visuellement très poétiques comme la fusion de deux poissons se transformant en papillon. Ils ponctuent aussi son récit avec des scènes humoristiques qui, si j’en crois les rires qui ont fusé dans la salle du Studio des Ursulines, fonctionnent toujours ! Il crée aussi de multiples objets aussi fabuleux les uns que les autres, un fer à repasser très original, une pince à crayon démesurée et une variété incroyable de moyens de transport. J’ai un petit faible pour le vélo sous-marin !
Cette reprise est un très beau cadeau de rentrée, merci aux Films Malavida qui ont travaillé avec le musée Karel Zeman de Prague pour nous l’offrir !