Dans le cadre de son cycle India Express, Le Forum des images recevait la réalisatrice indienne Gitanjali Rao. Emerveillée par son court métrage Prainted Raimbow, j’étais très curieuse de découvrir son travail. Passionnée d’art, elle est diplômée de l’institut des arts appliqués de Mumbay (ex Bombay). Elle découvre le cinéma d’animation lors d’un festival qui met à l’honneur l’oeuvre du réalisateur polonais Jerzy Kucia. Elle voit à travers cet art la possibilité de réunir sa passion de la peinture et son désir de faire des films. Autodidacte, elle apprend son métier d’animatrice dans un studio d’animation de Mumbay en réalisant des publicités. Parallèlement à ce travail alimentaire, elle commence un travail personnel sur son temps libre, elle réalise en 2002 son premier court métrage Orange. C’est avec son deuxième court métrage Prainted Raimbow que son travail est reconnu, elle reçoit de très nombreux prix tant dans son pays qu’à l’étranger. Prainted Raimbow est notamment primé à la Semaine de la Critique à Cannes. Au delà des projets aboutis, Gitanjali Rao présente deux films qui n’ont pu être finalisés faute de financement. Elle a travaillé pendant plus d’un an avec la firme Walt Disney à une adaptation du Mahabharata transposé dans le monde contemporain. Elle a aussi réalisé les premiers plans de Girgit qui raconte l’histoire de trois jeunes qui quittent leur village natale pour travailler dans une grande ville. Elle espère pouvoir reprendre ce projet en un long métrage.
Ce qui passionne Gitanjali Rao est de mettre les arts traditionnels indiens au centre de sa démarche artistique. Elle découvre grâce à Internet les styles des différentes régions de son immense pays et s’en inspire pour son animation : les miniatures indiennes, la peinture de Madhubani, les marionnettes en cuir découpé de Karnataka, les peintures murales… Son dernier court métrage True Love Story a lui aussi été sélectionné à la Semaine de la Critique à Cannes en 2014. Il n’a pas actuellement de distributeur en France, c’est un véritable privilège de le découvrir sur un grand écran.
True Love Story nous propose à nouveau un voyage entre le réel et le rêve à travers la rencontre de deux jeunes vendeurs des rues. Il souligne aussi le danger que peut représenter Bollywood comme unique source d’évasion. Au delà des images lumineuses, j’ai été marquée lors de la projection par l’intensité réaliste de la bande son. Nous sommes comme les protagonistes agressés par la circulation intensive de la ville qui détruit les vies. Lors des questions du public, Gitanjali Rao dévoile son rêve de travailler à une co-production entre l’Inde et la France. Vivement qu’elle soit entendue !