Depuis novembre 2014, le Centre Pompidou propose un nouvel espace dédié à la photographie. Après une exposition historique qui présentait le travail du photographe surréaliste Jacque-André Boiffard, c’est maintenant une exposition thématique qui est à l’honneur avec la question ontologique : Qu’est-ce que la photographie ? Si vous souhaitez trouver une réponse univoque à cette question, vous risquez d’être déçu. L’intention des commissaires de l’exposition n’est pas d’asséner une définition définitive mais de permettre à tout un chacun de se forger sa propre définition. Pour cela, ils ont sélectionné dans la vaste collection du Centre Pompidou des photographes qui apportent un regard singulier sur cette question quelque peu générale.
J’ai été particulièrement sensible aux oeuvres de photographes qui ont cherché l’essence de la photographie dans sa matérialité et qui ont dévoilé dans leur image les secrets de fabrication.
Fascinée par les sténopés, j’ai apprécié particulièrement l’oeuvre d’Abelardo Morell qui rappelle avec brio qu’une photographie répond aux lois fondamentales de l’optique. La photographie ci-dessous rend compte du processus à l’oeuvre.
L’oeuvre exposée, Camera obscura, Image de Boston, est impressionnante. Le paysage urbain pénètre la salle de conférence, l’image projetée de l’extérieur est capturée avec l’image de l’intérieur, elles ne font plus qu’une et cette nouvelle réalité recomposée provoque notre imaginaire.
L’image fugitive, créée dans la chambre noire, s’est longtemps dérobée. L’avènement de la photographie a eu lieu lorsque les chercheurs du dix-neuvième siècle ont pu la fixer sur un support photo-sensible. L’exposition présente de nombreux artistes qui rendent hommage à la pellicule argentique, Man Ray, James Welling, Giulio Paolini et Ugo Mulas.
Au delà de la prise de vue, le travail en laboratoire lors du tirage permet lui aussi de belles découvertes, les travaux de Timm Rautert et d’Hugo Mulas effectués la même année sont à ce titre passionnants.
Si la fin de l’argentique est célébrée par le photographe canadien Michel Campeau dans sa série dédiée à La chambre noire, il est étonnant que la photographie numérique soit si peu présente. Les pixels seraient-ils moins photogéniques que les sels d’argent ? J’ai été un peu frustrée que la photographie contemporaine ne soit pas plus représentée et que les dernières avancées technologiques ne soient pas interrogées. Alors, grâce à Internet, je prolonge l’exposition par la présentation virtuelle des travaux de Thomas Ruff ou d’Adrian Sauer…