Le Mucem consacre une exposition passionnante à cette nouvelle forme de récit en images née en Italie au lendemain de la deuxième guerre mondiale. Petite mise en bouche avec le documentaire d’Antonioni, L’Amorosa Menzogna. Le réalisateur italien dévoile dans son court métrage les coulisses de fabrication des romans photos ainsi que l’engouement populaire pour ces récits et leurs vedettes.
Le photogramme ci-dessus illustre bien le jeu des acteurs qui travaillent en tableaux fixes en suivant les indications du photographe. L’image doit être très lisible, les gestes et les expressions des acteurs sont amplifiés. Les décors sont quant à eux très simples et les accessoires peuvent être dessinées sur l’image. En parallèle du roman-photo sentimental se développe dans les années 50-60, le ciné-roman. Appelé aussi le cinéma du pauvre, le récit est construit à partir des photogrammes des films ou de photographies réalisées lors du tournage par un photographe de plateau.
La Nouvelle Vague flirte avec ce genre populaire. À bout de souffle de Jean-Luc Godard bénéficie dès sa sortie de plusieurs adaptations en ciné-roman. Le livre de Pierre Pinchon, Contrebandes Godard, nous donne accès aux fac-similés de ces différentes versions. Leur comparaison est riche d’enseignements. La preuve en images avec la séquence finale du film.
La télévision joue à son tour avec ce médium. En 1966, le magazine télévisé Dim, Dam, Dom produit un court métrage à la forme originale. Parodie des histoires sentimentales, il nous raconte les amours d’une pauvre orpheline et d’un metteur en scène entre Bretagne et Paris. Plus surprenant, il emprunte le style des romans photos, les pensées et les dialogues étant inscrits dans des bulles…
En 1992, l’équipe des Nuls reprend cette idée dans un épisode hilarant appelé Nous quatre !
Les détournements sont nombreux : satiriques, pédagogiques, politiques, artistiques… Ils montrent la richesse du médium. Petit aperçu de mes préférés…