S’il utilise un pseudonyme pour signer son travail graphique, Vincent Paronnaud n’hésite pas à exposer sa tête. Oui, le barbu chevelu aux grosses lunettes c’est lui ! Un masque à son effigie s’inscrit dans une frise de masques issus de la collection du musée des arts déco. Entouré d’un clown gai et d’un clown triste, il annonce ainsi le ton de l’exposition, nous allons naviguer entre rire et grimace.
Si le monde de l’enfance inspire Winshluss, son innocence supposée en prend un coup. Il réactualise notamment des contes archi-connus dans des vitrines aux allures de théâtre en carton dans une série détonnante « Il était une fois ». J’ai particulièrement apprécié le sort des héroïnes, elles ne sont plus des victimes passives mais prennent les choses en main ! La petite sirène a retrouvé son intégrité physique et elle coule des jours tranquilles au fond des mers. Fascinée par sa télévision grenouille, elle n’aura pas un regard pour le prince venu la relancer en sous-marin ! Le petit Chaperon rouge a droit quant à lui à deux vitrines, sans se départir de son large sourire, il règle son compte au loup à coup de tronçonneuse. Mais ma préférée reste sans conteste la petite fille aux allumettes qui se transforme en incendiaire des temps modernes …
J’ai aussi beaucoup aimé les deux grands dioramas. Le premier Barbapatomique nous présente un bon vieux Barbapapa mutant, ses trois yeux et ses nombreuses tentacules lui permettent de se battre vaillamment contre une attaque de petits soldats bien équipés. Dommage que les jouets ne soient pas accessibles, on a envie de continuer la scène …
Dans le deuxième diorama, Winshluss donne une origine biblique à la disparition des dinosaures, hilarant ! Cette idée est une reprise d’une planche de sa prochaine BD consacrée à … Dieu… qui sortira en novembre …
Au milieu de l’expo, une salle est dédiée à quatre de ses courts métrages d’animation. Petit rappel pour ceux qui comme moi ont une mémoire volatile, Winshluss alias Vincent Paronnaud est l’auteur de la célèbre BD Pinocchio mais aussi co-réalisateur avec Marjane Satrapi du non moins célèbre film Persepolis.
Le premier court métrage, Raging blues, réalisé avec Ciso en 2004, est une grosse claque. Une descente aux enfers, terriblement noire, racontée avec un talent à couper le souffle. Attention, on ne sort pas indemne de ces six minutes.
La veine parodique traverse ses autres courts à l’instar de ses BD, Monsieur Ferraille est un Popeye alcoolisé en prise avec une paire de jambes. Son dernier film, réalisé en solo en 2010, Il était une fois l’huile, s’inspire de la série mythique d’Alain Barillé Il était une fois l’homme. Si les dessins sont ronds et colorés, l’humour reste caustique !
Allez pour finir, on se fait une petite Merolla ! En piste !