« The future is now » Nam June Paik au Stedelijk d’Amsterdam

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L’exposition consacrée à l’artiste coréen Nam June Paik s’ouvre sur son emblématique TV-Buddha réalisé en 1972. Si cette installation est représentée dans toutes les publications qui parlent de l’art vidéo, j’ai tout à découvrir du parcours de l’artiste qui l’a réalisée. L’exposition du Stedelijk offre un aperçu complet de sa carrière artistique. Elle est prolongée jusqu’au 4 octobre.                                                                                                                             Avant de vous montrer quelques oeuvres qui m’ont marquée dans cette exposition foisonnante, une petite vidéo qui donne la parole à l’artiste ! Interview de Nam June Paik par Thierry Ardisson en 1989.

TV-Buddha fascine par sa simplicité, nous sommes témoin d’un face à face silencieux entre un bouddha en bois et son image captée par une caméra et retranscrite sur un écran. Je ne peux m’empêcher de penser au jeu enfantin « Je te tiens, tu me tiens par la barbichette, le premier qui rira aura une tapette », un jeu qui se poursuivrait ici à l’infini… Le passé et le présent enchaînés pour la vie éternelle.

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TV- Bouddha, Nam June Paik, 1974

Le bouddhisme zen irrigue d’autres oeuvres dont les deux hypnotiques  « One Candle ». Le bruit et le foisonnement d’images laissent la place au silence et à une flamme vacillante.

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One Candle / Candle TV, Nam June Paik, 2004

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One Candle (Candle projection), Nam June Paik, 1989 vue partielle de l’installation au Stedelijk, 2020

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One Candle (Candle projection), Nam June Paik, 1989 vue partielle de l’installation au Stedelijk, 2020

Des photographies de Klaus Barisch témoignent des premières performances de l’artiste réalisées lors de son séjour en Allemagne au début des années 60. Par exemple des photos prises après son étude pour Piano Forte jouée dans le studio de l’artiste Mary Bauermeister montrent sa complicité avec le compositeur d’avant-garde John Cage et leur intérêt partagé pour les « oeuvres ouvertes » et l’humour.

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Nam June Paik, John Cage, David Tudor, studio de Mary Bauermeister, 1960 ©Klaus Barisch

Si vous voulez savoir ce qui est arrivé à la cravate et aux cheveux de John Cage c’est ici.

Précurseur et innovant dans l’utilisation d’objets technologiques, certaines de ses oeuvres prolongent une réflexion ancienne sur la nature des objets et leurs représentations. C’est le cas de Three eggs qui s’inscrit dans une problématique féconde de l’histoire de l’art.

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Three eggs (1975-1982), Name June Paik

« Ça me fait penser à … Retour vers le passé  »

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Une et trois chaises, Joseph Kosuth, 1965

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La trahison des images, René Magritte, 1928-1929

Et aussi au « duel » entre les peintres grecs Parrhasius et Zeuxis raconté par Pline l’ancien dans son Histoire Naturelle« [Zeuxis] eut pour contemporains et pour émules Timanthès, Androcyde, Eupompe, Parrhasius. Ce dernier, dit-on, offrit le combat à Zeuxis. Celui-ci apporta des raisins peints avec tant de vérité, que des oiseaux vinrent les becqueter; l’autre apporta un rideau si naturellement représenté, que Zeuxis, tout fier de la sentence des oiseaux, demande qu’on tirât enfin le rideau pour faire voir le tableau. Alors, reconnaissant son illusion, il s’avoua vaincu avec une franchise modeste, attendu que lui n’avait trompé que des oiseaux, mais que Parrhasius avait trompé un artiste, qui était Zeuxis. »

Une oeuvre interactive qui invite le spectateur à prendre la place de la bougie ?

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Three Camera Participation / Participation TV, Nam June Paik, 1969-2001

Sa famille de robots.

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Lors d’un interview avec un journaliste de Libération qui lui demandait pourquoi il avait choisi la figure du robot, Nam June Paik répondait : Tout simplement parce qu’il est beaucoup plus facile de réaliser un robot qu’une sculpture humaine. Rodin a mis un an à sculpter son Balzac; moi, je peux faire un robot par mois. Je suis donc plus rapide, plus vif que Rodin (rires), et d’ailleurs je suis pour l’automation ! Certes, je ne suis pas Rodin, mais j’ai quand même fait un Jean-Jacques Rousseau, un Marat, un Voltaire, un Diderot… que beaucoup de gens ont adoré. Je suis incapable de dessiner la figure humaine, sans doute parce que c’est une question trop complexe. Je peux dessiner un poulet, un chien, une voiture, mais pas un corps humain. Le totem est une vieille superstition et le robot est une création moderne, cybernétique. Mais en fait, cyber-totem = robot. Le robot est notre totem cybernétique, une cybervaccination du monde moderne.

Et enfin sa « chapelle Sixtine », trop vite vue ! L’heure de la fermeture du musée a précipité l’exploration des dernières pièces.

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Les appareils de cinéma au Eye d’Amsterdam

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caméra 35 mm, Mitchell (1935) au fond,  projecteur 16 mm sonore, Holmes ( 1930) au premier plan

La nouvelle présentation de l’exposition permanente du musée du cinéma met à l’honneur les appareils du pré-cinéma et les caméras mythiques… Une très belle double lanterne magique rappelle le rôle essentiel des savants hollandais, Christiaan Huygens et Pieter Van Musschenbroek, dans les premières projections animées.

lanterne magiqueLa superposition de deux plaques, l’une fixe et l’autre mobile, permet d’ingénieuses scènes que nous pouvons admirer grâce à une projection en boucle de 10 minutes qui met en valeur une partie de la collection du musée. Voici mes trois scènes préférées !


Musique : http://www.musicscreen.be/  Enfance et soupires sous licence creative commons

Un mutoscope en tôle peinte, un diorama du XVIIIe, un zootrope et un stéréoscope complètent cette belle présentation de jouets optiques.

Mutoscope "the waiter de Charlie Chaplin, 1914

Mutoscope « the waiter » de Charlie Chaplin, 1914     détail

Dans le second espace, je suis attirée par un cube qui s’avère être une caméra portative conçue par l’inventeur Emanuel Goldberg au début des années 20. Joris Ivens l’a utilisée pour réaliser son film sur le pont ferroviaire métallique de Rotterdam.

caméra 35 mm, Kinamo (1922)

caméra 35 mm, Kinamo (1922)

Dès les premières images du film, Joris Ivens se met en scène portant à la main la Kinamo qui va lui permettre de multiplier les points de vue du pont et de réaliser un documentaire au montage vif et saccadé. Il est « l’homme à la caméra » avant Dziga Vertov !

Photogramme "Le pont" de Joris Ivens, 1928

Photogramme « Le pont » de Joris Ivens, 1928


A partir du mois de juin, le Jeu de Paume présente une exposition consacrée à la photographe Germaine Krull. L’occasion de croiser les regards de ces deux artistes sur cette construction métallique.

"Métal" de Germaine Krull, 1928

« Métal » de Germaine Krull, 1928

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Solid light films and others Works d' Anthony MCCall 28.9/30.11.2014

Solid light films and others Works d’ Anthony MCCall 28.9/30.11.2014

Depuis ma première visite au musée du cinéma d’Amsterdam, je n’avais qu’une envie.     Y retourner ! C’est l’artiste britannique, Anthony McCall, qui investit les salles du Filmmuseum Eye jusqu’à fin novembre. J’étais impatiente d’interagir avec les différentes installations et de jouer avec les faisceaux lumineux ! Si plaisir il y a eu, je suis toutefois restée sur ma faim !

"Face to face" (II) 2014

« Face to face » (II) 2014

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Il est dommage de présenter ses anciennes oeuvres Line describing a cone et Four Projected Movements avec les moyens numériques actuels. J’avais envie de voir, de toucher, de sentir l’évolution de son travail et là tout est lissé ! Je voulais aussi découvrir ses projections verticales… Aucune n’est proposée !

Heureusement pour adoucir ma frustration, notre visite a lieu pendant le festival d’animation d’Amsterdam, Klik ! Une occasion rêvée de découvrir des petites merveilles qui jouent à leur tour avec la lumière et qui réinvestissent l’écran. Voici mes coups de coeur …

Le superbe clip de Darcy Prendergast tourné pendant six mois dans des entrepots abandonnés autour de Melbourne. Plus de 10000 photos ont été nécessaires à sa réalisation.

Les ondes fascinent aussi l’artiste américain Daniel Sierra, qu’elles soient visuelles ou sonores, leur fusion crée un spectacle envoûtant…


… L’hypnotique court métrage du talentueux Malcon Sutherland. Des formes colorées apparaissent sur un fond noir, mûes par un mouvement répétitif elles vont inéluctablement retournées dans le néant…

Et pour finir, le magnifique spectacle du cinéaste allemand Max Hattler. Un voyage record dans l’infiniment grand et l’infiniment petit qui mérite amplement ce titre à rallonge !

« EYE Filmmuseum » d’Amsterdam

Oskar FischingerDepuis un an, Amsterdam a une toute nouvelle cinémathèque. Située en face de la gare centrale, de l’autre côté du bras de mer, il est difficile de ne pas remarquer ce nouveau bâtiment aux formes futuristes. L’exposition temporaire présente le travail du réalisateur allemand, Oskar Fischinger, une belle occasion de découvrir ce lieu et cet artiste ! La visite se fait dans la pénombre, priorité à la présentation des films sur grand écran. Ce choix permet de découvrir les oeuvres de Fischinger dans d’excellentes conditions, notre corps, par nos yeux et nos oreilles, est profondément sollicité et rentre en interaction avec l’oeuvre. On peut même esquisser quelques pas de danse…

Exposition Oskar Fischinger, Eye, Amsterdam

Exposition Oskar Fischinger, Eye, Amsterdam

La présentation est chronologique, de ses débuts en Allemagne jusqu’à ses travaux réalisés en Californie à partir de 1936. Une des premières oeuvres exposées est « Spiritual constructions ». C’est un film de silhouettes muet annoncé par un carton sur lequel est écrit « Très étrange, comme si le monde était devenu ivre ». Dans les premières secondes du film, on voit deux hommes attablés autour d’une table en train de boire. Très vite nous sommes entrainés dans leur délire éthylique, rien n’est stable, tout est en perpétuel changement. Le film est une suite de métamorphoses. Des formes figuratives ou abstraites se confondent en une chorégraphie alerte.

"Spiritual constructions", Oskar Fischinger, 1927

« Spiritual constructions », Oskar Fischinger, 1927

Dans ce court métrage, on peut remarquer à plusieurs reprises des fonds réalisés avec la machine à animer la cire inventée par Oskar Fischinger. Cette machine sera utilisée par Walther Ruttmann pour les fonds du long métrage de Lotte Reiniger « Les aventures du Prince Ahmed ».

"Les aventures du Prince Ahmed", Lotte Reiniger, 1926

« Les aventures du Prince Ahmed », Lotte Reiniger, 1926

Les autres salles sont essentiellement consacrées à ces études ( studies ) qui synchronisent des motifs abstraits ou des formes géométriques à des morceaux de musique classique ou de jazz. C’est une expérience assez troublante de percevoir la musique intensément parce qu’en plus de notre ouïe, notre vue est sollicitée.

Son « studie n° 8″ traduit le poème symphonique de Paul Dukas, l’Apprenti Sorcier.

Studie n°8 " Oskar Fischinger", 1931

Studie n°8  » Oskar Fischinger », 1931

Irrésistiblement, les images du Fantasia de Disney reviennent à ma mémoire. L’Apprenti Sorcier nous donne un exemple remarquable de la variété d’association entre une musique et des images !

"Fantasia" Disney, 1940

« Fantasia » Disney, 1940

Ma maîtrise très partielle de l’anglais est un frein pour comprendre le principe des nombreuses inventions d’Oskar Fischinger présentées en parallèle à ses films : peintures stéréoscopiques, expériences sur la bande son, Lumigraph … L’exposition provoque le désir d’en savoir plus …

Au sous-sol de la cinémathèque, l’exposition permanente permet de visionner de nombreux extraits de films et de jouer avec différents dispositifs : projection de bulles interactives, réalisation d’un flip-book, voyage virtuel … Fou rire garanti !

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« Bubbles », Muench et Furukawa, 2011

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Flipbook Machine, Museum of the moving image, New York

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« Indoor/Outdoor », Soldevilla, 2010

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« Indoor/Outdoor », Soldevilla, 2010

Pour que la présentation de la cinémathèque soit complète, je dois aussi mentionner un superbe bar-restaurant, une librairie et 4 salles de cinéma proposant une programmation attractive.